Samedi soir à 16 h, les vingt lycéens de première et leurs deux professeures d’anglais, Frédérique Zelaznik et Isabelle Kaichinger, décollaient de l’aéroport de Chicago direction Francfort. Ainsi s’achevait un séjour d’une douzaine de jours entre « Windy City » et la ville de Fort Wayne, dans l’Indiana, où les lycéens de l’Institution Sainte-Clotilde à Strasbourg ont retrouvé leurs correspondants américains. Une riche expérience culturelle et de joyeux moments, on s’en doute.
Le personnel se jette sur l’homme
Au moment où le dîner était servi à bord, les jeunes passagers et leurs accompagnatrices ont entendu de grands cris, un grand raffut à seulement quatre ou cinq sièges derrière. « Il y a eu un attroupement, le personnel de bord a surgi. Il y avait un type qui a planté une fourchette métallique dans le bras d’un jeune garçon et dans la tête d’un autre gamin ! » Deux ados qui participaient eux aussi à un voyage scolaire, mais dans un groupe venu de Marseille. Le personnel de la Lufthansa s’est jeté sur l’homme, ils ont été plusieurs à le maîtriser, épaulés par un ou des passagers. « J’ai entendu ces cris, j’ai vu quand ils l’ont maîtrisé, ils lui ont mis des menottes et une sorte de veste de contention ! » L’homme est attaché à un siège. Tous ses voisins immédiats sont invités à aller s’asseoir ailleurs, certains restent debout. Tout cela est très confus et plusieurs voyageurs qui entreprennent de filmer les événements avec leur portable se font rabrouer par le personnel de bord.
L’appareil se trouvait approximativement au-dessus de l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon lorsqu’il a commencé à amorcer un virage, direction Boston, retour aux États-Unis. « Les élèves se demandaient ce qui allait se passer. Certains rigolaient, d’autres étaient apeurés. » À peine l’avion posé sur le tarmac de la capitale du Massachusetts, une escouade de policiers monte à bord et embarque l’agresseur.
Presque plus d’argent en poche
Les 363 passagers du Boeing 747, eux, finissent par se retrouver dans l’un des terminaux de l’aéroport Logan. Ils récupèrent leurs bagages et là, la prise en charge de la compagnie Lufthansa laisse un peu à désirer, d’après eux. Les accompagnatrices n’ont plus guère de sous en poche. La somme est suffisante pour un petit-déjeuner à l’aéroport de Francfort à l’arrivée, mais pas pour 22 nuits d’hôtel à Boston et des repas supplémentaires pour tout ce petit monde. D’autre part, on est au cœur de la nuit en France, alors qui joindre ? D’autres passagers ne sont guère mieux lotis. Une octogénaire en fauteuil roulant, qui voyageait dans le même avion, est laissée un peu à l’abandon.
Finalement, les voyageurs strasbourgeois finissent par mobiliser quelques contacts. Isabelle Kaichinger dégote sept chambres d’hôtel dans la banlieue bostonienne. Le conjoint de Frédérique Zelaznik, extrait de son sommeil, vire 4 500 € en urgence à son épouse. Les taxis payés, tout le groupe finit par arriver à l’hôtel à 5 h du matin heure locale. Les lycéens, choqués par la scène de l’avion, ont pour certains peiné à trouver la force de dormir.
Le vol du retour aura finalement lieu lundi, départ de Boston à 17 h 20, pour une arrivée sans encombre on l’espère à 5 h 30 à Francfort. Puis quelques heures plus tard à Strasbourg.
La presse allemande a fait état de cette agression en plein vol, provoquée par « un passager indiscipliné », qui a « agressé plusieurs personnes », dont une aurait été « légèrement blessée », rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. RTL.de parle d’un passager devenu « fou furieux », mais on n’en sait pas davantage sur ses motivations.