Posted On 27 octobre 2025

Le témoignage de Yves Aupetitallot, l’ex directeur du CNAC/ Le Magasin de 1996 à 2015 est essentiel. Comme celui de Guy Sisti sur le Théâtre Municipal, il n’éclaire pas seulement l’histoire de cette institution culturelle autrefois phare de la ville. Il explique l’histoire de l’aventure culturelle grenobloise et de ses acteurs, avec un recul, une distance, une pertinence et une connaissance remarquables. 

Le format long dans lequel Yves Aupetitallot se livre pour  » Grenoble, le Changement » constitue un apport déterminant à la compréhension de tout ce qui s’est joué ces dernières années dans l’ère Piolle et la prise en mains du culturel et du socio-culturel par la majorité municipale. 

On ne peut pas comprendre la fermeture de bibliothèques, de la MJC Prémol, du Plateau , le sabrage des Musiciens du Louvre, la création de  » tiers lieux » attribués aux amis politiques…. sans connaitre l’implacable idéologie qui les sous tend. 


Yves Aupetitallot, Directeur du CNAC/ Le Magasin à Grenoble jusqu’en 2015

Laurence RUFFIN NE PEUT PAS ÉCHAPPER AU VERDICT

Le problème majeur pour Laurence Ruffin qui voudrait continuer à la mettre en oeuvre est qu’elle est mise à nu par des acteurs très différents du monde culturel : Joël Pommerat, Metteur en scène,  Frédéric Martel (France Culture) et tant d’autres revues ou intervenants. Le niveau de prise de conscience est tel que Yves Aupetitallot exprime en conclusion  » la conviction que l’avenir de Grenoble passe par l’union de ceux, dans la classe politique locale, de droite et de gauche, qui sont encore porteurs des valeurs républicaines et laïques et qui ont été dans une opposition active à la politique de Piolle. « 

 » UNE VISION OUVERTE DE L’ART CONTEMPORAIN »

Q. Comment êtes-vous arrivé à Grenoble pour prendre la direction du MAGASIN ?

Y.A : « J’arrive à Grenoble en 1996 après avoir réalisé un projet pour le Conseil de l’Europe à Anvers et une exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

« A ce moment là, le Magasin traverse une importante crise financière et institutionnelle à l’image de celle d’autres centres, le CAPC de Bordeaux ou l’Institut de Villeurbanne, sans oublier les maisons de la culture. Après plus d’une décennie, la décentralisation culturelle traversait une véritable crise de croissance. Cette crise était d’autant plus sensible qu’elle ravivait les oppositions locales à l’existence même du MAGASIN et à la vision de l’art contemporain qui l’animait. »

Q. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur ces oppositions locales ?

Y.A » : La culture à Grenoble fait depuis longtemps l’objet de débats au sein de la gauche, notamment dans la gauche socialiste des années soixante-dix et quatre-vingt, alors partagée entre deux visions, entre deux cultures de gauche exposées par Michel Rocard au congrès de Nantes. »


L’inauguration du CNAC/ Le Magasin par Alain Carignon et François Léotard , l’âge d’or de la culture à Grenoble

DEUX CULTURES DE GAUCHE SE SONT OPPOSÉES à GRENOBLE

Q. Comment ces deux cultures de gauche se sont-elles manifestées à Grenoble dans le domaine culturel ?

Y.A : « Prenons  deux figures emblématiques de la culture à Grenoble, deux hommes qui ont exercé la direction de son musée et qui se sont, l’un et l’autre, réclamés d’une orientation de gauche. Maurice Besset, tout d’abord, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, qui a dirigé le musée de 1969 à 1975, après avoir été le responsable du centre culturel français d’Innsbruck puis conservateur du musée national d’art moderne. Il est le beau-frère du réalisateur Claude Santelli, le voisin de Michel Rocard et qui, pour la petite histoire, l’aidait pour ses versions latines.

« Historien de l’art, universitaire, ami et exécuteur testamentaire de Le Corbusier, il est appelé à Grenoble par l’adjoint à la culture, Bernard Gilman, avec un projet de musée sur la Bastille.

Maurice BESSET RENONCE à GRENOBLE 

« Il laisse à Grenoble le bilan remarquable de son programme d’expositions et de sa politique d’enrichissement des collections avec des acquisitions d’artistes américains contemporains qui font la richesse du musée avec la donation Agutte Sembat. Passionné de pédagogie, concepteur d’un « musée vivant », il met en place de nombreux supports pédagogiques.  Mais ses relations avec la Ville vont peu à peu se dégrader faute de voir se concrétiser le projet de musée. Il démissionne pour intégrer l’Université de Genève comme l’avait fait l’un de ses prédécesseurs à Grenoble, Jean Lemayrie.

Pierre GAUDIBERT MILITANT d’EXTRÊME GAUCHE LUI SUCCÉDE 

« En second, Pierre Gaudibert, qui réalise en 1977 une enquête sur le musée de Grenoble à la demande de la Ville. Il en prend la direction l’année suivante après trois années d’interim assurées par Marie-Claude Beaud jusqu’à son départ pour le musée de Toulon.

« Critique d’art et militant il débute dans les années 60 comme animateur culturel, puis conservateur du musée de la Ville de Paris où il créé l’ARC et y réalise la notable exposition de 1969 « Salle Rouge pour le Vietnam-Hommage au peuple vietnamien luttant contre l’agression américaine ». Pour Pierre Gaudibert l’engagement politique fait partie de l’action culturelle, ce qu’il ne cessera de développer dans de nombreux ouvrages critiquant « les avant-gardes intellectualistes, leur cosmopolitisme et leur soumission à l’impérialisme culturel américain »; une profession de foi en totale contradiction avec Maurice Besset. Ce sont ses propres mots comme ceux de son appel à l’interculturel avec les pays socialistes, le Tiers Monde et les jeunes nations. Il se passionne pour l’art africain et organise une exposition d’artistes contemporains marocains à Grenoble, en préfiguration d’un centre d’art dans la future halle du MAGASIN qu’il projetait comme le lieu à venir des expressions artistiques du Tiers-Monde. »


le Conseil Municipal délibérant sous la protection des CRS pour fermer des bibliothèques: Grenoble aura vécu cela avec un majorité d’élus Verts/LFI

Pierre GAUDIBERT VOULAIT LA FERMETURE DU MAGASIN 

Q. Il semble toutefois que le souvenir de Pierre Gaudibert demeure plus présent aujourd’hui à Grenoble ?

Y.A: « C’est exact. Maurice Besset est quasiment absent, ignoré, alors que la mémoire de Pierre Gaudibert a toujours trouvé un écho favorable auprès des héritiers de Peuple et Culture . Ce mouvement d’éducation populaire a profondément marqué la culture à Grenoble. Il est formé par des cadets d’Uriage qui avaient rejoint le maquis du Vercors et dont le manifeste de 1945 voulait rendre la culture au peuple et le peuple à la culture. Le nouvel adjoint à la culture de 1977 à 1983, René Rizzardo, qui a présidé à la nomination de Pierre Gaudibert, était lui-même issu de Peuple et Culture. Plus tard, la mémoire de Pierre Gaudibert sera encore observable chez les tenants de la sociologie de l’art et de l’IEP( 1).

Q. Lorsque vous arrivez à Grenoble cette opposition entre deux visions de la culture est toujours à l’oeuvre ?

Y.A « Absolument ! Certains des acteurs politiques et culturels grenoblois souhaitaient simplement la fin de l’aventure, la fermeture définitive du MAGASIN et qui le faisaient savoir. Pour partie de ses détracteur,  le MAGASIN représentait ce contre quoi Pierre Gaudibert entendait comme eux-mêmes lutter. La crise que l’institution venait de traverser leur offrait un argument de poids. D’autres, convaincus par le directeur du musée d’alors d’un double-emploi, militaient pour sa disparition ou son rattachement au musée.

 » JE POUVAIS RÊVER D’UN MEILLEUR ACCUEIL » 

« Cette question avait été débattue au sein de l’équipe de campagne de Michel Destot qui s’était heureusement rangé à l’avis de celui qui sera son premier adjoint à la culture, Jean-Jacques Gleizal.

« Je pouvais rêver d’un meilleur accueil, sans compter que je trouvais sur mon bureau un avis de la commission départementale de sécurité pour la fermeture du bâtiment. L’établissement n’avait plus de direction depuis dix-huit mois, les caisses étaient vides et il ne restait plus qu’une équipe de 4 personnes. »


les collectifs envahissant l’hôtel de ville pour protester contre la prise en mains de la programmation des Théâtres par la municipalité

 » LE MAGASIN DEVAIT REGAGNER UNE NOTORIÉTÉ FORTEMENT DÉGRADÉE » 

Q. Dans un tel contexte qu’elle était votre mission ?

Y.A : « Il s’agissait d’abord de redonner confiance aux partenaires et financeurs publics de l’institution. Le projet artistique devait renouer avec les acquis de la période de Jacques Guillot mais aussi ceux de Adelina von Fürstenberg. L’identité même du MAGASIN  que lui dessinait son architecture avec son espace central, la rue, lui destinait des expositions monographiques d’artistes de la scène internationale, reconnus ou en passe de l’être. Ces artistes étaient mis en situation d’être leur propre curateur d’un projet incluant la création de pièces originales à la mesure du bâtiment. Le MAGASIN devait ainsi regagner une notoriété très fortement dégradée. Il me fallait également réouvrir l’école de formation professionnelle qui avait été le modèle de celle du Royal College de Londres. »

 » LES ÉQUIPES ONT TRÉS LARGEMENT CONTRIBUÉ à CETTE RENAISSANCE »

Q. Est-ce que vous pensez voir répondu à votre mission et redressé plus ou moins cette situation ?

Y.A :  » Plusieurs années ont été nécessaires pour lui redonner une place dans le tissus culturel grenoblois, pour retrouver un public et asseoir à nouveau sa notoriété tant française qu’internationale. Nous avons pu le faire grâce à la motivation des équipes et au président de son conseil d’administration, Daniel Janicot. Maître des requêtes du Conseil d’Etat, il a su redonner confiance aux tutelles publiques et a toujours laissé travailler les équipes dans le respect de leurs prérogatives. En place pendant près de deux décennies, sa présidence a été exemplaire et son dévouement pour le Magasin et la ville de Grenoble doivent être salués comme, encore une fois, les équipes qui ont très largement contribué à cette renaissance. « 

Q. Mais au fond quelle était votre motivation pour ce poste et dans cette ville ?

Y.A : « Dans toute autre ville que Grenoble il fallait être bien téméraire pour postuler à la direction d’une institution dans un tel état ! Mais il s’agissait de Grenoble et de ce qu’elle représentait alors en France, l’une des villes les plus attractives sur le plan de sa culture, en particulier pour les arts visuels qui ont été des pionniers dans leur domaine. » 


l’ancien Musée de Peinture de la place de Verdun, patrimoine abandonné de la ville qui tombe en décrépitude

AVEC CARIGNON , GRENOBLE DEVENUE UN PÔLE D’EXCELLENCE DES ARTS VISUELS

Q. En quoi Grenoble était alors pour les arts visuels une sorte de pôle d’excellence ?

Y.A:  » En rappelant simplement les faits : un nouveau bâtiment pour le musée des beaux-arts dont l’histoire récente avait été façonnée par ses conservateurs émérites, Jean Lemayrie et Maurice Besset avec ses adjoints qui ont eux-aussi marqué la scène artistique française, Marie-Claude Beaud et Thierry Raspail; le musée dauphinois de Jean Guibal qui a été l’un des premiers musées de ce type; l’Ecole des beaux-arts de Guy Issanjou où ont été formés les artistes français parmi les plus importants de leur génération, le MAGASIN de son directeur-inventeur Jacques Guillot qui a inspiré d’autres centres d’art contemporain européens. Mais aussi le cinéma avec Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Beauviala, la vidéogazette de la Villeneuve ou encore le mois de l’architecture sous la houlette de Jean-Bovier Lapierre.

L’ÉRE CARIGNON: UN ÂGE D’OR POUR LA CULTURE GRENOBLOISE

Q. Est-ce que d’autres secteurs de la culture étaient remarquables et remarqués ?

Y.A : « Jean-Claude Gallotta pour la danse, Georges Lavaudant pour le théâtre, le théâtre municipal de Guy Sisti  et les réseaux associatifs particulièrement denses , les bibliothèques, les maisons de quartier, les festivals. La liste est impressionnante. Sans parler de la recherche scientifique, elle aussi novatrice et particulièrement distinguée.
Mais le pôle des arts visuels était sans aucun doute le plus remarquable à cette époque avec trois institutions voulues dans la complémentarité de leur mission.

La culture à Grenoble a vraiment vécu un âge d’or dans les années quatre-vingt et au début de la décennie suivante. »

 » IL A SU CAPTER POUR GRENOBLE L’ÉLAN DE LA DÉCENTRALISATION »

Q. Vous avez récemment qualifié Grenoble de champ de ruine culturel. Que s’est-il, passé entre le moment où vous arrivez à Grenoble que vous qualifiez d’âge d’or de la culture et aujourd’hui ?

Y.A :  » Quoique certains puissent penser et dire, cet âge d’or est à mettre au crédit de Alain Carignon. Ce sont des faits et non une opinion. Il a inscrit son action dans la continuité de l’héritage de ses prédécesseurs, Albert Michallon et Hubert Dubedout. Il a su favoriser l’émergence et la multiplication d’une offre culturelle diversifiée dans le même temps que la création d’institutions de tout premier plan. Il a su également capter pour Grenoble l’élan de la décentralisation culturelle et alors qu’il était ministre a su bénéficier du soutien important de l’Etat pour le musée. A ses côtés, le directeur général adjoint, Henri Baile, aujourd’hui président de la communauté de communes du Grésivaudan et maire de Saint-Ismier et sa collaboratrice, Eve Vincent-Fraenkel,  rédactrice en chef de la Lettre/culture Grenoble, en ont été les chevilles ouvrières. »


Alain Carignon après des spectacles avec Yvon Chaix, Serge Papagalli, Pascal Gravat, Jean-Claude Gallota …

 » L’ACTION DE Michel DESTOT A ETE ENTRAVÉE » 

Q. Que dire du successeur de Alain Carignon, Michel Destot ?

Y.A :  » Michel Destot n’a pas pu bénéficier du même environnement. Le contexte national n’est en effet plus du tout le même. Si les années 80 ont été traversées par le souffle d’une décentralisation culturelle heureuse, la décennie suivante est marquée par sa décrue au profit du recentrement de la politique de l’Etat sur son périmètre, Paris et ses institutions. Pour exemple, l’Etat créé en 1991 le centre d’art du Jeu de Paume et celui du Palais de Tokyo en 2002. Le budget cumulé des deux est supérieur au budget de l’Etat pour les centres d’art, dits de province, à un moment où ils se sont de fait paupérisés et fragilisés. Rocardien réformateur, homme de culture, l’action de Michel Destot portée par ses adjoints à la culture, Jean-Jacques Gleizal, déjà cité, Jérôme Safar et la regrettée Eliane Baracetti, a été entravée, parfois empêchée par de multiples contraintes. »

André VALLINI ( PS) COUPE LES CRÉDITS CULTURE de Michel DESTOT (PS)

Q. Comment définissez-vous ces contraintes ?

Y.A : « Michel Destot va devoir naviguer entre les deux cultures de gauche à l’intérieur même de sa majorité où les écologistes ne le ménageront pas. La requalification du site Bouchayer-Viallet en sera l’un des terrains de confrontation avec l’omniprésence d’animateurs associatifs qui seront des soutiens actifs d’Eric Piolle et dont nous retrouverons certains d’entre eux au coeur de la Fête des Tuiles.

« Michel Destot aura surtout marqué son temps par le chantier contesté d’une réhabilitation d’ampleur du bâtiment de la maison de la culture et d’un repositionnement de son projet confié après bien des remous à un ancien président du syndeac. A la difficulté de penser l’évolution d’une vision de la culture déjà datée s’est ajouté son impact budgétaire. La mobilisation des crédits aurait pourtant été utile à la consolidation de la situation grenobloise alors que le conseil général de l’Isère présidé par André Vallini diminuait drastiquement  le budget de la culture, en particulier pour les institutions grenobloises. »

DESTOT N’A PAS LA FORCE D’EMPÊCHER 30 % de BAISSE DES CRÉDITS CULTURE PAR VALLINI

Q. Les grenoblois ne se souviennent peut-être pas de cette période ou simplement ne le savent-ils pas. Cette situation budgétaire induite par le département de l’Isère a-t’elle eu des conséquences sur le tissu culturel grenoblois ?

Y.A : « Et isérois ! Certaines institutions grenobloises ont vu fondre l’apport du Conseil Général avec des baisses cumulées de 50% pour certaines d’entre elles. Fin 2011, une centaine de personnalités du monde de la culture occupent le conseil général aux cris de “mensonge”, “trahison”. Le journal Le Monde titre alors« Fronde dans l’Isère contre la paupérisation culturelle/ Historiquement pilote, le département-socialiste- a sabré dans les budgets de la culture et récolte la tempête”. Le mouvement de baisse des subventions du Conseil Général s’est accentué en 2013, la mobilisation du monde de la culture se poursuit avec une distribution de tracts: “ça recommence” pouvait-on lire sur des tracts: “Dix pour cent de baisse du budget de la Culture vote sur l’exercice 2013, sans concertation, sans aucune discussion préalable. Cela correspond à plus de 10 millions de baisse en 4 années, à plus de 30% sur le budget de la culture”.


André Vallini, Jean-Paul Giraud, Dominique Strauss-Khan, Michel Destot : ce dernier perdra toutes les contributions du département à la politique culturelle grenobloise instaurées par Alain Carignon, supprimées par André Vallini

 » LES PREMISSES DE L’AFFAIBLISSEMENT DE LA CULTURE COMMENCENT AVEC  DESTOT »

Q. Comment expliquer de telles baisses ?

Y.A :  » Pour se justifier, André Vallini mettra en cause les transferts de charges de l’Etat et la crise économique du moment. A sa suite, les ministres de la culture socialistes, Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin, ne manqueront pas, elles aussi, d’invoquer la crise pour tenter d’endiguer la mobilisation des milieux culturels contre la baisse de leur budget et tenter de faire oublier le bilan culturel calamiteux du gouvernement Hollande. Le président du Conseil Général prétendait également rééquilibrer la répartition de son budget culture sur l’ensemble du territoire. Tout cela s’est fait au détriment de la Ville de Grenoble. La fragilisation de la culture à Grenoble imputable à Eric Piolle trouve là ses prémisses. Rappelons que Piolle fera au début de son premier mandat usage des mêmes arguments comptables pour justifier les baisses de subventions. »

LE MAGASIN AFFECTÉ COMME LES AUTRES INSTITUTIONS

Q. Le MAGASIN a-t’il été touché ?

Y.A :  » Comme les autres, au point que le prévisionnel de son budget 2013 pouvait laisser craindre une  rupture de la continuité de son exploitation avec une nouvelle diminution de 15% de la subvention du Conseil Général qui s’ajoutait à celle des années précédentes, déjà 25% de moins en 2011. Ces baisses de subvention régulières aggravaient un déficit structurel chronique qui résultait de la non indexation des subventions publiques depuis 1990, soit une baisse de 27,17% en euros courants, et de l’augmentation mécanique des charges.  Le conseil d’administration de décembre 2012 prenait acte de cette situation budgétaire.

« Il constatait que les solutions de substitution qui avaient jusqu’alors permis d’y suppléer n’étaient plus en mesure de maintenir un niveau d’activité constant et que s’ouvraient désormais deux voies. La réduction très forte de la voilure ou une refonte du projet de l’établissement avec un changement complet de son modèle économique. C’est la seconde voie qui a été retenue. »

Q. En quoi consistait cette refonte du projet du MAGASIN et de son modèle économique ?

Y.A :  » L’enjeu était de repenser tout à la fois un modèle institutionnel et culturel hérité des années 80 qui semblait de moins en moins adapté à un champ artistique alors en pleine mutation et conjointement de mettre en oeuvre un modèle économique mixte pour donner au MAGASIN des moyens financiers additionnels pour, certes pallier aux défaillances de ses bailleurs publics, mais en finalité de renforcer son excellence artistique et pédagogique sans altération de son objet social initial. » 


avec MC2, Le Musée de Peinture, le Muséum, le Magasin est victime des coupes d’André Vallini , Président du département qui met fin aux conventions culturelles ville/Département instaurées par Alain Carignon: Michel Destot ne dispose pas de la force politique pour l’empêcher

CRÉÉR UNE NOUVELLE STRUCTURE MAGASIN/ÉCOLE DES ARTS/FORMATION

Q. Quelles ont été les formes de cette refonte ?

Y.A :  » Sur cette question, nous avions été proactifs dés 2010. Au moment où chacun réfléchissait à la requalification du site Bouchayer-Viallet, j’avais fait la proposition de créer une structure qui regroupait l’école des Beaux-Arts, le MAGASIN et sa formation professionnelle. L’ensemble ainsi constitué aurait rassemblé de futurs artistes au contact d’artistes en activité et de futurs acteurs professionnels, des organisateurs d’exposition en formation à l’Ecole du MAGASIN.

« La surface de cette nouvelle entité aurait enrichi Grenoble d’une structure artistique sans équivalent. L’idée a essuyé de multiples errements attribuables principalement à l’opposition frontale du conseiller artistique de la DRAC, en désaccord d’ailleurs avec son administration centrale. Face à cette opposition, le projet fut abandonné. Dix ans plus tard Montpelier réalisait cette même idée.

« En 2012-2013, à la suite de la décision du conseil d’administration que j’ai évoquée, s’est construit pas à pas un plan de développement stratégique qui prévoyait des outils nouveaux, des leviers de diversification de ses publics, un ancrage plus fort à l’échelle locale et régionale et des leviers de développement économique eux-mêmes outils de développement des publics. »

 UNE VENTE DE CHARITÉ POUR SOUTENIR LE MAGASIN

Q .Quelles sont les mesures concrètes que avez mises en oeuvre ou alliez mettre en oeuvre ?

Y.A:  « Ce plan stratégique qui a été pensé avec le conseil avisé de Nova Consulting impliquait d’abord la création d’un cadre formel pour permettre l’élargissement des partenariats de l’institution. L’objectif était de trouver à la fois des financements et des publics nouveaux. Pour ce faire, nous avons créé un fonds de dotation et un cercle de mécènes dans le même temps que nous avons développé l’accueil d’évènements d’entreprises. Avec l’appui de la maison de vente Sotheby’s nous avons organisé la première vente de charité d’un centre d’art avec les oeuvres offertes par des artistes pour soutenir le développement du MAGASIN.

 » S’OUVRIR AUX NOUVEAUX PUBLICS »

« La distribution des espaces du bâtiment était repensée pour s’ouvrir plus largement sur la cité, pour les nouveaux publics que vous souhaitions attirer.
En partenariat avec une société de BTP, dirigée alors par le président de l’une des organisations professionnelles du secteur, était projetée, sur plusieurs exercices, la rénovation intérieure du bâtiment. De nouveaux espaces devaient voir le jour pour l’accueil du public et pour la formation professionnelle de l’Ecole qui devait être la dépositaire d’une fonds d’archives et d’une donation de l’Institut National d’Histoire de l’art. La librairie elle-aussi était renforcée, elle devenait le lieu de conférences régulières. »


Sous Piolle , le Magasin devient une secte: ici séance de lévitation organisée……

UNE OFFRE DE RESTAURATION REFUSÉE

Q. Est-ce que ce plan de développement a pu produire quelques résultats autres que ceux que vous venez de citer ?

Y.A : « Le partenariat avec le milieu économique local produisait ses premiers effets. Le mécénat, avec par exemple celui de la fondation Luma pour l’expostion de Liam Gillick avec 50K€, augmenté du produit de la vente de charité, 200 K€, a pesé, avec d’autres sources extérieures, l’équivalent d’un cinquième pilier budgétaire avec ceux de la Ville, du département, de la Région et de  l’Etat.

« Pour faciliter l’accueil du public et dynamiser le site nous avons projeté une offre de restauration diversifiée avec un chef de renom en la personne de Christophe Aribert qui s’est porté candidat avec le concours de l’architecte Odile Decq. L’offre de restauration se déclinait en trois lieux de vie complémentaires autour du MAGASIN et au cœur du quartier : une offre de restauration légère type salon de thé au sein de la librairie salon du MAGASIN, un comptoir de vente à emporter pour tous les usagers du quartier dans le petit pavillon de la conciergerie et enfin « L’Art Brasserie » au sein de la Halle Rebattet où auraient été présentées les oeuvres prêtées par des collectionneurs locaux partenaires. »

 » LES POINTS DE TENSION ONT EXPLOSÉ AVEC L’ARRIVÉE DE PIOLLE »

Q. Que va-t’il advenir de ce projet ?

Y.A :  » Le sort de ce projet est inséparable de mon propre sort. En pleine mutation le MAGASIN était soumis à des tensions internes comme très souvent dans ce type de situation où le changement de l’organisation du travail suscite l’opposition de certains salariés. De plus, le renouvellement de la présidence du conseil d’administration du MAGASIN avait ouvert une crise de gouvernance quant à la répartition des rôles entre présidence et direction s’agissant des prérogatives opérationnelles du second. Ces points de tension ont littéralement explosé avec l’arrivée de Eric Piolle à la mairie . En quelques mois, il était interdit au MAGASIN de nouer des partenariats avec les entreprises en le privant de la possibilité de leur accueil dans ses espaces. Il devait annuler les évènements qui avaient été prévus, je pense en particulier à l’arbre de Noël d’une grande entreprise. Le projet d’une offre de restauration orchestrée par le chef Christophe Aribert était bien entendu rejeté comme il le sera plus tard pour le restaurant du musée. A la place, la halle Rebattet était attribuée à une association proche de la mairie et la belle électrique se dotait d’un point de restauration très basique.

L’ANNULATION DU PLAN A ÉTÉ ACTÉE EN MON ABSENCE

« Notre projet de développement stratégique du MAGASIN, de sa refonte telle que l’avions imaginé et commencé à mettre en oeuvre était désormais abandonné sous la pression de ce front commun d’opposition, qui réunissait la ville, une présidence qui se voulait opérationnelle et de certaines salariées qui ont été ensuite intégrées dans le service culture de la Ville. »

Q. L’annulation de ce début d’exécution de votre plan stratégique a été quasiment immédiate dès lors que Piolle et son équipe sont arrivés ?

« Pour les deux faits que je viens de citer oui. L’annulation du plan a été actée de manière définitive, en mon absence, alors que j’étais en arrêt maladie, épuisé par des tensions continues, et ce six mois après l’arrivée de l’équipe Piolle à la mairie de Grenoble. » 


Béatrice Josse la nouvelle directrice fait disparaitre l’histoire du Magasin, en fait une citadelle avancée du woquisme extrême et perd tous les spectateurs. : « … mes copines féministes radicales, féministes historiques, post-féministes, afro-féministes, ecoféministes, queer et trans ne comprendraient que je confie à des figures certes incontournables de l’histoire de l’art de notre pays mais des figures masculines, blanches … » écrit elle pour refuser une exposition…

PIOLLE REJETTE LE LOGICIEL MALRAUX/LANG 

Q. Comment expliquez-vous le rejet de votre plan ?

Y.A:  » Il était réellement impossible pour Eric Piolle de soutenir un plan dont les présupposés, culturels, économiques et sociétaux étaient aux antipodes de ses propres convictions.  La seule éviction de Christophe Aribert en est, comme pour le musée,  la démonstration la plus éclatante. Il s’est toujours clairement exprimé sur sa vision de la culture. Dés sa première campagne pour les municipales il rejette, selon ses propres termes, le logiciel Lang Malraux. En mars 2014 il met en ligne une profession de foi qui ne laisse aucun doute quant à ses intentions en affirmant en préambule que la culture est une question politique et qu’il entend en construire le cadre. Il y réfute les notions d’excellence, de rayonnement, de prestige, de retombées économiques pour, nous dit-il, redonner tout son sens à l’Education Populaire et à une culture solidaire. Arrivé aux commandes de la Ville il déclare que la Ville n’est pas concernée par la rayonnement des musiciens du Louvre dont il supprime la subvention, la programmation du théâtre exclu désormais les « tournées parisiennes au profit des pratiques amateurs et des créations locales ». L’équipe, notamment ses adjointes aux cultures, oppose volontiers les acteurs culturels jugés élitistes et dispendieux aux amateurs et à une supposée attente populaire. »

RÉSILIATION DU CONTRAT AUX TORTS DE L’EMPLOYEUR

Q. Eric Piolle est élu en avril 2014 et vous êtes en arrêt maladie six mois plus tard, selon vos propres termes épuisé par des tensions continues.Vous êtes licencié quelques mois plus tard. Peut-on s’interroger sur un possible lien de causalité ?

Y.A :  » Je suis en effet arrêté pour une affection de longue durée qui ne sera consolidée que trois ans plus tard. En septembre 2015, je saisi le Conseil des prud’hommes de Grenoble pour demander la résiliation judiciaire de mon contrat de travail au tort de mon employeur mais suis licencié un mois plus tard. Après une quasi décennie de procédure, en septembre 2023, la chambre sociale de la cour d’appel de Chambéry, saisie sur renvoi de la Cour de Cassation rend un arrêt qui retient la résiliation judiciaire de mon contrat de travail aux torts de mon employeur au motif de harcèlement moral entraînant la nullité de mon licenciement. En septembre 2024 le MAGASIN réglait le restant dû en exécution de l’arrêt de la cour. L’autorité de la chose jugée s’impose désormais à chacun.  Pendant cette décennie j’ai été l’objet d’une inversion accusatoire, d’un effacement social et professionnel dans le même temps que ce qui a concouru à constituer l’identité du MAGASIN sera« déconstruit ».


Depuis la prise en mains de sa programmation par la majorité Municipale, le Théâtre Municipal est passé de 50 000 spectateurs sous l’ère de Guy Sisti à moins de 10 000 aujourd’hui , ce qu’elle appelle la conquête de nouveaux publics !

 » LA DÉCONSTRUCTION EN ROUTE, L’HISTOIRE DU LIEU EST EFFACÉE »

Q. Qu’entendez-vous par la « déconstruction » de l’identité et de l’histoire du MAGASIN ?

Y.A :  » Les dénominations de l’institution et les signes de son identification sont modifiés. A l’instar de l’adjointe « aux cultures » de la Ville de Grenoble, le MAGASIN devient le Magasin des Horizons- centre d’arts et de cultures »,  L’Ecole de formation curatoriale, l’Ecole, devient les « Ateliers des Horizons », la ligne graphique de l’institution est complètement refondue.

« L’histoire du lieu est effacée. L’histoire exhaustive des expositions et des activités depuis1986 disparaît lors de la refonte du site internet. Les catalogues d’exposition et les publications sont massivement déstockés , la librairie spécialisée est fermée. La pérennité des archives suscite de nombreuses inquiétudes qu’expriment les anciens élèves de sa formation professionnelle par la création d’une association pour : « … garantir la mémoire de l’histoire de l’école du magasin… ».

 » MARCHE ZEN, COURSE DE LENTEUR, POTIONS ANCESTRALES… « 

« Dans les faits l’objet statutaire du lieu, la: « …réalisation d’expositions temporaires d’œuvres d’artistes contemporains… », est renié pour être remplacé par des évènements courts qui rassemblent « …chercheurs, penseurs, activistes et autres idéalistes… où alternent « Marche zen, performances, concerts, flâneries urbaines, lectures, course de lenteur et conversation de jardin. » et des ateliers « …d’initiation à l’auto-défense, partage de potions ancestrales, ateliers d’écriture et d’auto- gynécologie, yoga, .exploration chamanique… » et des tables rondes « discrimination de genre et espace public.

UN TIERS LIEU : ESPACE DE CONVIVIALITÉ, LOCAL VÉLO…

« L’architecture du lieu est l’objet d’un projet de transformation pour les activités qui découlent de la transformation de son objet. Lieu d’exposition d’une surface de 1900m2, il doit devenir un lieu tiers (fab lab, espace de convivialité, local vélo…) où la surface des galeries d’exposition est réduite à 275 m2. Faute de crédits le projet n’est pas réalisé.

 » ON PASSE D’UN LIEU RECONNU à UNE IDÉOLOGIE à L’OEUVRE « 

« L’équipe est « renouvelée » avec le concours de la ville de Grenoble ainsi formulé par C.Bernard, adjointe aux cultures : …accompagner le renouvellement des équipes… ».. Ce qui prendra l’allure d’un plan social sous la plume d’un administrateur démissionnaire: « …la totalité de l’ancienne équipe a été soit licenciée soit poussée à la démission, sans préjudice évidemment de recours au Conseil des Prud’hommes pour harcèlement… ». Ce « renouvellement » prend également la voie de licenciements économiques qui seront requalifiés de licenciements sans cause réelle et sérieuse à l’issue d’une procédure prud’homale engagée par des salariés.

« Nous passons ainsi d’un lieu d’art reconnu à l’échelle nationale et internationale à un tiers lieu, le terrain expérimental d’une idéologie à l’oeuvre  » 


Laurence Ruffin la candidate désignée par Eric Piolle se situe dans cette lignée d’une culture asservie à une idéologie

WIQUIPÉDIA UN INSTRUMENT DE RÉÉCRITURE DE L’HISTOIRE

Q. Vous auriez été vous-même effacé !

Y.A :  » Les versions successives de la page Wikipedia ( 1) du MAGASIN en portent la trace. Directeur de 1996 à 2015 mon activité y est réduite à deux mentions négatives, pour la vente aux enchères en partenariat avec la maison de vente Sotheby’s et pour mon départ en 2015 qui aurait été provoqué par des accusations de harcèlement moral dont j’aurai été l’auteur. Vous avez là l’illustration parfaite de l’inversion accusatoire aggravée selon ses auteurs d’une complicité avec le commerce d’art, avec le privé.

« La mention du harcèlement sera supprimée en 2023 dès lors que la justice aura rétabli la réalité des faits. La phrase initiale « En octobre 2015, Yves Aupetitallot quitte ses fonctions accusé de harcèlement moral » deviendra « « En octobre 2015, Yves Aupetitallot quitte ses fonctions ». Les renvois à des articles de presse demeurent et malgré nos demandes répétées aux administrateurs  de Wikipedia, la condamnation du MAGASIN n’est toujours pas mentionnée.

Beatrice JOSSE , FOSSOYEUR DU MAGASIN LONGUEMENT CITÉE PAR WIQUIPEDIA

« En revanche, Béatrice Josse qui me succédera au MAGASIN est longuement citée pour son projet et son engagement militant féministe et post-colonial qui aurait selon le rédacteur de la page suscité une forte opposition et provoqué son départ. Ainsi élevée au rang de victime, rien n’est dit de son bilan.

« Mais le narratif qui s’est imposé sous le mandat de Béatrice Josse est toujours en place avec sa successeuse qui d’ailleurs est déjà repartie. Un détail quant à l’orientation idéologique de cette page et de ses contributeurs successifs. L’espace central du bâtiment , la Rue, qui a été le lieu d’oeuvres monumentales créées par les artistes invités, des oeuvres In Situ, mentionne depuis 2010 deux seuls noms d’artistes sur une cinquantaine: Kader Attia et Adel Abdessemed. Peut-on supposer que nous sommes face à une assignation identitaire grossière contre laquelle l’un des deux artistes se bat depuis de nombreuses années ? »

 » UN LABORATOIRE D’EXPÉRIMENTATION IDÉOLOGIQUE » 

Q.Est-ce qu’il faut penser que le MAGASIN mettait en oeuvre un plan voulu par la Ville ?

Y.A :  » Sincèrement je ne crois pas. Ce n’était tout simplement pas nécessaire dans la mesure où la directrice partageait avec la Ville les mêmes convictions pour faire du MAGASIN un laboratoire d’expérimentation idéologique. Mais ce fut un échec cuisant avec au final une situation budgétaire, institutionnelle et sociale complètement dégradée. J’invite à prendre connaissance du rapport du Conseil d’Administration de décembre 2020 pour mesurer la réalité de la situation budgétaire et sociale avec un nombre de procédures prud’homales sans précédent. » 


Malgré sa totale soumission à cette idéologie et à sa mise en oeuvre implacable, Lucille Lheureux , l’Adjointe ( Verts/LFI) a été sacrifiée avec brutalité par un système qui cherche à se maintenir par tous les moyens

 » JE NE CROIS PAS QUE PIOLLE AIT UNE PENSÉE STRUCTURÉE »

Q. Si Eric Piolle  rejette le logiciel Malraux-Lang, comment pourriez vous définir ce qui remplace ce logiciel pour Eric Piolle, sa conception de la culture et la politique publique qui en découle?

Y.A:   » Je ne crois pas  qu’il ait jamais eu une pensée originale structurée sur le sujet mais plutôt qu’il se sera fondu dans les consensus successifs d‘une gauche en mal de renouvellement de ses fondamentaux. Au début de son premier mandat Eric Piolle et les siens s’inspirent encore de l’éducation populaire, dont ils empruntent la logorrhée au service d’une inclinaison populiste et démagogique bien loin de l’engagement des fondateurs de Peuple et culture.

«  LE GAUCHISME CULTUREL »

« Rapidement, ils vont coller à ce que le sociologue Jean-Pierre le Goff qualifie de gauchisme culturel, ce déplacement de la question sociale identitaire de la gauche promu par Terra Nova dans sa note de 2012, « Gauche: quelle majorité électorale pour 2012 ». Rompant avec la gauche ouvriériste parce que les ouvriers étaient désormais supposés voter pour le FN, Terra Nova recommandait de s’appuyer sur « la France de demain », les nouveaux mouvements sociaux unifiés par des valeurs culturelles progressistes à l’origine de multiples luttes contre de multiples discriminations, les femmes, l’écologie, la race, le genre, etc. La logomachie qui en découle remplacera celle de l’éducation populaire pour envahir l’action et  toutes les formes de communication de la Ville. »

B.JOSSE : AUCUNE FIGURES MASCULINES BLANCHES

Q. Est-ce que ce n’est pas déjà ce qu’on appelle le wokisme qui semble bien présent à Grenoble ?

Y.A ;  » Le wokisme, le mouvement des éveillés, emprunte aux phiiosophes français de la déconstruction qui a largement fait son lit dans les universités américaines avec les mots célèbres de Derrida « il faut déconstruire le phallo-logo-centrisme ». Quel plus beau témoignage de son entrisme grenoblois que l’incroyable réponse de Béatrice Josse pour justifier l’annulation d’une exposition que j’avais programmée : « … mes copines féministes radicales, féministes historiques, post-féministes, afro-féministes, ecoféministes, queer et trans ne comprendraient que je confie à des figures certes incontournables de l’histoire de l’art de notre pays mais des figures masculines, blanches … ». L’école des beaux-arts, qui vient de faire l’objet d’une importante campagne de travaux, serait-elle soumise à cette même idéologie ?. Les salles de travail rénovées ont été baptisées« …de noms d’artistes plasticien.nes femmes et/ou transgenres… », des «…artistes engagées dans des luttes politiques intersectionnelles contre les injustices, d’artistes féministes ou d’artistes très singulières… ». Il est souhaitable, voir même impératif,  que les questions sociétales et politiques d’aujourd’hui puissent être enfin présentes dans le champ de l’art et dans la formation dispensée au sein d’une école d’art. Mais il est tout aussi impératif qu’elles ne deviennent pas des outils de discrimination, pis, d’éradication de toute autre conception de l’art et de toute autre vision de la société. La phrase suivante, « …Nous avons ainsi voulu rendre visibles des sensibilités qui sont proches des enseignements et pratiques de l’ESAD. ..» extraite d’une note interne, interroge quant à l’indispensable diversité des points de vue au sein de l’Ecole.


Les noms des professeurs placardés à Sciences Po Grenoble devenu une annexe de la majorité municipale grenobloise

L’AFFAIRE DU BURKINI A MONTRÉ LE CHOIX DE PIOLLE

Q. Est-ce que dans les questions très présentes à Grenoble existerait selon vous un entrisme islamiste ou de la complaisance ?

Y.A:  « L’affaire du Burkini dont les grenoblois se souviennent sans aucun doute avait montré, à minima, l’ambiguïté de Eric Piolle face à l’Alliance citoyenne de Grenoble. Le Canard enchaîné avait révélé que ce mouvement était partenaire des Etudiants musulmans de France considéré comme la branche étudiante des frères Musulmans. Sa porte-parole locale Taous Hammouti avait publié en 2015 des posts qu’elle a ensuite supprimés: « N’oubliez jamais que Charlie Hebdo a dégainé le premier », elle évoquait également les « prétendus » attentats du Bataclan, tout en partageant des caricatures publiées sur le site du polémiste antisémite Alain Soral. Chacun se souvient du post de Eric Piolle parlant de la vieille ville d’hier, “celle faite pour l’homme blanc pressé au volant de sa voiture”, ou plus récemment du scandale à la commémoration de la rafle du 26 août 1942, à l’issue de laquelle le président du Crif, indigné, a rompu toutes relations avec la Ville.

« LIBÉRATION », FOUCAULT, DERRIDA VOYAIENT KHOMEYNI EN HOMME DE GAUCHE

Q. On peut parler d’islamo-gauchisme ?

Y.A :   » A croire les sectateurs de LFI, l’islamo-gauchisme n’existe pas contrairement à l’islamophobie ! Pierre-André Taguieff et Florence Bergeaud-Blacker disent le contraire. Selon eux, la convergence entre islamisme et gauchisme remonte à 1920 avec la collusion entre l’islamisme et le bolchévisme au nom de l’anti impérialisme. Le canal historique des frères musulmans s’est nourri des thèses marxistes et Khomeyni a fait alliance avec les communistes du Toudeh et les Moudjahidines du peuple pour prendre le pouvoir. En 1979 Libération titrait  « Iran : le chiiito-socialisme des khomeynistes » et défendait les « chiites gauchistes » qui voilaient des « femmes iraniennes comme un symbole de lutte » voyant en l’ayatollah Khomeyni un homme de gauche, défenseur de la laïcité. Michel Foucault, philosophe de la déconstruction avec Jacques Derrida qualifiait Khomeyni de « vieux saint » promoteur de la révolution de 1979 « la première grande insurrection contre les systèmes planétaires, la forme la plus moderne de la révolte la plus folle ». 

« Mais revenons à Grenoble et en complément des quelques rappels précédents souvenons-nous de l’IEP de Grenoble et des accusations d’islamophobie à l’encontre de deux professeurs !  Il est inutile d’en dire plus.


Le burkini dans les piscines, des menaces de mort contre le Président du Crif, l’appartement d’un Rabin victime d’un incendie criminel à Hoche, Grenoble est le théâtre débridé de l’islamo gauchisme municipal

AUTORITARISME, POPULISME, INTERVENTIONNISME…

Q. Est-ce selon vous l’idéologie est le moteur principal de la politique culturelle de la Ville ?

Y.A: « Depuis Joël Pommerat dans Libération, la lettre ouverte d’une vingtaine de compagnies grenobloises dans l’Humanité, le reportage de Frédéric Martel de France Culture et de multiples déclarations de responsables culturels et d’artistes, les qualificatifs de cette politique et de l’idéologie qui la sous-entend se répètent à l’envi: autoritarisme, populisme, interventionnisme, orientation politique, et bien entendu idéologie !

A.AGOBIAN :  » LES COMITÉS D’AVIS NE SONT QUE DE FACADE »

« Pour parer à ce flot de critiques Eric Piolle mettra en scène pendant son premier mandat une «démocratie culturelle participative » composée de « comités de citoyens ». La manoeuvre sera dénoncée, entre autres, par Anouche Agobian conseillère municipale socialiste : …les comités d’avis ne sont que des façades pour faire croire qu’il y a des critères objectifs pour décider des subventions culturelles…. ». Contre toute attente elle intègrera son équipe du deuxième mandant avant que de la quitter.

« LA MÉTHODE EST FONTALE, BRUTALE »

« Le deuxième mandat ne s’embarrasse plus de ces subterfuges. La méthode est frontale, brutale. Elle affiche la volonté active de mettre au pas et de contrôler le secteur culturel, socio culturel et associatif. Piolle et son équipe ont réussi ce que le Front National d’autrefois n’a pas réussi ou osé faire en son temps.

« La liquidation des structures socio-culturelles et des bibliothèques de quartier est dramatique. Elle isole encore plus des  populations pour lesquelles il faudrait faire exactement le contraire. »

 » LE PATRIMOINE, COMME LA CULTURE EST UN CHAMP DE RUINES »

Q. Vous ne parlez pas du patrimoine, qu’en est-il  selon vous ?

Y.A :  » Le patrimoine comme la culture est un champ de ruines. L’Hôtel des Facultés, l’ancien musée de peinture, l’Hôtel Lesdiguières, la collégiale Saint-André, les églises Saint-Louis et Saint-Bruno sont abandonnés. Quand la ville ne délaisse pas le patrimoine, elle s’en déleste au moyen d’appels à projet dont les lauréats sont des associations qui sont proches de sa vision. C’est ainsi que le couvent des Minimes, la chapelle des Pénitents ou l’Orangerie ont été attribués avec un bail emphytéotique de 50 ans et un loyer avantageux. Les trois bâtiments sont transformés en lieux tiers associatifs avec des projets quasiment identiques. Un exemple: l’Orangerie est attribuée en 2019 à l’association La Grande Saison. Son projet initial de Halle Gourmande est finalement remplacé par celui d’un lieu tiers avec une salle d’escalade, un espace de co-working, une boulangerie et d’autres choses à venir. L’ouverture partielle du lieu est annoncée pour cet automne, 6 ans plus tard. Quelle est l’activité déclarée de cette association : « Défense de droits fondamentaux, activités civiques ». Voilà qui rappelle l’attribution du restaurant du musée à l’association Mix Lab et son abandon moins de deux ans après. En dehors de leur évidente proximité idéologique avec la Ville, quel peut être leur savoir-faire et de fait leur légitimité pour une telle entreprise ?


Le restaurant du Musée, l’Orangerie… le temps des copains a atteint son paroxysme. Eric Piolle et un Adjoint au Maire ont d’ailleurs déjà été condamnés pour favoritisme

« LA DÉGRADATION DE LA VILLA KAMINSKI PAR L’ULTRA GAUCHE EST à L’OEUVRE »

Y.A :  » Malgré la Tour Perret,  le patrimoine du vingtième siècle n’est pas plus épargné à l’image de la villa Kaminski, exemple unique dans la région de l’architecture moderniste. De style Paquebot, construite à la fin des années trente, elle est classée «édifice remarquable » par la Ville de Grenoble au début des années quatre-vingt-dix. Sa dégradation est à l’oeuvre depuis qu’elle est le sanctuaire de groupes de l’ultra gauche qui selon Eric piolle sont de sa famille politique. L’oeuvre monumentale de Victor Vasarely pour les tribunes de l’anneau de vitesse des JO disparaît peu à peu comme la partie supérieure qui n’est plus, le reste des panneaux est fortement dégradé.

 » LA VILLE EST SIMPLEMENT DÉGRADÉE » 

 » Mais le patrimoine d’une ville ne se limite pas à des monuments, ll comprend aussi des éléments plus modestes mais tout aussi remarquables dont la masse contribue à créer sa cohérence.
La ville de Grenoble n’a pas de vision d’ensemble de son patrimoine, pas plus d’ailleurs que de son urbanisme et de l’architecture. Ces éléments remarquables se dégradent ou disparaissent d’année en année : les façades, les fontaines, le mobilier urbain, les devantures auxquels nous pouvons ajouter les arbres. La ville est simplement dégradée, de surcroît sale et ce ne n’est pas la profusion des tags qui peut l’embellir.

LA NOUVELLE DIRECTRICE DU MAGASIN S’EN VA 

 Q. Est-ce que malgré ce bilan négatif que vous dressez de la culture à Grenoble comment voyez-vous l’avenir du MAGASIN ?

Y.A :  » Nous pouvons en effet nous interroger sur son avenir quand sa nouvelle directrice le quitte aussi rapidement pour le musée de Nice alors que l’usage professionnel oblige à un temps plus long pour redresser une institution qui a été fermée pendant près de deux ans à la suite de plusieurs années de turbulence. Etait-elle d’ailleurs le bon choix quand les autre candidats de la phase finale du recrutement étaient d’un autre calibre dont le regretté Vincent Honoré ? Ce départ est également le symptôme du déclassement de cette institution que bon nombre de professionnels français et étrangers auraient auparavant souhaité dirigé. A l’évidence le MAGASIN est aujourd’hui moins attractif que le musée de Nice qui est pourtant fermé pour travaux avec un architecte qui a été congédié, une directrice qui à la surprise générale a démissionné et un pouvoir municipal dont la reconduction pour un prochain mandat semble incertaine.

 » ÉCHAPPER AU PARASITAGE POLITIQUE »

« Le MAGASIN et ses tutelles vont devoir procéder à nouveau à un recrutement. Souhaitons que puisse être mise en oeuvre une procédure de recrutement réformée, en reprenant les termes de Denis Olivennes dans « L’impuissance publique»,  …pour échapper à la fois au parasitage politique et au verrouillage corporatiste… » et en s’inspirant des recommandations de Christophe Tardieu et de David Lisnard pour les centres dramatiques, telles que détaillées dans « La culture nous sauvera ».

« L’issue de ce recrutement engage l’avenir de l’institution pour peu qu’il s’adosse à un projet artistique et culturel renouvelé soutenu par un modèle économique qui puisse suppléer à la diminution continue de ses financements publics. Le MAGASIN a été fondé il aura bientôt 40 ans dans un contexte artistique et institutionnel local, national et international qui a profondément évolué au point que l’avenir de l’institution ne peut faire l’économie d’une redéfinition de son projet. »


Yves Aupetitallot dénonce l’attribution à l’extrême gauche de la villa Kaminski par la municipalité , « exemple unique dans la région de l’architecture moderniste, classée édifice remarquable »

 » L’AVENIR PASSE PAR CEUX QUI ONT ÉTÉ DANS UNE OPPOSITION ACTIVE »

Q. Quel peut-être le devenir de la culture à Grenoble ?

Y.A :   » Etendons votre question à Grenoble dans toutes ses composantes où la culture est depuis toujours aux côtés de la recherche scientifique, le marqueur de son excellence et de son exemplarité.  Ce devenir dépend étroitement du résultat des prochaines élections municipales. J’appelle à ce propos les acteurs culturels grenoblois et leurs publics. Souhaitent-ils la pérennisation, voir l’aggravation de la situation actuelle avec une équipe qui ne serait que le prolongement de Eric Piolle ou à l’opposé une nouvelle équipe qui pourrait porter un projet culturel de renouveau ? J’ai la conviction que l’avenir de Grenoble passe par l’union de ceux, dans la classe politique locale, de droite et de gauche, qui sont encore porteurs des valeurs républicaines et laïques et qui ont été dans une opposition active à la politique de Piolle. « 

( 1) Alain Carignon mettra fin aux fonctions de Pierre Gaudibert avec l’obtention d’un nouveau Musée et recrutera Serge Lemoine qui dirigera notamment Orsay ensuite 

(2)  les internautes ne peuvent aucunement se référer à Wikipedia dont la rédaction est contrôlée par de petites mains de la gauche radicale qui réécrit l’histoire