Par
Rédaction Lille
Publié le
27 oct. 2025 à 10h16
Le jeudi 23 octobre 2025, une femme de 51 ans a été jugée au tribunal judiciaire de Lille (Nord) pour avoir organisé et participé à des activités de prostitution au sein de son salon de massage, à Marcq-en-Barœul.
Des épouses inquiètes lancent l’alerte
En mars 2025, la mise en cause a été interpellée et placée en garde à vue, après la réception de courriers anonymes faisant part de l’inquiétude d’épouses face aux dépenses inhabituelles de leurs conjoints au salon de massage : « Mon mari fréquente le salon de massage Naturôzen, rue de l’Église à Marcq-en-Barœul, où il dépense beaucoup d’argent. Il y a des relations sexuelles avec une Chinoise qui s’appelle Lili. Il donne 200 euros à chaque fois et il y va au moins toutes les semaines. Je n’arrive plus à finir le mois maintenant. »
La gérante du salon, surnommée Lili, qui n’a pas de casier judiciaire, a été jugée au tribunal judiciaire de Lille ce jeudi 23 octobre pour « tolérance habituelle de la prostitution dans un lieu ouvert au public » et « concours à une opération de placement, dissimulation et conversion du produit d’un crime ou d’un délit d’un montant de 6 665 euros », entre septembre 2024 et mars 2025.
L’enquête a d’abord révélé que la prévenue, de nationalité chinoise, bien que gérante du salon, n’en est pas la propriétaire de droit, puisque sa situation administrative en France non régularisée ne lui permet pas d’ouvrir une société.
Par ailleurs, le numéro de téléphone affiché sur la devanture du salon a permis de retrouver ses annonces en ligne, parfaitement légales en apparence, sur des sites connus pour accueillir en masse des annonces de prostitution.
Témoignages de clients et enregistrements téléphoniques
Les enquêteurs postés devant le salon de message ont constaté des allers-retours d’individus masculins qu’ils ont interpellés : le premier a déclaré avoir trouvé l’annonce sur le site Vivastreet, et avoir bénéficié d’un massage « tout ce qu’il y a de plus classique » ; l’employée surnommée Sophie aurait dit ne pas pratiquer de « massages pour homme ». L’autre client interrogé a indiqué qu’il s’agissait de sa troisième venue et que c’est la masseuse qui avait proposé une prestation sexuelle : « À la fin du massage, elle a proposé de masser mon pénis, chose à laquelle j’ai répondu favorablement, jusqu’à éjaculation ».
Des enregistrements téléphoniques diffusés lors de l’audience ont également révélé la nature des massages proposés à Naturôzen : les habitués demandent à réserver pour un « massage prostatique », « naturiste avec finition manuelle », « tantrique » ou encore « royal », bien que la gérante, Lili réponde toujours aux clients de « voir avec la masseuse directement sur place », en insistant sur son refus d’en parler au téléphone.
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Des prestations en deux étapes : le massage et le « petit plus » à régler en liquide
La plupart des clients interpellés ont déclaré avoir réglé toutes les prestations en deux parties : le massage par carte bleue, et le « petit plus », désignant la prestation sexuelle tarifée, en liquide. L’un d’eux a expliqué ce qu’était un « massage royal », qui désigne en réalité une prestation au cours de laquelle la masseuse, nue, masse l’ensemble du corps du client, avec une « finition manuelle » au niveau des parties intimes.
Enfin, l’employée déclarée surnommée Sophie a également avoué s’être adonnée à des activités de prostitution encouragées par la gérante de Naturôzen, déclaration après laquelle elle a été licenciée. D’après la défense, ce licenciement se justifierait par l’étonnement de la gérante face aux pratiques de son employée au sein de son propre salon.
La prévenue, face aux enregistrements révélés et aux extraits de déclarations de ses clients ainsi que de son employé, a nié en bloc toute accusation de prostitution au sein de son salon.
« Je ne comprends pas bien le français, je ne savais pas de quoi ils parlaient. »
La prévenue, gérante du salon de massage, à l’audience.
Bien que la procureure ait insisté sur le français parfait de Lili entendu dans les enregistrements, ainsi que son apparente proximité avec un des clients, qui insiste en plaisantant pour que la prestation soit réalisée par Lili elle-même : « J’ai déjà testé Sophie et je n’aime pas trop, physiquement je te préfère toi. »
En plus des accusations déjà évoquées, 6 665 euros en liquide non déclarés ont été retrouvés disséminés un peu partout au domicile de Lili, ainsi que dans le salon. Au cours de l’audience, l’avocate de la prévenue justifie la provenance de cet argent comme étant en partie le salaire de son mari, des recettes du salon qu’elle n’avait pas eu le temps de déposer, ou encore de l’argent qu’elle devait à des amis.
La procureure de la République demande la relaxe au sujet du blanchiment d’argent, en l’absence de preuve que la somme retrouvée en liquide soit le produit de la prostitution. Elle suggère néanmoins que l’ensemble du montant dissimulé soit saisi au titre de l’infraction de tolérance habituelle de la prostitution, en plus d’une amende de 3 000 euros. Elle requiert enfin 8 mois d’emprisonnement avec sursis simple, et ne fait que suggérer l’obligation de quitter le territoire français, qu’elle juge complémentaire au reste.
L’avocate de la prévenue demande la relaxe et l’abandon de l’OQTF, en insistant sur l’incapacité de la gérante à comprendre les allusions aux prestations sexuelles tarifées faites par ses clients du fait de son niveau de français. La prévenue, elle, après avoir nié toutes les accusations au cours de l’audience, n’a utilisé sa dernière prise de parole que pour demander à rester en France. La décision a été mise en délibéré au 6 novembre 2025.
Lina Melhem
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