Celui qui était premier ministre en 2005 appelle aussi dans un communiqué à «restaurer la confiance dans la parole publique».

L’ancien premier ministre Dominique de Villepin juge que «les mêmes fractures demeurent» et appelle à «restaurer la confiance dans la parole publique» vingt ans après la mort de Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois, qui avait déclenché une vague d’émeutes. «Voilà vingt ans que j’essaie de comprendre ce qui génère de telles fractures et conduit à de tels drames. Et je me rends compte, avec une grande inquiétude, que nous persévérons toujours dans le déni et l’abandon», écrit Dominique de Villepin dans un communiqué de 7 pages, rappelant qu’il était «premier ministre depuis cinq mois lorsque deux enfants de France sont morts, victimes de la ségrégation et de l’abandon de la République».

Le 27 octobre 2005, après avoir été poursuivis par des policiers, Bouna Traoré, 15 ans, et Zyed Benna, 17 ans, se cachèrent dans un site EDF et y furent électrocutés, entraînant une vague d’émeutes dans tout le pays. «Depuis ce jour, j’ai acquis la conviction que l’équilibre de la Nation ne peut naître que de la vérité, parce qu’elle seule garantit la justice», poursuit le premier ministre de l’époque Dominique de Villepin juge que «les mêmes fractures demeurent» et appelle à «restaurer la confiance dans la parole publique». Dominique de Villepin, jugeant «essentiel de restaurer la confiance dans la parole publique». «La vérité n’est pas un risque politique : elle est la condition même de l’exercice démocratique», affirme-t-il.


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Il reconnaît qu’«en reprenant trop rapidement, soucieux de l’unité gouvernementale, des informations erronées venues du ministère de l’Intérieur, nous avons contribué à affaiblir la confiance dans la parole publique». Et il pointe également, dans une allusion à Nicolas Sarkozy, «certains propos publics – le Kärcher, les “racailles” -» qui «ont pu blesser, attisant le ressentiment, comme si la République réduisait une partie de ses enfants à un problème à résoudre».

«Tirer les leçons de ces drames»

Appelant à «tirer les leçons de ces drames», il souligne que «les émeutes de 2005 ont révélé une France à deux vitesses: d’un côté, des territoires où la République continue de s’incarner; de l’autre, des zones où elle n’est plus qu’un mot, un concept, une idée abstraite, et trop souvent, une contrainte». «Vingt ans après, les mêmes fractures demeurent. Ce n’est pas le manque de moyens qui fait défaut, mais la vision d’ensemble, la constance et la cohérence», considère-t-il, évoquant les Gilets jaunes en 2018, qui «ont exprimé une autre révolte, différente dans sa forme, mais semblable dans son ressort: le sentiment d’abandon», et les émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, en 2023. «Si les mêmes causes produisent les mêmes effets, c’est que la République n’a pas su réparer son contrat politique et social», estime l’ex-Premier ministre, pour qui «le drame de Zyed et Bouna, c’est le drame d’une jeunesse française qui ne demandait qu’à être reconnue et respectée comme telle».