Par
Arthur Frand
Publié le
27 oct. 2025 à 17h24
; mis à jour le 27 oct. 2025 à 17h37
Candidat aux élections municipales de mars 2026 à Nice, dans les Alpes-Maritimes, Jean-Marc Governatori est lancé à plein régime dans la campagne. En 2020, alors sous les couleurs d’EELV, il avait recueilli 19,30 % des voix au second tour et se classait troisième derrière Philippe Vardon (RN, 21,39 %) et Christian Estrosi (59,30 %). À 66 ans, ce Niçois repart avec son propre mouvement « L’écologie au centre ». EELV, le PS et le PC, d’un côté, et LFI et Viva !, de l’autre, sont également engagés. À cinq mois du premier tour, Jean-Marc Governatori a accordé un entretien exclusif à la rédaction d’actu Nice, qui donnera la parole à toutes et tous les candidats. Et il répond sans détour. Conscient de ses chances assez maigres face au duo Estrosi-Ciotti, dit-il, Jean-Marc Governtaori expose ses idées et reste persuadé qu’il jouera un rôle central dans ces élections municipales niçoises. Il se targue aussi de pouvoir mettre en place la « meilleure politique de transports de France ».
Actu : Comment résumer votre mouvement « L’écologie au centre » ?
Jean-Marc Governatori : Je suis purement centriste. On a été créé en 2004. On s’appelait « La France d’en bas » à l’époque. Nous sommes présents dans tous les départements français, ce qui m’amène à faire 2000 kilomètres de train par semaine. Je ne prends jamais l’avion contrairement à certains écologistes. Je suis cohérent. Pour moi, l’écologie est un vrai de projet de société, comme le socialisme, le communisme et le libéralisme. Mais c’est trois courants de pensées ont tous été testés et ont échoué. Le seul projet qui tienne la route, c’est le mien. Nice pourrait en être un formidable laboratoire à partir de 2026.
« Mon électorat décidera du vainqueur »
A Nice, comment vous positionnez-vous face aux mastodontes Estrosi-Ciotti ?
J.-M. G. : Tout le monde pense que Christian Estrosi ou Éric Ciotti l’emportera à Nice. Et, oui, c’est très probable que ce soit l’un des deux. Mais c’est mon électorat qui décidera du vainqueur. Il y aura des éléments de notre programme qui seront repris par le candidat que l’on soutiendra au second tour. La gauche (incarnée par Juliette Chesnel-Le Roux) retirera sa liste puisque pour elle c’est tout sauf Ciotti. Je ne comprends pas qu’ils ne le reconnaissent pas. Ils persistent à dire qu’ils maintiendront leur liste s’ils font 10 %, soit ils mentent, soit ils sont idiots. En mars 2026, il faut que mes électeurs votent en masse au premier tour pour que je puisse avoir le maximum de poids sur notre région. Nous avons le budget le plus vert d’Europe. Je l’ai obtenu de la part de Renaud Muselier (président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur).

Jean-Marc Governatori assure qu’il a failli être nommé ministre mais qu’Emmanuel Macron s’y est « opposé ». (©Fabien Binacchi / actu Nice)
Vous étiez investi par EELV en 2020. Juliette Chesnel-Le Roux a été choisie pour ces élections 2026. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
J.-M. G. : Je ne suis pas quelqu’un de guerrier. Je n’emploie jamais le mot combat. Je continue d’échanger avec Juliette Chesnel-Le Roux. En contradiction avec la Nupes, j’ai quitté le groupe en septembre 2022. Je pense que la meilleure option pour Nice, c’est une liste Europe Écologie Les Verts menée par Jean-Marc Governatori. C’est une association politique parfaite. En 2020, la seule liste EELV qui a eu des élus, c’était la mienne. Nous avons fait le meilleur score de France sous une liste exclusivement EELV. Plus de 20 %. Je garde l’espoir qu’ils aient une lueur d’intelligence, en décembre ou janvier prochain, en se disant que la seule façon d’avoir des élus, c’est de refaire comme 2020. Sans EELV, je suis moins fort. Sauf, si je deviens ministre d’ici mars, la donne changera totalement. Mais pour l’instant, Emmanuel Macron s’oppose à moi. J’aurais pourtant dû être dans le gouvernement Barnier mais aussi sous Lecornu.
« Il (Estrosi) est honnête mais il a pris le mauvais chemin »
Quel bilan tirez-vous des trois mandats de Christian Estrosi ?
J.-M. G. : Je pense qu’il est honnête et veut bien faire mais il a pris le mauvais chemin. Selon moi, ce qu’on doit viser en tant qu’élu, c’est l’autonomie alimentaire et énergétique. C’est la base. Il est en échec sur ces deux points. Nous n’avons que trois jours d’autonomie alimentaire à Nice, c’est grave. Et parmi les grandes villes de France, Nice est la plus dépendante énergétiquement. Ce sont deux fautes majeures qui valent un carton rouge. Il a quand même fait des choses intéressantes. Par exemple, le tunnel pour rejoindre l’autoroute à la sortie de la voie rapide, c’est bien. On a l’impression qu’il est actif, ce n’est pas un maire qui dort comme peuvent le faire certains. En revanche, il y a plusieurs projets qui n’étaient pas bons. Par exemple, la coulée verte est une offense à l’intelligence. Il aurait fallu laisser Acropolis (ex-Palais des Congrès) en place, qui était rentable, et le théâtre, plutôt que de reconstruire ailleurs. On pouvait faire une forêt urbaine autour en végétalisant les murs et en « potagérisant » les toits. Cela aurait coûté beaucoup moins cher. Détruire pour reconstruire, c’est coûteux et polluant.
La Métropole et la Ville de Nice sont endettées. Que proposez-vous pour y faire face ?
J.-M. G. : Il y a réellement 3 milliards de dettes à Nice : 1,6 milliard de la Métropole Nice Côte d’Azur, 550 millions pour la ville, cela fait 2,150 milliards, mais il y a aussi la régie des eaux qui coûte 600 à 800 millions. À partir de janvier 2026, tout sera centralisé. Gérer ne s’improvise pas. Moi, maire, je ferai un audit des comptes. C’est indispensable. Il faut prendre un cabinet indépendant. Mais, en tout cas, nous n’augmenterons pas les impôts. Il faut mieux contrôler le budget. Je souhaite multiplier les petits projets, pour changer des projets inutiles et qui ruinent de Christian Estrosi.
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« Nous allons mettre en place la meilleure politique de transports de France »
Jean-Marc Governatori
Quelles seront vos mesures les plus fortes si vous êtes élu maire ?
J.-M. G. : Déjà, concernant cette dépendance énergétique, il faut isoler partout, c’est la priorité. Mais aussi développer l’économie circulaire. Je veux faire de Nice une communauté de villages à travers ses 50 quartiers. Je veux des ressourceries et recycleries dans chaque quartier. Je veux qu’on répare, qu’on réutilise, qu’on réemploie. C’est comme cela qu’on fait des économies, qu’on crée du pouvoir d’achat et du lien social. Les ignorants comme Juliette Chesnel-Le Roux (EELV) qui croient que la hausse des salaires est municipale et qui se vante d’être la liste du pouvoir d’achat, c’est n’importe quoi. La clé aussi, c’est d’avoir une bonne politique de transports. Nous allons mettre en place la meilleure politique des transports de France.
En quoi consistera cette « meilleure politique des transports de France » ?
J.-M. G. : Tout est lié. La gestion de la voiture à Nice dépend de celle de la trottinette électrique, de celle du vélo et de la voiture ventouse [véhicule en stationnement gênant prolongé]. S’il y a 15% de voitures ventouses à Nice, vous ne pouvez pas vous garer et vous perdez de la place pour faire de pistes cyclables. Estrosi et Ciotti pensent rapide, cher et complexe. Moi, je pense petit, simple, lent et moins coûteux. Je l’imposerai d’ailleurs à l’un de ces deux monstres. On souhaite que les gens soient heureux. Il faut donc multiplier les minibus pour mailler le territoire. Gaël Nofri nous dit « c’est compliqué de trouver des chauffeurs de bus… » Oui. Mais avec mes minibus, tu peux conduire avec un permis B. Je veux aussi qu’à Nice, les points de deal se transforment en points de covoiturage. Il faut des bornes de covoiturage de partout
« Le tramway plombe le budget. Moi, je mets en place le bus articulé »
Vous dénoncez les projets « chers et complexes ». Est-ce à dire que renonceriez-vous aux nouvelles lignes de tramway ?
J.-M. G. : Bien évidemment. Sans hésiter. Gaël Nofri [président de la régie Lignes d’Azur et vice-président de la Métropole] me répète que je suis contre le tram. Mais le T4 et le T5 ne sont toujours pas faits. Si l’on avait mis mon bus articulé en site propre, les gens auraient déjà un moyen de transport supplémentaire. Le tramway plombe le budget de la métropole. C’est la première dépense. Moi en 2027, je mets en place le bus articulé. C’est une décision réversible. Et ça coûte beaucoup moins cher.
Souhaitez-vous diminuer la place de la voiture à Nice ?
J.-M. G. : Oui, le problème est la masse de voitures. À terme, nous pouvons espérer 50% de voitures en moins mais le faire sans contrainte. Il faut faire comprendre aux Niçois qu’un vélo ou une trottinette en plus, c’est une voiture en moins. Il faut des trottinettes en libre-service mais bien les contrôler. Il faut être sévère avec ceux qui ne respectent pas le code de la route et qui « emmerdent » la majorité.

Jean-Marc Governatori dans les locaux d’actu Nice. (©Fabien Binacchi / actu Nice)
Un autre sujet central de la campagne à Nice est la sécurité. Que proposez-vous sur ce point ?
J.-M. G. : Je veux créer un état d’esprit coopératif à Nice dans chaque quartier. Il y a beaucoup moins de délinquance et de criminalité dans des petits villages. Dans les grands espaces, les grandes villes, les gens ne se parlent pas et ne se connaissent pas. Je veux sortir de cet espace individualiste et compétitif. C’est en se parlant que les points de deals diminueront.
Il y a la chaîne pénale évidemment mais aussi et surtout l’éducation. C’est fondamental. J’ai cofondé la Ligue nationale contre la drogue en 1991. Pour moi, il n’y a pas de drogues douces. Ce sont des étapes pour passer à plus gros. Il faudrait faire voir des vidéos dans les écoles en montrant comment devient le consommateur de drogue ensuite. L’impact serait majeur. Il faut diminuer le nombre de consommateurs. La drogue est dépénalisée en France, c’est une réalité que l’on n’admet pas. Il faut faire bouger les jeunes, leur faire faire du sport et rendre cela accessible. L’emploi du temps de la jeunesse niçoise est déterminant.
Que pensez-vous de la police municipale et de la vidéosurveillance ?
J-M.G. : Les caméras de vidéoprotection comme je préfère les appeler, c’est bien, je suis 100% favorable à cela. La police municipale armée également. Nous souhaitons aussi intégrer des chômeurs dans cette politique de sécurité en créant une brigade de vigilance pour rajouter du personnel. Ils seraient non armés, avec un gilet violet. Ce seraient des personnes bénévoles, dans leur quartier. Il faudrait leur demander mais ces personnes pourraient alerter, dissuader et rassurer. Et ils se débarrasseraient d’un certain sentiment d’inutilité.
« On se dirige vers le sous-tourisme si on continue comme ça »
En tant qu’ancien chef d’entreprise, que pouvez-vous amener pour dynamiser l’économie locale ?
J.-M. G. : On évoque toujours le surtourisme mais si l’on continue comme cela, on se dirige vers le sous-tourisme. Le tourisme représente près de 15 % des emplois de notre ville. Et il faut la rendre encore plus accueillante. Nice est un bloc de béton et je veux qu’elle devienne une oasis verte. Je ne veux voir que du vert, sur les murs et sur les toits, avec du thym et de la menthe pour éviter les rongeurs. Cela coûtera moins cher qu’installer des clims. Je montrerai la voie mais les copropriétés devront me suivre. C’est dans leur intérêt. Je ferai ma part du boulot, que les Niçois fassent la leur.
Êtes-vous contre les croisières ?
J.-M. G. : Je ne suis pas opposé aux croisières, seulement aux croisières à l’infini. Il faut des jauges. Mais si Nice accueille beaucoup de touristes, avec une empreinte écologique faible, ça ne me dérange pas. Ce n’est pas la masse de personnes qui comptent mais les comportements. Concernant la crise du logement, je ne suis pas contre les locations Airbnb mais il faut les réduire à 3 mois maximum. Il faut aussi occuper les bureaux vacants qui peuvent devenir des logements.
Vous souhaitez faire de Nice un « potager urbain », comment cela va-t-il se matérialiser ?
J-M.G. : On doit être obsédés par les potagers. Partout, chez les particuliers et dans tous les quartiers. D’où ma volonté de travailler par quartier. C’est plus simple et plus impactant de parler à 7000 personnes tour à tour qu’à une masse. Il faut aussi réduire la consommation de viande. Je ne peux pas accepter que des aliments viennent d’une autre région. Je souhaite que les enfants niçois mangent des produits de la région à 100 %, et qu’il y ait une option végétarienne quotidienne. Avec moi, ce sera obligatoire.
Avec Fabien Binacchi
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