Le groupe Radiohead a vécu personnellement les divisions qui ont fait l’actualité, en dehors d’Israël et des Territoires palestiniens, depuis l’attaque terroriste du Hamas contre l’Etat hébreu le 7 octobre 2023. En cause, les pressions reçues, notamment par le mouvement de soutien à la Palestine, Boycott, Divestment and Sanctions (BDS), pour qu’ils se « désolidarisent de Jonny » Greenwood, leur guitariste.

Son tort ? Le musicien a grandi dans une famille de confession juive, est marié à l’artiste israélienne Sharona Katan et travaille avec des artistes, en dehors de Radiohead, dont certains se trouvent être de religion juive. L’une de ses collaborations s’est récemment retrouvée la cible d’un appel au boycott fructueux : les concerts prévus entre Jonny Greenwood et le musicien israélien Dudu Tassa, qui a joué pour l’IDF en novembre 2023 afin « d’apporter un peu de réconfort » aux soldats qui « défendent ma famille », à Londres et Bristol ont été annulés.

« Aucune loyauté ni respect envers leur gouvernement »

« La seule chose dont j’ai honte, c’est d’avoir entraîné Thom (Yorke, le leader de Radiohead) et les autres dans ce bordel, mais je n’ai pas honte de travailler avec des musiciens arabes et juifs. Je ne peux pas m’excuser de cela. La gauche cherche des traîtres, la droite des convertis et c’est déprimant de constater que nous sommes ce qu’ils peuvent trouver de plus proche », a déclaré Jonny Greenwood dans le Sunday Times.

Le musicien confie également avoir « passé beaucoup de temps » en Israël avec sa famille et avoir participé, là-bas, à des manifestations anti-gouvernementales.

« Je ne peux pas simplement dire « Je ne fais pas de musique avec vous, bande d’enfoirés, à cause du gouvernement « . Ça n’a aucun sens pour moi. Je n’ai aucune loyauté ni respect envers leur gouvernement, mais j’ai les deux envers les artistes qui sont nés là-bas », ajoute-t-il.

L’idée d’un boycott d’Israël est en revanche une évidence, au regard de la réponse du gouvernement de Benyamin Netanyahou à l’attaque du 7-Octobre, pour Thom Yorke. Ce dernier est par ailleurs la cible, depuis 2017, du mouvement BDS, appuyé par Roger Waters, qui l’accuse de rester silencieux face à la colonisation des Territoires palestiniens par l’Etat hébreu. « Je ne voudrais pas être à moins de 8.000 km du régime Netanyahou. Mais Jonny a des racines là-bas. Je comprends donc », a-t-il répondu alors que Radiohead a annoncé une série de concerts en Europe et au Royaume-Uni.

Un « désaccord en toute politesse »

Sa loyauté envers Jonny Greenwood a valu à Thom Yorke plusieurs désagréments. Il raconte ainsi s’être fait cracher dessus, encore récemment, dans la rue par une personne qui lui a crié dessus « Free Palestine » et lui a déclaré qu’il était de « son devoir » de se désolidariser de son guitariste. Thom Yorke l’assure, on ne le verra pas s’insulter en public avec Jonny Greenwood.

« Les vrais criminels, qui devraient comparaître devant la CPI (Cour pénale internationale), se moquent de nous qui nous disputons en public et sur les réseaux sociaux, tandis qu’eux continuent à agir en toute impunité, assassinant des gens », lance-t-il.

Même s’il respecte la décision du chanteur de ne pas se produire en Israël, Jonny Greenwood émet un « désaccord en toute politesse » et s’en explique. « Le gouvernement est plus à même d’utiliser un boycott pour dire « Ils nous détestent tous, donc nous devrions faire exactement ce que nous voulons ». Ce qui est bien plus dangereux », a-t-il ajouté.

Philip Selway, le batteur de Radiohead, résume où ils se situent tous, malgré les pressions extérieures et les désaccords internes : l’artistique passe en premier. « Ils veulent que nous prenions nos distances avec Jonny, mais cela signifierait la fin du groupe. Jonny a des principes très forts. Mais c’est étrange d’être ostracisés par des artistes avec lesquels nous nous sentions généralement assez proches », a-t-il déclaré.