Après AliExpress, Temu et Shein, un autre géant chinois du commerce en ligne entend se faire connaître en Chine. JD.com lance Joybuy, un site proposant tout un tas de produits, similaire à ce que l’on peut trouver sur Amazon. Et si son nom est relativement peu connu, il faut savoir que cette entreprise est un véritable mastodonte mondial. Voici pourquoi.
Au départ, une simple boutique d’électronique
Fondé en 1998 par Richard Liu, JD.com a commencé en tant que simple boutique d’électronique à Pékin. En 2004, le site JD.com a vu le jour, amorçant l’ascension fulgurante du futur géant de l’e-commerce chinois. Dès 2007, l’entreprise investit massivement dans sa propre logistique, garantissant des livraisons rapides et fiables, tout en s’imposant comme le champion de la qualité face au fléau des contrefaçons.
Deux décennies plus tard, JD.com n’a plus grand-chose à voir avec la petite échoppe de ses débuts. Cotée au Nasdaq depuis 2014 puis à la Bourse de Hong Kong, la firme s’est hissée parmi les poids lourds mondiaux du commerce en ligne. Elle se distingue aujourd’hui par son obsession pour la technologie et l’efficacité de sa chaîne d’approvisionnement, devenant un symbole de confiance en Chine.
Un monstre de l’e-commerce
Numéro deux incontesté de l’e-commerce chinois, JD.com règne sur environ un quart du marché face au mastodonte Alibaba et ses plateformes Taobao et Tmall. En 2025, son chiffre d’affaires annuel devrait dépasser les 183 milliards de dollars, dont près de 87 % issus directement de la vente au détail.
C’est colossal : JD est aujourd’hui l’un des plus grands distributeurs au monde, proposant aussi bien des smartphones et ordinateurs que des vêtements, des produits alimentaires ou des appareils électroménagers.
© Pexels Et surtout, de la logistique
Son vrai secret réside dans son modèle intégré : contrairement à Alibaba, JD gère tout de A à Z, l’achat, le stockage et la livraison. De quoi lui permettre de garantir la qualité et l’authenticité des produits, un atout de poids dans un pays où la contrefaçon a longtemps sapé la confiance des acheteurs.
C’est sur cette logistique redoutable que la société a bâti son empire. Son réseau, opéré par JD Logistics, couvre désormais plus de 1 600 entrepôts à travers la Chine et emploie plus de 200 000 livreurs. Grâce à des technologies de pointe comme des entrepôts automatisés, l’IA pour optimiser les itinéraires, des drones, des véhicules autonomes et une flotte d’avions cargos, JD parvient à livrer plus de 90 % des commandes en moins de 24 heures.
Un pari qui a porté ses fruits pendant la pandémie en 2020 : quand d’autres peinaient à suivre, l’entreprise assurait encore ses livraisons. Aujourd’hui, son réseau dessert 99 % de la population chinoise, un exploit logistique qui la place loin devant ses concurrents.
Portée par cette efficacité hors norme, JD.com est devenue une référence nationale de fiabilité, dopée par des subventions publiques et des campagnes promotionnelles XXL. Et depuis que JD Logistics a ouvert ses services à d’autres entreprises, l’infrastructure du groupe rayonne aussi au-delà de son propre site.
Un pied dans de nombreuses industries
Au-delà de son empire du commerce et de la logistique, JD.com s’est métamorphosée en véritable conglomérat technologique, actif dans des secteurs aussi variés que la santé, la finance, l’industrie ou l’immobilier. Sa filiale JD Health, aujourd’hui la plus grande plateforme de santé numérique de Chine, revendique plus de 200 millions d’utilisateurs. Elle propose téléconsultations, livraisons d’ordonnances et services médicaux intégrés, faisant de la santé connectée un pilier du quotidien chinois.
Côté innovation pure, JD Technology porte l’ambition du groupe dans l’intelligence artificielle, le cloud, la data et la fintech. Cette branche conçoit des solutions pour le commerce intelligent, les institutions financières et les infrastructures urbaines, tout en développant son propre grand modèle de langage, ChatRhino, conçu pour les entreprises.
En parallèle, JINGDONG Industrials applique l’efficacité logistique du groupe à l’industrie lourde : chaînes d’approvisionnement connectées, services aux constructeurs et entreprises manufacturières… Le tout en préparation d’une introduction en Bourse prochaine. Et ce n’est pas tout. Avec JD Property, le groupe investit dans l’immobilier commercial et les parcs industriels intelligents.
Un acteur international aussi
Le groupe connaît également une expansion internationale à grande vitesse. L’entreprise exploite déjà près d’une centaine d’entrepôts à l’étranger, totalisant plus d’1 million de mètres carrés, répartis entre les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Vietnam, la Malaisie et l’Australie.
Et ce n’est qu’un début : JD prévoit de doubler sa capacité logistique mondiale et d’étendre ses services de livraison express à plus de 80 pays, en renforçant notamment les connexions avec le Japon, la Corée du Sud, l’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient.
© SW1994 / Pixabay L’échec Ochama
L’entreprise dispose aussi d’une plateforme d’e-commerce internationale baptisée Ochama. Celle-ci s’appuie un modèle hybride mêlant e-commerce et magasins robotisés, où l’on commande en ligne pour récupérer ses courses dans des points automatisés. Innovant sur le papier, mais un peu trop en avance sur la réalité du marché.
L’expérience, testée aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne et timidement en France, n’a pas vraiment pris, menant à la fermeture de points physiques et un recentrage sur la vente en ligne.
La naissance de Joybuy
À l’été 2025, JD.com a tiré les leçons de cet échec partiel et rebaptisé son service Joybuy. Objectif : simplifier son offre pour le marché européen, unifier l’expérience utilisateur et clarifier son image de marque. Le nouveau site, désormais accessible en France, affiche une interface plus fluide, un catalogue élargi et des prix agressifs, taillés pour séduire les consommateurs français.
Ce rebranding signale une nouvelle étape dans la stratégie européenne du groupe chinois, désormais bien décidé à s’imposer face aux mastodontes du low-cost en ligne.
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