C’est un peu comme une chanson d’Orelsan, mais au cinéma. Réalisé par David Tomaszewski, artiste numérique et réalisateur des clips du chanteur, coécrit par Orelsan, « Yoroï », en salles ce mercredi, a pour héros l’interprète de « La Fête est finie » et « L’Odeur de l’essence ».

Quand le film commence, « Orel » est en pleine crise existentielle. « Quand j’avais 13 ans, je voulais être un grand chanteur, sur scène. Ce qui est fou, c’est que ce soit arrivé. Ce qui est encore plus fou, c’est que ça ne me fasse rien », confie-t-il à sa copine Nanako à la fin d’une tournée éprouvante. Enceinte de leur premier enfant, Nanako (interprétée par Clara Choï, juste et pêchue) lui donne un conseil : « Projette-toi dans un autre rêve. Comme quand t’avais 12 ans. »

Le couple débarque alors au Japon, dans une maison traditionnelle avec cerisier dans le jardin. Au milieu de la pièce principale trône un puits très profond. Un jour, Orelsan tombe dans ce trou et y trouve les morceaux d’une armure. Il remonte ces bouts de métal, mais ceux-ci se plaquent sur sa peau comme des aimants et il ne parvient plus à s’en débarrasser.

Il ne va pas tarder à découvrir que cette armure — « yoroï » en japonais — est maudite : elle attire les « yokaïs », des monstres qui viennent l’assaillir chaque nuit. Avec Nanako, qui est heureusement beaucoup « plus forte en baston » que lui, Orelsan va devoir combattre, jour après jour, ces créatures immondes. « Je suis coincé dans une armure qui m’empêche de vivre et grosso modo qui me casse bien les couilles », soupire-t-il.

Une comédie d’horreur métaphorique

« Yoroï » est un vrai film de monstres ludique, avec décapitations et projections de viscères et de liquides visqueux. C’est surtout une comédie d’horreur métaphorique, où les yokaïs incarnent les névroses et dangers en tous genres qui guettent le chanteur. L’une des créatures le force à boire, une autre est une danseuse sexy, d’autres encore ressemblent à des paparazzis ou à ses « darons ».

Hanté par la peur de « devenir un produit dérivé », Orelsan va tirer les leçons de ces épreuves : « Si je ne peux pas changer les choses, je peux changer comment je les vois ». Il suffisait d’y penser…

David Tomaszewski, le réalisateur du film, aux côtés d'Orelsan. LP/Frédéric DugitDavid Tomaszewski, le réalisateur du film, aux côtés d’Orelsan. LP/Frédéric Dugit

Les scènes de combat sont aussi drôles que les saillies pleines d’autodérision du héros. « Tant qu’il fait pas du rap, tout va bien. Imagine il fait du slam ! » lance-t-il à sa copine à propos de leur futur bébé. Avant de suggérer qu’il appelle DJ Snake ou David Guetta si elle veut accoucher en musique.

Face à l’adversité, Orelsan, gentil loser qui oublie ses clés dans un autre pays et peine à se battre parce qu’il « a commencé les arts martiaux à 32 ans », choisit l’humour : « C’est bientôt l’heure des yoyos (yokaïs) ? » demande-t-il tranquillement à Nanako quand la nuit tombe. Au final, la star de l’Accor Arena et du « festival de rap et fromage à Pont-l’Évêque » s’offre un ego-trip rigolo et très divertissant.

La note de la rédaction :

« Yoroï », film d’aventures français de David Tomaszewski. Avec Orelsan, Clara Choï… 1h46.