La nouvelle ne passe pas dans cette commune d’un peu plus de 2.000 habitants située au nord de Nantes. À Abbaretz (Loire-Atlantique), les habitants ont appris en début de mois, par le biais d’un permis de construire, le projet d’installation d’une école primaire catholique sédévacantiste au cœur de la ville.

Entre les habitations, un bout de terrain d’un peu plus de 3.000 m2 pourraient bientôt accueillir plusieurs salles de classe ainsi qu’une sacristie, un oratoire et des hébergements pour les religieuses.

Un courant traditionaliste

En rupture avec l’Eglise romaine, le sédévacantisme vient du latin « sedes vacans » que l’on peut traduire par « le siège est vacant » et désigne un courant de fidèles de religion catholique qui réfutent la légitimité du pape depuis la mort de Pie XII en 1958. Selon eux, les papes contemporains seraient à l’origine d’« hérésies » et ne seraient pas légitimes à occuper le Saint-Siège. En France, « une trentaine de lieux dispenseraient des offices » de ce type, selon un article du journal La Croix publié en juin 2024, ce qui représenterait environ 3.000 fidèles sur le territoire.

Interrogé par nos confrères de Ouest-France, Jean-Claude Pons, conseiller technique et pédagogique du projet livre les détails de ce possible futur établissement. Celui qui se présente comme futur aumônier dit vouloir accueillir les enfants 3 à 10 ans, filles comme garçon qui auront classe avec des « religieuses dominicaines ». Français, mathématiques, histoire-géo… Les enseignements classiques seront basés sur une « morale catholique traditionaliste ». Et pour cause, dans ce même article, Jean-Claude Ponse indique considérer l’avortement comme un « assassinat » et explique que l’épidémie de VIH serait une intervention de la nature pour se « venger » des homosexuels. De quoi faire tiquer les Abbarois.

Une opposition est possible

Regroupés sous la forme d’un collectif, le 10 octobre dernier plusieurs habitants de la commune ont signalé leur inquiétude quand à l’avancement d’un tel projet. « La mairie entend ces inquiétudes mais ne peut s’opposer au chantier en cours qui relève du domaine privé », explique Marie-Françoise Giqcuel, directrice générale des services de la ville. La commune, qui dispose déjà d’une école publique et d’une école privée pourrait attirer les fidèles de la chapelle Saint-Etienne d’Abbaretz, installée dans un local non loin du chantier « et déjà reconnue comme appartenant au courant intégriste », remarque l’Abbaroise.

Mais pour le moment rien n’est fait. « Tout projet d’ouverture d’un établissement scolaire privé hors contrat doit être déposé au rectorat dont dépend la commune où il est prévu d’installer l’école », confirme le rectorat de Nantes à 20 Minutes. Le dossier complet serra par la suite examiné par les quatre autorités compétentes : le rectorat, la préfecture, la mairie et le tribunal. Après examen du dossier, les différentes structures pourront s’opposer à l’ouverture de l’établissement dans un délai de trois mois si ce dernier va à l’encontre « de l’intérêt de l’ordre public ou de la protection de l’enfance et de la jeunesse » ou « s’il ressort du projet […] que celui-ci n’a pas le caractère d’un établissement scolaire ».

En France, 2.550 établissements libres « hors contrat » étaient recensés en 2024. Il serait beaucoup plus difficile d’établir le nombre d’écoles privées appartenant au courant intégriste. D’après nos recherches, seule l’école Saint-Joseph de Serre-Nerpol (Isère), une école pour filles tenue par la communauté des sœurs du Christ Roi, mentionne appartenir à la communauté catholique sédévacantiste.