Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à examiner, le 30 octobre, une résolution américaine favorable au Maroc dans le cas du Sahara occidental, les regards se tournent vers Moscou pour espérer une sortie de crise. Car c’est peut-être la Russie qui décidera, par un simple veto ou une abstention, de l’avenir de la région, un conflit qui dure depuis près d’un demi-siècle entre le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
Le texte présenté par les États-Unis propose d’accorder un statut d’autonomie au Sahara occidental « sous souveraineté marocaine ». Une position alignée sur celle de Rabat, qui défend depuis des années ce plan comme la seule issue réaliste au différend. En face, le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui soutenu par l’Algérie, rejette catégoriquement cette approche, qu’il juge contraire au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité, Sidi Mohamed Omar, représentant du Polisario à l’ONU, a dénoncé un texte « écartant toute référence au référendum d’autodétermination » et « niant la participation du peuple sahraoui ».
Dans ce bras de fer diplomatique, la Russie apparaît comme l’un des acteurs décisifs. Membre permanent du Conseil de sécurité, elle peut bloquer ou permettre l’adoption de la résolution américaine. Trois des cinq membres du Conseil (États-Unis, France et Royaume-Uni) se sont déjà montrés favorables au plan marocain.
Moscou soutiendrait « toute option acceptable pour toutes les parties »
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a affirmé que Moscou soutiendrait « toute option acceptable pour toutes les parties », à condition qu’elle figure dans une résolution de l’ONU. Mais le ministre a aussi pris soin de marquer ses distances avec Washington, rappelant que la Russie n’était pas d’accord avec les États-Unis, alignés sur la position marocaine.
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Interrogé par le site espagnol El Independiente, Riccardo Fabiani, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’International Crisis Group, estime que Moscou ne devrait pas aller jusqu’au veto : « Au mieux, si le texte est trop en faveur du Maroc, la Russie s’abstiendra. » Un choix stratégique, juge également Mark N. Katz, professeur à l’université George-Mason aux États-Unis : « Les Russes pourraient même soutenir la résolution américaine, s’ils estiment pouvoir obtenir des concessions ailleurs », notamment sur le dossier ukrainien.
Depuis l’arrêt des négociations en 2019, l’ONU réclame depuis plusieurs années que tous les acteurs du conflit reprennent des discussions afin de trouver « une solution politique réalisable, durable et mutuellement acceptable ».
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