Nombreux sont les grands artistes à nous avoir montré que rien n’était plus cathartique pour un cœur écorché que de transformer sa détresse en une œuvre d’art. L’enfant terrible de la pop britannique, Lily Allen l’a, elle aussi, bien compris.
Sept ans après la sortie de son dernier projet No Shame, la chanteuse est revenue ce 24 octobre avec West End Girl, un tout nouvel album marqué par l’irrévérence qu’on lui connaît bien. Sur ce disque de 14 morceaux, enregistré seulement dix jours après sa rupture avec son ex-mari, l’acteur David Harbour, elle dévoile son esprit vengeur derrière des mélodies sucrées qui n’ont pourtant rien de mielleuses. Ses morceaux les plus grinçants – tels que Madeline ou Let You W/In – appartiennent même au genre des « revenge songs », « chansons de revanche » en français. Popularisés notamment par Gloria Gaynor avec l’emblématique I Will Survive, ces morceaux permettent aux artistes de régler leurs comptes avec ceux qui leur ont brisé le coeur.
Les nouveaux morceaux de Lily Allen ont suscités de nombreuses réactions de fans qui s’amusent de la virulence de la chanteuse sur les réseaux sociaux. À tel point que Madeline, l’une des femmes avec laquelle David Harbour aurait entretenu une liaison lors de leur mariage et qui porte le nom d’un des morceaux de l’album, a révélé son identité en donnant une interview au Daily Mail. Cette histoire semble donc prendre un tournant tout à fait inédit.
Un succès né sur le web
En matière de revenge songs, Lily Allen n’en est pas à son coup d’essai. En 2007, l’artiste se fait connaître avec un premier succès incisif, Smile, adressé à son ancien petit ami infidèle. Elle y raconte la joie qui l’envahit lorsqu’elle voit son ex pleurer en tentant de la reconquérir. Le titre, inspiré de sonorités jamaïcaines et publié sur MySpace, surfe sur un sentiment si universel qu’il capte immédiatement l’attention de fans. À l’époque, la chanteuse est déjà signée sur le label londonien Regal Recording, mais ce dernier est bien trop occupé par des noms plus identifiés, tels que Coldplay ou Gorillaz, pour se soucier de l’artiste, se remémore-t-elle auprès du Guardian. Grâce à la plateforme et aux mixtapes qu’elle y publie, la jeune femme, alors âgée de 21 ans, trouve elle-même son public. Ses compositions cumulent alors plusieurs milliers d’écoutes. Forte de cette nouvelle notoriété, Lilly Allen se lance en 2006 dans la création de son premier album Alright Still, cette fois accompagnée de son label qui lui trouve un intérêt soudain.
Si la détermination de l’artiste lui permet d’émerger dans une industrie saturée, elle peut aussi compter sur l’appui de ses parents. Son père Keith Allen est un grand acteur britannique – c’est d’ailleurs grâce à ses contacts qu’elle a pu signer si jeune chez Regal Recording. Sa mère est quant à elle productrice et son parrain n’est nul autre que Joe Strummer, le guitariste des Clash.
Une enfance turbulente
Cette figure emblématique du rock a peut-être d’ailleurs nourri chez elle un certain goût pour la subversion. C’est en chantonnant les paroles de Wonderwall d’Oasis qu’elle est repérée dans la cour de l’école, par une ancienne étudiante qui lui propose de lui donner des cours de chants afin d’améliorer ses bases. Naît alors sa passion pour la musique, qu’elle développe par la pratique de divers instruments tels que le violon, le piano, la guitare et la trompette.
Très turbulente, la jeune Lily change treize fois d’établissement scolaire jusqu’à arrêter définitivement l’école à 15 ans. À cette période, elle est aussi impliquée dans des histoires sombres, notamment la consommation et le trafic de drogues.