Le groupe termine le troisième trimestre avec un chiffre d’affaires de 269 millions d’euros, en faible repli, et des recettes publicitaires quasi stables, malgré un marché publicitaire dégradé.

L’incertitude politique et la morosité du marché publicitaire n’ont pas gâché la rentrée du groupe M6. La filiale de Bertelsmann enregistre un chiffre d’affaires consolidé de 269,2 millions d’euros au troisième semestre, en faible repli sur un an (-3,4%), principalement dû au moindre dynamisme des ventes de droits audiovisuels en France et à l’international. Ses revenus publicitaires sont restés quasiment stables à 220 millions d’euros, soutenus par des audiences en fortes hausses, sur le linéaire comme sur le streaming.

Anne-Sophie Lapix à la présentation du JT de M6, Cyril Hanouna aux manettes de «Tout beau tout neuf» sur W9… Les nouvelles têtes d’affiche de la filiale de Bertelsmann ont visiblement séduit les téléspectateurs. La part d’audience de M6, W9, Gulli, 6ter a grimpé de 1,6 point sur les trois derniers mois, atteignant 21,5% sur la cible stratégique des 25-49 ans. «Notre groupe réalise sa meilleure rentrée TV depuis six ans sur les cibles commerciales, validant la stratégie de recrutements et d’investissements programmes initiée ces derniers mois, se félicite David Larremendy, président du directoire du groupe. Nous signons la plus forte progression du marché à la fois sur les 25-49 ans mais aussi sur l’ensemble du public en septembre, ce qui confirme la bonne dynamique actuelle». 


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Un «effet Hanouna» mais pas que

Une performance que le groupe doit au succès non-démenti des grands primes de la 6 (L’Amour est dans le pré, Les Traîtres, Le Meilleur Pâtissier…) mais aussi au bond spectaculaire des audiences de W9, qui accueille Cyril Hanouna cinq soirs sur sept. Sur le mois de septembre, la chaîne s’est attribué 3,1% de l’audience selon les chiffres de Médiamétrie, signant la meilleure progression du PAF avec une hausse de 0,8 point. Non seulement W9 a récupéré une grande partie des «fanzouzes» de l’ex animateur de C8 mais elle aussi rajeuni son audience, multipliant par six son audience sur la cible stratégique des 25-49 ans.

«L’émission de Cyril Hanouna a trouvé son public de manière très stable, ce qui est une belle satisfaction, estime Jérôme Lefebure, directeur financier du groupe. Mais ce n’est qu’un des nombreux succès de la rentrée, puisque nos grandes marques ont aussi réalisé de très bons scores, et sont de plus en plus accompagnées par le streaming, à l’image de l’émission Les Traîtres, déplacé sur une nouvelle tranche horaire, qui a doublé son audience avec M6+». Le groupe espère connaître la même dynamique sur ses chaînes radio (RTL, RTL2 et Fun Radio), dont il a significativement fait évoluer les grilles en septembre. Il attend pour cela le relevé de Médiamétrie, attendu au courant du mois de novembre.

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Une fin d’année difficile sur le marché publicitaire

Certes, ces succès d’audiences ne se traduisent pas encore par une hausse significative des revenus publicitaires. Mais, au vu du contexte, le groupe estime être parvenu à sauver les meubles en maintenant son niveau de recettes. «Cette belle rentrée nous permet de résister dans un marché publicitaire télévisuel en fort recul. Notre performance dans ce contexte donne confiance», affirme Jérôme Lefebure. La filiale de Bertelsmann anticipe un nouveau recul des investissements publicitaires pour la fin de l’année, sur fond de soubresauts économiques et politiques.

«Si le marché était là, les bonnes audiences de la rentrée devraient avoir un impact sur nos revenus publicitaires au quatrième trimestre car les annonceurs ne veulent pas être écartés des programmes qui marchent, mais le contexte publicitaire n’est pas porteur, estime Jérôme Lefebure. L’instabilité politique avait déjà détruit les revenus publicitaires du quatrième trimestre en 2024 et la même chose se profile cette année». Dans ce contexte, le groupe se prépare à jouer la carte de la prudence, et ce en surveillant notamment ses coûts de grille, qu’il a déjà réduit de 11 millions d’euros sur les neuf derniers mois. Ces efforts, aidés par l’absence de droits sportifs, lui ont permis de dégager une marge opérationnelle de 13,9%, en hausse de 0,6 point.

Le groupe demeure toutefois très optimiste quant au potentiel de sa plateforme streaming M6+, qui a vu encore son nombre d’utilisateurs uniques bondir de 40% ce trimestre. «Plus de 30 millions de Français se sont connectés au moins une fois par mois sur la plateforme en septembre, un record. Les utilisateurs passent aussi de plus en plus de temps sur la plateforme, le nombre d’heures vues a augmenté de 17%», se réjouit Jérôme Lefebure. Le chiffre d’affaires streaming du groupe a grimpé de 25% et s’établit désormais à 24,4 millions d’euros, représentant ainsi 11,5% du chiffre d’affaires total du pôle vidéo, contre 9,0% il y a un an. «Nous avons fixé comme objectif un chiffre d’affaires de plus de 200 millions d’euros sur le streaming en 2028, et pour l’instant, nous sommes parfaitement en phase avec cette trajectoire, avec même un peu d’avance», conclut le directeur financier.