Face à la situation financière critique de la Société normande de la protection aux animaux (SNPA), basée sur l’île Lacroix à Rouen (Seine-Maritime), sa directrice générale Valérie Dève a décidé de lancer un cri d’alarme. Et un appel aux dons en ligne. « Si on ne trouve pas de solutions, notre structure devra mettre la clé sous la porte d’ici deux à quatre ans », assure la responsable d’une association qui emploie neuf salariés, dont sept animaliers.

Une facture d’énergie qui a explosé

« Nous perdons entre 400 000 et 500 000 euros chaque année. Pour l’instant nous piochons dans notre trésorerie pour boucler notre budget qui tourne autour de 900 000 euros. Mais ça ne va pas pouvoir continuer comme ça ». La faute notamment à une hausse générale de ses charges, notamment sa facture énergétique qui a explosé.

Association totalement indépendante dont les origines remontent au tout début du XXe siècle, la SNPA assure aujourd’hui deux fonctions complémentaires : d’un côté un service de fourrière pour accueillir les chiens et les chats errants qui lui sont confiés par une quarantaine de communes de la métropole avec lesquelles elle a passé des conventions. « Nous facturons la prise en charge des animaux auxquels s’ajoutent les frais de vétérinaire qui peuvent s’élever à plusieurs centaines d’euros lorsqu’il y a des soins à donner ». Avec une règle immuable, l’euthanasie ne peut être que la dernière des extrémités. « On ne gagne pas d’argent puisqu’on ne facture que ce que cela nous coûte ». Avec en prime les difficultés liées à la prise en charge de chiens parfois difficiles à gérer, voire dangereux.

Plus d’une centaine de chiens et 300 chats pris en charge en 2024

L’autre mission du refuge rouennais est de proposer ses animaux à l’adoption avec des frais à régler par les particuliers volontairement limités. « Il faut que cette somme reste raisonnable pour ne pas faire fuir les familles », continue Valérie Dève tout en précisant que chaque pensionnaire est proposé vacciné et pucé. Et qu’en 2024, l’association a pris en charge une centaine de chiens et plus de 300 chats.

Côté subventions de fonctionnement, à part la ville de Rouen qui lui verse annuellement 20 000 euros, la marge de progression est en revanche importante. « Nous avons déjà alerté les quarante communes avec lesquelles nous travaillons, mais pour l’heure ça n’a pas beaucoup bougé », regrette la directrice générale. En revanche, depuis qu’elle a pris la parole, de nombreux particuliers se sont manifestés. Grâce à leurs dons et aux legs, cela permet à la SNPA d’entretenir l’espoir. Ce qui ne les empêche pas d’être victimes de certaines idées reçues. « Parfois, ils pensent que nous ne fonctionnons qu’avec des bénévoles, qu’on reçoit des dons en nourriture ou même que nous sommes liés à la SPA qui nous verserait de l’argent ».

La possibilité évoquée sur France 3 par un élu métropolitain de créer une fourrière indépendante pour soulager la SNPA la laisse en revanche circonspecte. « Ça soulagerait nos animaliers des cas les plus compliqués à gérer, mais au final les animaux reviendraient chez nous pour être proposés à l’adoption en sachant qu’ils sont nombreux à rester plusieurs mois ou plusieurs années chez nous faute de candidat ».