Les deux hommes se sont croisés à La Petite Maison, établissement prisé des célébrités et des personnalités politiques, et ont failli en venir aux mains.
Le maire de Nice Christian Estrosi et l’ex-garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti se sont violemment pris le bec dans un célèbre restaurant de la ville au point de presque en venir aux mains, comme l’a révélé Le Canard enchaîné mercredi et comme a pu le confirmer Le Figaro de sources concordantes. Chacun dînait pourtant de son côté en ce mercredi 22 octobre à La Petite Maison, établissement prisé des stars comme des personnalités politiques, à deux pas de l’hôtel de ville. Christian Estrosi était attablé en famille avec notamment sa femme, Laura Tenoudji ; «EDM» était lui installé à une autre table de la terrasse avec deux amis.
Mais la ligne de non-agression aurait été franchie par le maire de Nice, venu saluer les deux connaissances de l’ancien ministre, ses «vrais amis», comme l’édile aurait lâché de manière provocante. Il est notoire que Christian Estrosi et Éric Dupond-Moretti ne s’apprécient pas, surtout depuis que le pénaliste a traité publiquement le Niçois de «pire courtisan» après avoir demandé la démission d’Emmanuel Macron. «Le sens de l’honneur n’est pas un sens interdit en politique», avait-il ajouté à son propos dans les colonnes du quotidien régional Nice-Matin.
Cette inimité trouverait ses racines lorsque Éric Dupond-Moretti était ministre de la Justice (2020-2024) et qu’il recevait de nombreuses sollicitations du maire de Nice, qu’il ne prenait pas forcément en compte, apprend-on par leur entourage. De quoi mettre un peu plus en rogne Christian Estrosi, qui sait par ailleurs qu’Éric Dupond-Moretti entretient une relation cordiale, voire amicale, avec son pire ennemi Éric Ciotti, au-delà des désaccords politiques.
«OQTF à Nice»
Christian Estrosi aurait alors profité de l’occasion de croiser l’ancien garde des Sceaux pour lui glisser qu’il n’était qu’un «intermittent du spectacle». «Tu n’es qu’un intermittent de la connerie», lui aurait alors rétorqué l’ex-poids lourd du gouvernement, qui se produit désormais sur scène. Il intime alors au maire de déguerpir, n’ayant rien à lui dire. «Tu as trahi tout le monde !», aurait ajouté Dupond-Moretti, une manière de critiquer une nouvelle fois le parcours politique de l’édile niçois depuis 2008, passé de LR à soutien d’Emmanuel Macron puis à Horizons, le parti d’Édouard Philippe.
«Je pourrais te casser la gueule», se serait emporté Estrosi, prêt à lui «en coller une». «Viens !», aurait poursuivi «EDM» avant de lui glisser une insulte. «Désormais, tu es un OQTF à Nice», aurait conclu l’édile. Un échange virulent relaté par Le Canard enchaîné dont Le Figaro a pu se faire confirmer la teneur. Cela n’ira pas plus loin entre eux mais le tout-Nice était déjà au courant. Et Christian Estrosi de répéter que Dupond-Moretti est de toute façon le «pire ministre de la Justice» qu’il ait jamais croisé…
«Deux puissants qui se battent pour leur ego, pendant que le peuple se bat pour vivre dignement. La vraie bagarre, c’est contre la vie chère, pas entre notables», a réagi Julien Picot, le chef de file des communistes niçois et numéro 2 de la liste d’union avec les écologistes et socialistes.
Les deux hommes sont des habitués de ce restaurant huppé, Dupond-Moretti résidant désormais dans la capitale azuréenne. Christian Estrosi dînait encore samedi dernier à La Petite Maison en compagnie du chanteur Gilbert Montagné, qui venait de se produire au Cannet.