À l’entrée de service de la Comédie-Française, le nom de Dominique Blanc est un sésame. Disponible, chaleureuse, elle a un mot pour chacun, qu’il s’agisse de l’ancien administrateur général Éric Ruf, grâce à qui elle a intégré la troupe, ou de l’agent d’accueil. Sur le miroir de sa loge, elle a affiché un portrait de Michel Piccoli, l’œil rivé à la caméra, et un portrait d’elle avec le plasticien Anselm Kiefer. Difficile de résumer en quelques lignes un parcours commencé en 1981 sur la scène du TNP, à Villeurbanne : un compagnonnage au long cours avec Patrice Chéreau, quatre Molières et quatre Césars dont celui de la meilleure actrice dans Stand-by de Roch Stéphanik en 2001.

Dans l’ouvrage « Chantiers, je » (Actes Sud-Papiers, 2023), elle se raconte à travers trois grands rôles : Suzanne dans « le Mariage de Figaro » de Beaumarchais, mis en scène par Jean-Pierre Vincent (1987), Phèdre de Racine, dans la mise en scène de Patrice Chéreau (2003) et Angels in America de Tony Kushner, mis en scène par Arnaud Desplechin (2020). Elle s’y livre avec une sincérité rare, sans rien cacher de ses trous noirs, décortique son travail avec précision, partage son amour des grands textes. Le matin de notre entretien, elle a écrit à Emmanuel Macron pour rendre son insigne d’officier de la Légion d’honneur, remise en 2014 par François Hollande.

Pourquoi avoir fait ce geste fort ?

Dominique Blanc

Actrice récompensée par quatre Molières et quatre Césars

Je voulais le faire depuis la troisième nomination de madame Dati en tant que ministre de la Culture. Elle a de nombreuses affaires judiciaires en cours. Évidemment, il y a présomption d’innocence, mais quand on est un homme ou une femme politique il faut avoir une grande honnêteté, une grande intégrité par rapport au peuple français. Elle aurait dû refuser la deuxième nomination et partir. Elle ne l’a pas fait, donc à la troisième nomination je me suis dit qu’il fallait que je rende cette décoration.

Vous avez fait l’essentiel de votre parcours dans le théâtre public, comment réagissez-vous aux attaques populistes menées contre la culture et le théâtre subventionné ?

Le seul pouvoir qu’actionne madame Dati c’est de…