Le rappeur Maes suspecté par la justice française « d’avoir commandité des assassinats »

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Le rappeur Maes suspecté par la justice française « d’avoir commandité des assassinats »

JUSTICE – Des liens existent entre l’entourage de certains rappeurs et des figures du grand banditisme. C’est le constat établi par les journalistes Simon Piel, Paul Deutschmann et Joan Tilouine dans leur livre Empire – Enquête au cœur du rap français, paru mercredi 29 octobre aux éditions Flammarion. Selon leurs informations, confirmées par des sources proches du dossier à France Inter ce jeudi 30 octobre, le rappeur Maes est suspecté par la justice française d’avoir « commandité des assassinats », comme ils l’écrivent dans l’ouvrage.

Interrogé par la radio publique Joan Tilouine explique que l’artiste, de son vrai nom Walid Georgey, est soupçonné d’avoir contacté des tueurs à gage via des messageries cryptées pour « prendre sa revanche dans son quartier de Sevran ». « C’est un de ceux qui, dans cet univers du rap, a peut-être probablement franchi la ligne rouge », souligne-t-il.

Maes est soupçonné, à la lumière de nombreux indices graves et concordants, d’être impliqué dans plusieurs affaires criminelles en Seine-Saint-Denis, confirme France Inter, notamment dans les fusillades de mai 2024 à Sevran et Aulnay-sous-Bois, qui avaient fait plusieurs morts.

En détention au Maroc

Selon la radio, les enquêteurs ont essayé de l’interpeller Dubaï, mais s’est enfui au Maroc deux jours avant, ayant pris connaissance qu’une notice rouge d’Interpol avait été émise contre lui.

Le rappeur de 30 ans possède la double nationalité française et marocaine. Il n’est toutefois pas libre puisqu’il a été arrêté sur place, à Tanger, et placé en détention provisoire dans le cadre d’une affaire criminelle, selon des sources françaises proches de l’enquête. Un souci pour la justice française, puisque le Maroc n’extrade pas ses ressortissants.

Racket, extorsion, voire bien pire

Selon Joan Tilouine, ces liens sulfureux et « indéniables » entre l’entourage de certains rappeurs et des figures du grand banditisme sont rendus possibles « par le laisser-faire des majors, des grandes sociétés de distribution de la musique, qui versent des millions d’euros à des sociétés liées à des grandes figures de la grande criminalité ».

L’industrie du rap est celle où il « y a le plus d’argent aujourd’hui » dans l’industrie musicale française, poursuit-il. « Il y a des dizaines et des dizaines de millions d’euros qui sont déversés par les majors, et donc effectivement ce flux d’argent attise énormément de convoitises. »

« Aujourd’hui, on n’est plus seulement sur du racket ou de l’extorsion, même si ça a lieu, mais c’est beaucoup plus sophistiqué, poursuit l’auteur. On voit que les organisations criminelles se mettent sur les contrats, par exemple […], se mettent comme coproducteurs, créent des structures financières. »