Les plus jeunes n’avaient que quelques jours, la plus âgée 93 ans. Plus de 900 personnes sans domicile fixe sont décédées en France l’an dernier, selon un décompte publié ce jeudi par le collectif Les morts de la rue. « Tous les indicateurs sont au rouge, il y a urgence à se mobiliser », alerte auprès de l’AFP Adèle Lenormand, membre du collectif.
Des hommes, des femmes mais aussi des enfants : 912 décès ont été dénombrés, soit « un nouveau record effroyable », depuis le premier recensement de 2012. A titre de comparaison, à la même période l’an dernier, le collectif avait comptabilisé 735 morts pour 2023. La hausse constatée est liée en partie à « l’augmentation du nombre de personnes sans domicile fixe », mais aussi au fait que le collectif reçoit plus de signalements de la part des particuliers, d’associations et de structures d’accompagnement social, explique Adèle Lenormand, qui a coordonné l’enquête.
La part de femmes mortes à la rue est en hausse
Ces personnes SDF sont décédées de manière « prématurée » : à 47,7 ans en moyenne, soit un écart d’espérance de vie de 32 ans avec la population générale. Un âge moyen en recul. Il s’agit en majorité d’hommes (82 %) mais la part de femmes (13 %) est « en hausse, reflétant une féminisation du sans-abrisme », selon le collectif. Fait « inquiétant », 4 % des décès concernent des moins de 15 ans, soit « un doublement par rapport à la période 2012-2023 ».
« C’est lié à la progression du nombre de familles dans la rue », précise Adèle Lenormand. Les plus jeunes personnes décédées recensées sont, selon elle, des bébés de quelques jours à peine. A l’inverse, la personne la plus âgée avait 93 ans. « On observe une progression du nombre de personnes vieillissantes sans domicile fixe, détaille Adèle Lenormand. Depuis l’an dernier, des personnes âgées se retrouvent à la rue pour la première fois à la suite d’une expulsion. »
Une partie des personnes décédées en 2024 vivaient dans la rue au moment de leur mort, d’autres étaient hébergées, dans des structures d’urgence ou de soins. Dans de nombreux cas, la cause du décès reste inconnue (40 %). Pour 17 %, il s’agit d’une mort violente (noyade, agression, suicide). Il est difficile de connaître précisément le nombre de personnes sans domicile fixe en France : elles seraient environ 350.000, dont 20.000 à la rue, selon la Fondation pour le Logement (ex-Fondation Abbé Pierre).