« L’ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale, basé notamment sur le primat des Droits de l’homme et un développement équilibré du commerce international, est aujourd’hui remis en question. Avec l’administration Trump et l’administration Poutine c’est la loi du plus fort qui tend à régir les relations internationales. Parallèlement la montée des tensions géopolitiques et les remises en cause internes du modèle démocratique soulignent l’érosion de l’influence exercée par l’Union européenne », analyse le consultant stratégique Guillaume Klossa, 52 ans, président du laboratoire d’idées EuropaNova, qu’il a cofondé en 2003 avec Enrico Letta, l’ancien président du conseil italien.

Fort de ce constat, celui qui fut conseiller spécial du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker , s’est résolu, au retour d’un déplacement à Strasbourg dans le cadre du 80e anniversaire de Libération de la ville, à lancer un débat transpartisan « sur la puissance et la souveraineté dont l’Europe a besoin pour continuer d’exercer une influence dans le monde et défendre les intérêts de ses citoyens ». Son association EuropaNova a pour cela convaincu près d’une centaine de personnalités françaises et européennes du monde de la politique, de l’entreprise, de la culture et de la société civile, à se réunir les 26 et 27 novembre prochains dans la capitale alsacienne « pour repenser le rôle de l’Europe un monde en plein bouleversement ».

Trois anciens commissaires européens parmi les participants

Parmi les personnalités ayant accepté de coprésider et de participer à la conférence, baptisée « Europa Power Initiative », figurent les anciens commissaires européens Margrethe Verstager , Mariya Gabriel et Nicolas Schmit, la présidente de la Confédération européenne des syndicats Esther Lynch, le patron du lobby de l’industrie européenne Jean-François van Boxmeer et le philosophe Slavoj Zizek. « Pour nous éclairer il y aura aussi des personnalités non-européennes comme Henry-Paul Rousseau, le délégué général du Québec à Paris, et Bahadir Kaleagasi, président de l’Institut du Bosphore. La maire de Strasbourg, les présidents de la Région Grand Est et de Collectivité européenne d’Alsace, ainsi que des acteurs économiques et universitaires alsaciens seront également des nôtres », précise Guillaume Klossa.

La session d’ouverture se tiendra dans l’aula du Palais universitaire. Le second jour, des groupes de réflexion doivent s’y réunir avant la séance de clôture qui aura lieu dans l’hémicycle du Parlement européen (*).

« Le droit et la coopération doivent l’emporter sur le chaos et la force brute »

« Il s’agira d’identifier les questions clés qu’il s’agit de mettre d’urgence à l’agenda pour accélérer la transformation de l’Union européenne tout en lançant le débat sur le type de puissance dont le monde a besoin pour répondre aux enjeux communs. On définira également les orientations de la déclaration collective qui sera publiée avant le conseil européen de mi-décembre », résume le président d’EuropaNova pour qui « le droit et la coopération doivent l’emporter sur le chaos et la force brute ».

Cette rencontre, poursuit-il, « doit déboucher sur la constitution d’un réseau d’acteurs, qui relaieront le débat dans leurs pays respectifs ». Elle doit également permettre d’installer à Strasbourg un forum annuel sur la puissance et la souveraineté européennes. « On vise le même standing que la Conférence de Munich sur la sécurité dès la première édition qui devrait avoir lieu en novembre 2026 ».

Cet événement, placé sous le patronage du président de la République, n’est pas le premier initié par EuropaNova dans la capitale alsacienne. En avril 2010, EuropaNova y avait coorganisé avec le Mouvement européen et l’Institut Jacques-Delors la troisième édition des États généraux de l’Europe, un rassemblement de la société civile qui s’est tenu au palais des congrès à l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration Schuman.

* Les sessions du 26 novembre et du 27 novembre (après-midi) sont ouvertes au public sur inscription (www.billetweb.fr/europa-power-initiative)