Va-t-il un jour exister ? Le parvis Nicolas-Sarkozy du futur hôtel des polices de Nice, qui fait couler beaucoup d’encre depuis un mois, pourrait bien ne jamais voir le jour. C’est en tout cas le souhait des élus d’opposition dugroupe écologiste, à qui la préfecture a donné raison hier.

Rembobinons. Lors du dernier conseil municipal, le 1er octobre 2025, le maire Christian Estrosi avait fait adopter un vœu dans l’optique de donner à cet espace public le nom de Nicolas Sarkozy, aujourd’hui incarcéré. Une idée sortie du chapeau de l’édile le 29 septembre, partagée sur son compte X (ex-Twitter), alors que l’ancien président de la République venait d’être condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs dans le dossier du financement libyen.

Des militants ont manifesté ce mardi contre le projet de parvis Sarkozy à Nice.

Mais tout cela est-il bien légal ? À l’issue dudit conseil municipal, Juliette Chesnel-Le Roux, cheffe de file de l’opposition écologiste au maire de Nice et candidate aux élections municipales sur une liste d’alliance avec le PS et le PCF, avait saisi le préfet des Alpes-Maritimes. Pour demander tout bonnement à Laurent Hottiaux d’annuler cette décision. Car selon elle, ce vœu – qui n’était pas à l’ordre du jour – ne peut remplacer une délibération en bonne et due forme.

Plusieurs manifestations organisées

« Christian Estrosi avait précisé que ce vœu serait une décision exécutoire une fois transmise au contrôle de légalité et qu’il n’était pas nécessaire de la confirmer par le biais d’une délibération », avait-elle alors fait valoir au représentant de l’État. Ajoutant, sur le fond : « La décision d’attribuer le nom d’une personnalité condamnée définitivement pour des atteintes à la probité est de nature à provoquer des troubles à l’ordre public, à heurter la sensibilité des personnes et à porter atteinte à l’image de la ville. »

Depuis, plusieurs manifestations ont été organisées pour dénoncer l’idée du maire de Nice, tandis que Nicolas Sarkozy a été incarcéré à la prison de la Santé le 27 octobre. Une idée alternative a également fait son bonhomme de chemin : Célia Viale et Thierry Vimal, deux victimes de l’attaque terroriste du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, ont proposé de baptiser le futur parvis du méga-commissariat « Esplanade du 14-Juillet-2016 », en hommage aux victimes. « Ce serait décent et respectueux », avancent-ils. Une proposition appuyée par l’ensemble de la gauche azuréenne.

Célia Viale et Thierry Vimal demandent à la Ville de ne pas baptiser le parvis de l’hôtel des polices « Nicolas-Sarkozy », mais « Esplanade du 14-Juillet-2016 ».

« La ville de Nice ne doit pas tomber dans l’indignité »

Le groupe des élus écologistes d’opposition au conseil municipal a repris la balle au bond et s’apprête à présenter, au prochain conseil municipal, un vœu en ce sens. Arguant que Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance « notamment pour des faits liés à des échanges avec des terroristes libyens, commanditaires de l’attentat du DC-10 d’UTA ayant causé la mort de 170 personnes, dont 54 citoyens français. […] Les familles des victimes [des attentats de Nice du 14 juillet 2016 et du 29 octobre 2020] ont exprimé leur profonde inquiétude face à toute initiative tendant à glorifier une personnalité politique récemment condamnée, estimant qu’un tel geste serait perçu comme une blessure supplémentaire pour celles et ceux qui ont déjà payé le plus lourd tribut à la violence terroriste. » Ajoutant, laconiquement : « La ville de Nice ne doit pas tomber dans l’indignité. »

Nice-Matin a par ailleurs lancé une consultation en ligne, ce jeudi 30 octobre en début de journée, pour savoir laquelle des deux appellations avait la préférence des Niçois. En milieu d’après-midi, plus de 2560 personnes avaient déjà participé à ce vote : l’initiative du maire ne recueillait alors que 8,5 % des suffrages, contre 91,5 % pour l’« Esplanade 14-Juillet-2016 ».