Ce vendredi soir, en première partie de soirée sur la Six, les équipes de Julien Courbet s’attaquent à l’affaire qui a fait chuter le plus jeune milliardaire de France, Sadri Fegaier.
À la tête de ce système tentaculaire : un certain Sadri Fegaier. À 38 ans, il est devenu le plus jeune milliardaire de France mais a été poursuivi pour escroquerie, association de malfaiteurs et utilisation frauduleuse de données bancaires. Le magazine «Arnaques» de M6, présenté par Julien Courbet et diffusé ce vendredi soir, a décidé d’enquêter sur l’un des plus retentissants scandales financiers de ces dernières décennies.
Tout commence en 1999, lorsque ce chef d’entreprise décide d’ouvrir sa société : la SFAM, Société Française d’Assurance Multimédia à Roanne (Loire). Très vite, elle prend de l’ampleur, mais en 2022, les plaintes commencent à s’accumuler. La cause ? L’entreprise retire de l’argent sur les comptes bancaires de ses clients de manière illégale et ne les rembourse pas.
Parmi eux, Rolando. Après son passage en boutique dans lequel il refuse de prendre l’assurance, il se rend compte, deux ans après, que l’entreprise lui prélève quand même de l’argent. Au total, 4.700 euros. Des prélèvements qui commencent six mois après son passage en magasin. La cause ? Un faux contrat d’assurance où son identité a été falsifiée, signature imitée.
Autre victime, un couple vivant près de Montélimar en 2018 : «On m’a pris 20.000 euros pour une enceinte qui en valait 56 euros», se lamente Isabelle. Le préjudice total de cette vaste arnaque est estimé aujourd’hui à… 25 millions d’euros !
Sadri Fegaier généreux avec ses employés
Après l’accumulation de plaintes de 2022, les anciens employés de la SFAM sont surchargés de demandes. Ils se souviennent auprès des journalistes de M6 : « Il y avait des centaines d’appels, des gens qui venaient » ; « Une femme enceinte avec son bébé, des papis, des mamies qui pleuraient, ils n’avaient plus de quoi manger » ; « Un père de famille seul avec deux enfants qui ne s’en sortait plus était à deux doigts de s’immoler par le feu ». L’évènement avait fait du bruit à l’époque, couvert notamment par la presse locale dont Le Dauphiné Libéré avec un article intitulé : « Ils me doivent 2000 euros, un homme manqua de s’immoler devant le siège d’Indexia (ex-Sfam)».
Très vite, ils se rendent compte que quelque chose cloche. Comme Claude, superviseur à la SFAM pendant 7 ans, qui constate que les demandes de remboursement des clients sont constamment rejetées mais Sadri Fegaier ne souhaite pas répondre à ses questions. Pire : il la menace. Et pour cause, le service remboursement n’a jamais existé.
Même si les employés se posaient des questions, ils n’envisagent pas de démissionner pour autant, au vu de leurs salaires 40% plus élevés que la concurrence. «Personnellement, au lieu de toucher 1500 euros (dans une autre entreprise, ndlr.), je me suis retrouvée à plus de 3000 euros. Je me suis dit : “Mince, si je pars, qu’est ce qui se passe ?” Parce que j’ai un train de vie qui est équivalent à 2500, 3500 ! C’est un véritable piège qui s’est refermé sur les salariés… », confie-t-elle à la journaliste de M6. Effectivement, Sadri Fegaier se montre généreux avec ses salariés, n’hésitant pas à les augmenter régulièrement ou à les couvrir de cadeaux et de primes, pouvant aller jusqu’à 3000 euros pour les managers.
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Cette séquence est scandaleuse
Emma Léatie, avocate de 1200 victimes
En décembre 2024, l’escroc a été condamné à 16 mois de prison ferme et à 300.000 euros d’amende. Cependant, les journalistes qui ont enquêté ont poursuivi leur reportage jusqu’à Madagascar où une antenne de l’entreprise existait jusqu’avant son procès. Une séquence commentée par Emma Léatie, l’avocate de 1200 victimes : «Cette séquence est scandaleuse. Ça pourrait être une association de malfaiteurs. On voit des anciens salariés de la SFAM qui créent des sociétés tierces et qui utilisent les bases de données de la SFAM pour procéder à des débits sur le compte des Français sans leur consentement et sans même qu’ils soient au courant. C’est extrêmement grave, c’est une fraude, c’est un scandale. Quand est-ce que la justice va ouvrir les yeux sur ce sujet ? », s’est-elle indignée.
La société de Sadri Fegaier, endettée à hauteur de 500 millions d’euros, a été placée en liquidation judiciaire. Aujourd’hui, l’homme d’affaires vivrait en Espagne où il aurait relancé un nouveau business. Le procès des victimes doit se tenir en avril 2026.