L’Union européenne et l’Éthiopie ont signé à Addis-Abeba, mardi 28 octobre, un accord de financement de 90 millions d’euros dans le cadre du Plan d’action annuel 2025 (AAP-2025). Cet appui, inscrit dans la stratégie Global Gateway de l’UE, vise à accompagner les réformes économiques et la reconstruction post-conflit engagées par le gouvernement éthiopien.

Pour la ministre d’État éthiopienne des Finances, Semereta Sewasew, cette initiative « revêt une valeur à la fois symbolique et stratégique », traduisant la relance d’un partenariat historique. Selon elle, le plan ouvre « une nouvelle étape dans le partenariat de longue date » entre Bruxelles et Addis-Abeba, dans un contexte où l’Éthiopie cherche à restaurer la confiance des investisseurs.

Les fonds alloués ne visent pas directement à financer des projets d’investissement, mais à renforcer les fondamentaux économiques et institutionnels du pays. L’AAP-2025 soutiendra entre autres la gouvernance foncière, la conservation de la nature, l’autonomisation des femmes et l’intégration des migrants. En cohérence avec le programme national Home-Grown Economic Reform Agenda, dont l’objectif est de libéraliser les secteurs clés et de renforcer la compétitivité du pays, les fonds s’inscrivent également dans un objectif de « conservation de la biodiversité et construction d’une économie verte résiliente face au climat ».

Une coopération en reprise après le gel post-conflit

Historiquement, l’Éthiopie a toujours été un partenaire privilégié de l’Union européenne en Afrique de l’Est. En 2020, toutefois, Bruxelles avait suspendu sa coopération après le déclenchement de la guerre dans la région du Tigré. Depuis, les deux partenaires s’efforcent de réengager un dialogue économique et politique structuré.

En octobre 2023, un Programme indicatif pluriannuel (PIP) de 650 millions d’euros a été conclu pour soutenir la reconstruction post-conflit et promouvoir un développement durable et inclusif. S’étendant sur la période 2024-2027, ce programme s’articule autour de la croissance verte, de la gouvernance, du capital humain et de la consolidation de la paix. En avril 2024, un Programme d’action annuel de 240 millions d’euros est venu renforcer cet engagement, notamment autour des thèmes de la gouvernance, de la transition verte et de la résilience économique.

Un dialogue public-privé pour consolider la confiance

Le nouveau plan, adossé à la stratégie Global Gateway, vise à renforcer cette dynamique en ouvrant la voie à davantage d’investissements privés. En marge de la signature, un dialogue public-privé (PPD) a réuni le gouvernement éthiopien et plusieurs entreprises européennes déjà implantées dans le pays. Les discussions ont porté sur la fiscalité, les procédures douanières, la protection des investissements, les baux fonciers et la coordination interinstitutionnelle.

L’Union européenne demeure par ailleurs l’un des principaux investisseurs étrangers en Éthiopie, représentant environ 16 % des flux d’investissements directs étrangers (IDE) pour un stock estimé à 3,5 milliards d’euros, selon les données de la Délégation de l’UE en Ethiopie, publiées en 2024. Plusieurs entreprises européennes sont présentes dans les secteurs stratégiques de l’énergie, de l’agro-industrie, des infrastructures et des services financiers — parmi lesquelles le groupe français BGI-Castel, actif dans la brasserie et la viticulture, ou Peugeot, qui a ouvert en 2016 une usine d’assemblage à Wukro, dans la région du Tigré, à 800 km au nord de la capitale Addis-Abeba.

Cette présence, appelée à se renforcer, bénéficie du soutien de la Banque européenne d’investissement (BEI), qui a déjà engagé plus de 490 millions d’euros dans le pays, notamment dans des projets liés à l’énergie, à la santé et au développement du secteur privé.

Le commissaire éthiopien à l’investissement, Zeleke Temesgen, a souligné que cette concertation « permettra de lever les obstacles qui freinent les investisseurs européens […] et de tracer de nouvelles perspectives de coopération ».