Lorsque le président fédéral Frank-Walter Steinmeier se rendra en Égypte ce 1er novembre, il entamera sa tournée africaine d’une semaine par la cérémonie d’ouverture du Grand Musée égyptien. Ce musée archéologique majeur, qui abrite plus de 100 000 artefacts, présentera pour la première fois l’intégralité du trésor funéraire de Toutankhamon.

Mais au-delà de la culture, l’objectif principal de cette visite qui le conduira également au Ghana et en Angola, est de renforcer la coopération économique entre l’Allemagne et le continent africain. Et pour l’occasion, le président est accompagné d’une délégation d’entrepreneurs allemands.

L’Égypte, un marché attractif

Selon Khadi Camara, directrice adjointe du département « Pays et marchés » l’Association économique germano-africaine, l’Égypte représente un marché clé pour les entreprises allemandes.

« C’est l’un des rares pays où l’Allemagne réalise de grands projets dans plusieurs secteurs – infrastructures, transport ferroviaire, numérisation et industrie », souligne-t-elle.

De plus en plus d’entreprises choisissent l’Égypte comme base régionale. Sur le plan politique, Steinmeier abordera également la situation sécuritaire régionale et rencontrera le président Abdel Fattah al-Sissi, acteur diplomatique de premier plan dans les efforts de médiation à Gaza.

En septembre 2024, Steinmeier avait déjà salué le rôle de médiateur du Caire dans le conflit au Proche-Orient.

Le vaccin contre la malariaL’un des volets les plus prometteurs de la coopération germano-ghanéenne est le développement de la production locale de vaccins.Image : Joseph Oduor/AP Photo/picture alliance

Ghana : partenaire clé du « Compact with Africa »

L’Égypte et le Ghana sont tous deux membres de l’initiative G20 Compact with Africa (CwA), lancée par l’Allemagne en 2017 pour favoriser les investissements et la croissance durable dans des pays africains réformateurs. Treize pays africains en font partie.

Selon Khadi Camara, ce programme a permis d’améliorer la notation des risques pour les garanties à l’exportation allemandes. Mais des obstacles au commerce persistent, souligne-t-elle : « Les conditions-cadres ne sont pas encore optimales, il faut poursuivre la levée des barrières. »

Le 3 novembre, Steinmeier rencontrera à Accra le président John Dramani Mahama, élu en décembre dernier sur la promesse d’une économie « moderne, active jour et nuit ». Le pays mise sur le secteur minier (or) et le bâtiment pour relancer sa croissance.

Avec près de 35 millions d’habitants, le Ghana est une économie de taille moyenne, exportant principalement le cacao, mais aussi des fruits, du caoutchouc et des minerais vers l’Allemagne.

Innovation et production de vaccins

L’un des volets les plus prometteurs de la coopération germano-ghanéenne est le développement de la production locale de vaccins. L’Allemagne et l’Union européenne soutiennent le Ghana dans sa volonté de devenir un centre pharmaceutique ouest-africain, créant ainsi emplois et meilleure couverture sanitaire.

Steinmeier rencontrera également des jeunes entrepreneurs pour discuter de l’innovation. Selon Anna Lena Wasserfall, directrice du bureau ghanéen de la Fondation Konrad-Adenauer (KAS), le Ghana est un pays prioritaire pour la coopération allemande au développement, notamment dans les énergies renouvelables, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.

Elle rappelle le contexte régional marqué par une série de coups d’État en Afrique de l’Ouest, qui a fragilisé la confiance avec certains partenaires occidentaux. Anna Lena Wasserfall note que les réformes bancaires et les nouvelles lois favorisant la création d’entreprises ont renforcé structurellement le Ghana, mais n’ont pas encore déclenché une dynamique d’investissement significative.

Angola Luanda 2024L’Égypte est intéressante pour les entreprises allemandes dans de nombreux secteurs industriels et technologiques.Image : José Adalberto/DW

Angola : nouvel acteur en vue

Dernière étape de la tournée : l’Angola, du 5 au 7 novembre. Steinmeier y sera le premier président fédéral allemand à s’y rendre. Le pays, riche en pétrole et célébrant son 50ᵉ anniversaire d’indépendance, souhaite intégrer le Compact with Africa.

Selon Khadi Camara, le gouvernement angolais a fait de la diversification économique une priorité. Les entreprises allemandes sont déjà actives dans l’hydrogène, l’hydroélectricité, les infrastructures, la santé et l’agriculture.

À Luanda, Steinmeier rencontrera le président João Lourenço, également président en exercice de l’Union africaine, médiateur reconnu dans le conflit entre la RDC et le Rwanda.

À Huambo, il visitera le corridor de Lobito, un axe commercial stratégique reliant la côte atlantique de l’Angola aux mines de cuivre du sud de la RDC et de Zambie. Ce projet, soutenu par l’initiative européenne Global Gateway, est considéré par Bruxelles comme un pilier du commerce futur Afrique-Europe, en réponse à la Nouvelle Route de la Soie chinoise.

Pour Anna Lena Wasserfall, cette tournée présidentielle envoie un signal important : « Les relations avec les pays africains ont été reléguées au second plan, alors qu’elles sont essentielles pour diversifier nos partenariats et réduire nos dépendances. »

Ainsi, la visite de Steinmeier marque une volonté renouvelée de rapprochement économique et politique entre l’Allemagne et ses partenaires africains.