L’institut européen des statistiques révèle que les recettes fiscales et les cotisations sociales ont représenté 45,8% du PIB danois l’année passée, contre 45,3% pour la France.

Alors qu’une «taxomanie» sans précédent semble avoir gagné l’Assemblée nationale ces derniers jours, les derniers chiffres d’Eurostat ont le mérite de remettre les choses dans leur contexte. Après avoir longtemps été championne d’Europe de la pression fiscale, la France s’est positionnée en 2024 à la deuxième place, juste derrière le Danemark. L’institut européen des statistiques révèle ce vendredi 31 octobre que les recettes provenant des impôts et des cotisations sociales ont représenté 45,8% du PIB danois l’an passée, contre 45,3% pour la France. La Belgique arrive en troisième position, avec 45,1% de prélèvement. L’écart est mince, mais symbolique : Paris détenait le record depuis 2015, année où le ratio français avait culminé à 47,9%.

Mais restons prudents : cette légère décrue de la pression fiscale ne traduit pas une baisse d’impôts, mais elle s’explique plutôt par un phénomène mécanique. Ces dernières années en effet, comme l’expliquait Bruno Le Maire en mai 2024, les recettes fiscales françaises ont progressé moins vite que l’activité économique du pays. L’État a également perçu moins que prévu en TVA, en impôts sur les transactions immobilières ou encore en impôts sur les sociétés. Résultat : un creusement du déficit public, mais aussi un ratio impôts sur PIB légèrement plus faible qu’auparavant.


Passer la publicité

L’Europe taxe toujours plus

À l’échelle du continent européen, le poids des prélèvements obligatoires continue toutefois à gagner du terrain. «En termes absolus, en 2024, les recettes provenant des impôts et des cotisations sociales ont augmenté de 387 milliards d’euros dans l’UE par rapport à 2023, pour s’établir à 7.281 milliards d’euros», précise Eurostat. «Le ratio global impôts/PIB (…) s’est établi à 40,4% dans l’UE en 2024, contre 39,9% en 2023. Dans la zone euro, le ratio impôts/PIB a également augmenté, passant de 40,5 % en 2023 à 40,9 % en 2024», poursuit l’institut de statistiques. Une progression qui illustre la place centrale de la fiscalité dans le financement des modèles sociaux européens.

Cette hausse est cependant loin d’être uniforme. Vingt-deux pays voient leur ratio impôts/PIB augmenter, les progressions les plus fortes se situant à Malte (de 26,7% à 29,3%), en Lettonie (33% à 35,5%) et en Slovénie (36,8% à 38,8%). À l’inverse, la France affiche un léger recul entre 2023 et 2024 (45,6% à 45,3%). Les écarts entre États sont également considérables, puisque l’Irlande, la Roumanie ou Malte se situent nettement sous les 30%.

Ces différences tiennent autant à des choix fiscaux qu’à des modèles sociaux différents : dans certains pays, les assurances maladie ou retraite, par exemple, reposent davantage sur les cotisations privées que sur les prélèvements publics. À cela s’ajoutent l’ampleur variable des politiques de redistribution et l’efficacité comparée des services publics. Reste que ces chiffres témoignent de tensions communes à l’ensemble de l’UE : comment financer l’État-providence sans freiner la croissance ? Une question qui, de Copenhague à Paris, demeure au cœur du débat politique européen.