Dix fermetures en 2025 et encore d’autres à venir. Le syndicat CFDT a lancé un mouvement de grève chez l’enseigne française de boulangerie-pâtisserie Paul, présente dans tout l’hexagone. Depuis lundi, plusieurs établissements franciliens sont mobilisés contre une vague de fermetures et ce que le syndicat décrit comme un « harcèlement moral permanent ».
Quinze magasins fermés jeudi
Le mouvement a démarré avec le blocage de la boulangerie Paul de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Mais mercredi soir à 21 heures, les grévistes ont franchi un cap en bloquant l’usine de fabrication principale située rue des Belles Feuilles, dans le XVIe arrondissement de Paris.
Cette stratégie a porté ses fruits : jeudi, les quinze magasins parisiens n’ont pas été livrés et n’ont pas pu ouvrir. « En tapant à la source, c’est ce qui a le plus d’impact et surtout on ne veut aucun gaspillage, donc en empêchant la fabrication on s’en prémunit », explique Henri Fakih, délégué syndical CFDT.
Au cœur de la colère : les fermetures à répétition. Selon le syndicat, plus de dix magasins ont baissé le rideau en 2025 et d’autres fermetures sont programmées pour 2026, représentant deux cents salariés en moins. « Ils ont décidé qu’il n’y aurait plus de Paul en Seine-Saint-Denis parce que « ça ne rapporte plus » et surtout ils préfèrent se mettre dans les beaux quartiers parisiens », dénonce Henri Fakih. C’est la dernière décision de fermer le fournil situé à Rosny-sous-Bois et de la transférer à Noisy-le-Grand qui a motivé les salariés à entrer en grève.
« La nouvelle politique, c’est qu’ils ne veulent purement et simplement plus être dans les centres commerciaux. Ils ferment les magasins dès que les baux arrivent à terme », poursuit le délégué syndical. L’enseigne, qui comptait plus de cent magasins en France il y a quelques années, n’en aurait plus que soixante-dix aujourd’hui. « Notre inquiétude, c’est d’être remplacés par des franchises en France aussi », alors que le groupe Holder, propriétaire de Paul, affiche une stratégie d’expansion internationale avec un objectif d’ouverture dans plusieurs pays africains.
« Prêts à poursuivre le mouvement »
Au-delà des fermetures, les salariés dénoncent des conditions de travail dégradées. Heures non payées, ruptures conventionnelles jugées abusives, mutations contraintes, objectifs de chiffre d’affaires « gonflés artificiellement pour bloquer le versement des primes » : le catalogue des griefs est long. « On a toujours moins de personnel, ce qui signifie de moins bonnes conditions de travail et d’accueil », résume Henri Fakih.
Les revendications sont claires : arrêt immédiat des fermetures, respect des droits des salariés, fin du harcèlement moral, paiement intégral des heures travaillées et transparence sur la situation de l’entreprise. Une réunion est prévue ce vendredi 31 octobre dans l’après-midi à Paris entre les grévistes et la direction.
« Nous sommes prêts à poursuivre le mouvement le temps qu’il faudra si on ne nous entend pas », prévient le délégué syndical, qui annonce que d’autres boutiques comme Créteil Soleil, Vélizy 2 et Noisy-le-Grand sont prêtes à rejoindre le mouvement.