En 2024, seulement 62,5 % des trains allemands circulaient à l’heure. Côté ICE (trains à grande vitesse) et Inter-city, même pas deux trains sur trois respectent les horaires. Dans des documents internes qui ont fuité dans la presse allemande, la Deutsche Bahn reconnaît elle-même que la ponctualité est « historiquement mauvaise ». Depuis la fin de l’année dernière, les Chemins de fer fédéraux suisses (CFF) ont même pris la décision radicale de stopper les trains allemands internationaux en retard à la gare frontière de Bâle Badischer Bahnhof. Dans un pays où la ponctualité ferroviaire est une religion (98 % de trains à l’heure en Suisse), Les CFF refusent de voir leur plan de circulation perturbé par des trains allemands en retard.
Conséquence de tout ça, le patron de la Deutsche Bahn depuis 2017, Richard Lutz, ne serait pas loin d’être aiguillé vers la sortie. Le démettre de ses fonctions est une option actuellement discutée par les conservateurs de la CDU et les sociaux-démocrates du SPD dans le cadre des négociations en cours en vue de former un nouveau gouvernement après les élections législatives de février dernier. La Deutsche Bahn est détenue à 100 % par l’État allemand. Outre une ponctualité défaillante, la DB affiche aussi des comptes dans le rouge depuis des années. Le groupe a perdu 1,8 milliard d’euros en 2024 et sa dette dépasse les 32 milliards d’euros.
Un réseau ferroviaire vétuste
La principale cause de retard des trains allemands tient à la vétusté du réseau ferré. Le rail allemand a manqué d’investissement ces dernières années, au point que des travaux d’urgence doivent être menés, lesquels, n’étant par définition pas prévus, contraignent l’opérateur à bouleverser son plan de circulation, provoquant annulations, retards et remplacements de trains par des cars.
Les Alsaciens qui ont l’habitude de circuler en train outre-Rhin ont pu le constater par eux-mêmes. La Rheintalbahn, c’est-à-dire la liaison Karlsruhe-Bâle, est continuellement en travaux depuis plusieurs années. Et un nouveau chantier portant notamment sur les aiguillages du nœud ferroviaire d’Offenbourg doit démarrer dès le Vendredi saint 18 avril et durer jusqu’au 27 avril. Les usagers peuvent s’attendre à de grosses perturbations. La DB a prévu de faire circuler entre 100 et 130 bus de remplacement chaque jour. Par la suite, des tronçons de cette ligne longue de 200 kilomètres devraient être fermés durant de longues semaines pour d’autres travaux.
Lors de sa dernière réunion, le 27 mars dernier, le conseil de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, présidé par la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian, a d’ailleurs voté une motion demandant à la DB de faire preuve de diligence dans ces travaux afin de réduire au maximum les périodes de fermeture de la ligne. Des bus circulent aussi et déjà, en lieu et place des trains, actuellement sur la Schwarzwaldbahn, une ligne parmi les plus touristiques au monde : chaque année onze millions de voyageurs empruntent cette liaison entre Karlsruhe et Constance en passant par la Forêt-Noire. Les travaux devraient être achevés au plus tard pour le Vendredi saint 18 avril, c’est-à-dire pile pour le début de la saison estivale.
Au total, d’ici 2030, quarante tronçons ferroviaires parmi les plus importants d’Allemagne seront rénovés. Et la Deutsche Bahn promet un retour à une ponctualité de 75 à 80 % des trains d’ici 2027.
Un dossier de trois pages sur ces sujets est à retrouver en allemand dès mardi 8 avril dans le prochain numéro de Rheinblick Magazin , supplément hebdomadaire bilingue franco-allemand des journaux L’Alsace et les DNA , proposé sur abonnement à tous les lecteurs de ces deux journaux (écrire par courriel à l’adresse : alsrheinblick@lalsace.fr). Rheinblick est disponible en format papier et/ou sur le site internet des journaux (page d’accueil, rubrique “Lire le journal”).