Par
Ludivine Caporal
Publié le
1 nov. 2025 à 9h08
L’affaire est remontée jusqu’en justice. Et Lionel Vaganay pourrait bien gagner face à la Ville de Lyon. Le patron du bar-café de Bon-Secours, situé rue du Bœuf dans le Vieux-Lyon, vient en effet de saisir le tribunal administratif suite au refus de la municipalité de le laisser installer une petite terrasse « à la parisienne » devant son établissement.
Les arguments principaux avancés : le fait que cette installation gênerait le passage des pompiers et irait à l’encontre du règlement du SDMIS (Service Départemental-Métropolitain d’Incendie et de Secours). Ce qui est inexact.
Une « contrainte technique » mentionnée par la mairie
C’est d’abord en visionnant de simples photos, montrant clairement un camion-échelle passant sans difficulté dans la rue de Lionel Vaganay, avec la terrasse installée, qu’il est possible de facilement contrecarrer le premier point formulé par la municipalité.

Le passage du camion-échelle devant la terrasse de Lionel Vaganay. (©Document remis à actu Lyon)
Mais qu’importe. Pour la Ville de Lyon, la problématique irait en fait bien au-delà de ça puisque, de toutes les manières, le bar-café de Bon-Secours ne pourrait pas légalement bénéficier d’une terrasse en raison de la largeur de sa rue, « inférieure à 5 mètres ».
Une « contrainte technique » qui ne permettrait pas de respecter deux réglementations, d’après les éléments de réponse transmis à actu Lyon par la mairie : celle du SDMIS concernant l’accès des véhicules de secours, et celle de la municipalité liée aux occupations commerciales du domaine public, « article 28 ».
3 à 4 mètres mentionnés par le SDMIS, mais pas 5
Sauf que la réglementation du SDMIS dit tout autre chose. Dans un document officiel, il est simplement écrit que « l’implantation des terrasses fixes doit préserver les conditions d’accessibilité suivantes […] : largeur minimum de 3 mètres pour une voie engins, largeur de 4 mètres minimum pour la mise en station de l’échelle aérienne ».
Des valeurs confirmées par le service prévention du SDMIS auprès de notre rédaction, qui affirme par ailleurs que la petite terrasse du bar-café de Bon-Secours est davantage considérée, de leur côté, comme une « occupation du domaine public » plutôt qu’une véritable « terrasse fixe et en dur » à l’image des terrasses saisonnières en bois.
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
« De simples tables et chaises comme ça, ça ne nous pose pas vraiment de souci en intervention. Ça s’enlève en moins de deux, on a l’habitude », glisse le service.
« Je ne vois pas pourquoi, comparé à d’autres, je n’y aurai pas droit »
Une souplesse des secours qui pourrait ainsi expliquer la présence de terrasses dans de nombreuses rues de la ville disposant d’un accès plus restreint que les 3/4 mètres réglementaires.
« Dans plusieurs rues à côté de la mienne, je suis allé mesurer les distances entre les terrasses. J’ai compté 3,35 mètres. Comme entre ma terrasse et le mur. Et je rappelle que je n’ai que 12 places, toutes installées dos à l’établissement pour voir la rue », appuie Lionel Vaganay, qui estime que son dossier n’a même pas été considéré par la mairie avant d’être refusé.
Je ne vois pas pourquoi, comparé à d’autres, je n’y aurais pas droit. Il y a du copinage, des passes droits, c’est tout ! C’est de la concurrence déloyale. Moi, j’ai besoin de cette terrasse. En termes de chiffre d’affaires, c’est du simple au double quand je l’enlève. S’il y a une urgence, on n’est pas des dégénérés et des débiles mentaux, bien sûr qu’on va bouger et déplacer le mobilier !
Lionel Vaganay
Patron du bar-café de Bon-Secours
La Ville est-elle allée au bout de la démarche ?
Quant à l’article 28 du règlement de la Ville de Lyon, présenté comme justification, celui-ci mentionne bien « qu’aucune autorisation d’occupation du domaine public ne sera délivrée » sur les voies piétonnes « d’une largeur inférieure à 5 mètres »… mais « sauf avis favorable des services de sécurité et de lutte contre l’incendie ».
Une exception à laquelle Lionel Vaganay pourrait donc sans doute prétendre. Mais la municipalité a-t-elle seulement demandé l’avis du SDMIS avant de refuser sa demande ?
À l’heure où nous écrivons ces lignes, elle n’a en tout cas pas été en mesure de nous présenter des échanges écrits avec le SDMIS pour justifier qu’elle était bien allée au bout de la démarche et que l’interdiction de terrasse du bar-café de Bon-Secours était bel et bien fondée.
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.