À cinq mois des élections municipales de 2026, la gauche strasbourgeoise n’a pas réussi à organiser l’union qui avait prévalu pour les élections législatives l’an dernier. Sauf retournement spectaculaire, il y aura donc a minima une liste à dominante écologiste derrière la maire sortante Jeanne Barseghian , une liste socialiste derrière l’ancienne maire Catherine Trautmann et une liste insoumise derrière le conseiller départemental Florian Kobryn.

Les petites formations issues de la majorité sortante (PCF, Place publique, Génération. s, s’linke Elsass et L’Après) tentent depuis la fin de l’été de peser à travers l’appel à un « tournant populaire ». L’appel visait large mais les discussions se résument semble-t-il à des négociations avec Jeanne Barseghian. Il n’y a pas eu de contact avec l’équipe Trautmann, et peu avec les Insoumis. D’ailleurs, les socio-démocrates de Place publique ont d’ores et déjà décidé de soutenir Jeanne Barseghian, quand les régionalistes d’Alternative alsacienne, tout en affirmant que les négociations se poursuivent, estiment que la maire sortante est « la candidate naturelle de la gauche ».

Du côté de LFI, Florian Kobryn , aussitôt désigné tête de liste , a tendu la main aux signataires de l’appel en affirmant vouloir « incarner un tournant populaire ». Mais depuis le sabordage du groupe d’opposition de la Collectivité européenne d’Alsace, ses relations avec les communistes et les écologistes sont exécrables.

Catherine Trautmann a décidé de capitaliser sur son parcours personnel mais elle devrait obtenir l’investiture du Parti socialiste dès cette semaine. « On ne cherche pas forcément d’alliances au premier tour, explique Mathieu Cahn, le bras droit de Catherine Trautmann. Et la dynamique que nous allons créer décidera s’il y aura des alliances ou pas au second tour. »

Trois dynamiques

Dans les interstices laissés par ces trois dynamiques, d’autres initiatives ont éclos, comme celle des anciens adjoints de Roland Ries, Nawel Rafik et Paul Meyer. Nawel Rafik (Territoires de progrès) assure vouloir constituer une liste social-démocrate.

La conseillère régionale socialiste Linda Ibiem, qui a renoncé à briguer l’investiture de son parti, pourrait aussi vouloir tenter de se faire une place.

Le candidat du PRG, Thibaut Vinci , se plaint lui de voir sa campagne stagner.

Dans ce paysage morcelé, la maire sortante joue la carte du rassemblement et veut s’appuyer sur les formations politiques. « Notre objectif est celui d’un rassemblement très large à gauche, affirme Silvio Philippe, le directeur de campagne de Jeanne Barseghian. Nous voulons rassembler le plus de partis de gauche possible et de citoyens. » D’ailleurs, l’équipe Barseghian a décidé d’augmenter la proportion de colistiers encartés dans des partis, qui n’est que d’environ 40 % dans l’équipe sortante. « C’est une demande, avoir des positionnements politiques clairs, avec des étiquettes politiques », dit encore Silvio Philippe. L’idée est d’arriver à 50/50, voire un peu plus d’encartés et de militants associatifs aguerris. « Nous sommes dans une période particulière, explique l’adjointe communiste Hülliya Turan. Les partis politiques ont un rôle à jouer face à la montée de la droite dure et de l’extrême droite. »

Si la question des alliances entre les trois principaux courants est écartée pour le moment, elle s’invitera dès le soir du premier tour avec en corollaire la question de savoir si la ville peut être perdue par la gauche ou pas.