« Les Russes n’ont pas encore l’armée pour envahir un pays européen… » Mais quels sont alors les véritables objectifs des drones du Kremlin ?Quels sont les atouts de l’industrie belge de l’armement ?

Mais quitte à se réarmer, le mieux est de le faire en produisant localement, en s’appuyant sur le tissu économique belge et européen. Et en n’enrichissant pas nos concurrents ou nos adversaires…

Or, que ce soit à l’échelon belge ou continental, l’industrie de l’armement a des forces à faire valoir. D’après les chiffres du Sipri, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, 26 entreprises européennes (en incluant les Britanniques) se classent parmi les 100 plus grosses du secteur, au niveau mondial.

Pourquoi le choix du F-35 est-il emblématique ?

Mais c’est encore loin, cependant, des 41 concurrents états-uniens, dont les champions trustent à eux seuls le top 5. Pas étonnant, dès lors, que notre dépendance envers l’Oncle Sam soit majeure : 64 % des importations réalisées entre 2020 et 2024 par les pays européens membres de l’OTAN provenaient des États-Unis, selon le Sipri.

« Sur ce plan, le choix de programmes comme le F-35 (l’avion de dernière génération dont la Belgique vient de recevoir les premières unités, NdlR) est emblématique, souligne Alain De Neve, chercheur à l’Institut royal supérieur de défense. On reste également dépendant de toute une série de systèmes d’armes, de munitions, de drones. Et puis, il y a les services fournis par les Américains. Si on devait s’en passer, cela nous obligerait à investir massivement dans du matériel. C’est particulièrement le cas pour le renseignement. Si les États-Unis cessaient d’alimenter l’Ukraine en renseignement spatial, on serait bien en peine de compenser ».

Poussée les USA de Trump, la Belgique de Francken investit pour se constituer une « défense en argent »L’Europe peut-elle produire plus et atteindre les quantités exigées par les Américains ?

Pour autant, le chercheur note que dans de nombreux domaines, l’Europe n’a pas à rougir en matière de compétences et d’innovations.

« Globalement, on a les savoir-faire. En revanche, monter en masse critique pose problème. On n’est pas capable, pour le moment, de produire la quantité d’équipements et de services que les Américains nous vendent ».

À quel point la Belgique et l’Europe sont dépendantes militairement des autres nations? À l’heure où le conflit avec la Russie pourrait s’intensifier