Par
Julian Doubax
Publié le
2 nov. 2025 à 6h34
« Il est difficile de rester optimiste et le cœur vaillant dans un tel contexte », admet d’emblée une restauratrice du quartier Saint-Paul à Bordeaux. Depuis 2012, un Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) est installé dans la rue Saint-James, à quelques pas de la Grosse Cloche. Si les nuisances engendrées par le lieu ne sont pas nouvelles, la colère des riverains et commerçants grimpe. Ils réclament désormais le déménagement de l’antenne perçue comme « le point névralgique des toxicomanes » qui entraîneraient des vols, agressions, deals ou encore squats.
Des dérives quotidiennes
Pour les riverains et commerçants, le quartier est devenu « un enfer à ciel ouvert » et la situation ne s’améliore pas. « C’est même de pire en pire », confie Danielle Pendanx. « Les personnes se droguent devant les enfants. quand ils n’ont pas eu leur consommation, ils deviennent ingérables et se bagarrent entre eux », explique un riverain, régulièrement témoin de ces scènes de violence.
Et les restaurants pâtissent également de ce climat. « Ils viennent réclamer de l’argent aux clients installés en terrasse. Un samedi midi, un individu a fait une overdose. Il a été évacué sous le regard des familles et enfants, un souvenir atroce », raconte une commerçante désabusée. « Quand nous étions arrivés avec mon mari en 2015, nous avions des étoiles plein les yeux. Désormais, il est difficile de rester concentré sur des actions positives. »
Un site pas adapté à son emplacement
Géré par l’association médico-sociale La Case, le Caarud permet d’accompagner les usagers de drogue et les sensibiliser aux risques majeurs (overdoses ou infections comme l’hépatite C ou le VIH) auxquels ils sont exposés via leur consommation. Un site dont les riverains et commerçants ne contestent pas l’utilité mais plutôt l’emplacement. « C’est un secteur familial, touristique et historique du centre-ville. Son implantation était une provocation à l’époque », s’insurge un riverain qui est à l’initiative d’une pétition citoyenne réclamant le déménagement du Caarud. En l’espace d’une semaine, elle a recueilli plus de 630 signatures.
Une sorte de dernière chance pour les riverains et commerçants pour faire entendre leur voix. « Nous ne sommes pas écoutés. C’est comme si nous soufflions dans un violon », indique poliment Danielle Pendanx, présidente de l’association des commerçants du quartier Saint-Paul. De son côté, la mairie de Bordeaux assure que le dialogue est entretenu.
« Il existe et c’est une priorité. Nous sommes en ligne directe avec les habitants et une nouvelle rencontre est prochainement prévue », assure Marc Etcheverry, adjoint chargé de la sécurité mais également maire-adjoint du quartier Bordeaux centre. L’élu rappelle aussi qu’il « ne faut pas oublier l’acteur étatique » car le Caarud est sous l’autorité de l’Agence régionale de santé.
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Partir mais où ?
Le déménagement est donc bien la priorité des habitants mais la mairie de Bordeaux ne rejoint pas cette idée. « Il faut un Caarud dans ce quartier qui est en grande détresse mais aussi car ces instances sont indispensables dans le centre-ville. », estime Marc Etcheverry.
L’adjoint à la sécurité plaide pour l’ouverture d’autres établissements dans la ville pour soulager la fréquentation dans la rue Saint-James. « Cela permettrait de retrouver une jauge acceptable de personnes prises en charge et d’éviter la stagnation aux abords du site. »
Pour les riverains de Saint-Paul, la solution serait de « déménager le Caarud dans un secteur périphérique ou à la proximité d’un centre hospitalier ». Loin des écoles, collèges ou lycées qui bordent la rue Saint-James. Il y a près d’un an, un autre Caarud devait voir le jour dans le quartier de Bacalan. Une idée qui avait semé la panique chez les habitants à l’époque. Depuis, le projet est en stand-by.
Contactée par actu Bordeaux, l’association La Case n’a pas répondu à nos sollicitations.
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