Les procédures d’élus pour menaces et harcèlement se multiplient à quelques mois des élections municipales. À Colombes, c’est Valentin Narbonnais qui a déposé plainte contre x, « avec constitution de partie civile » précise-t-il, pour cyberharcèlement et menaces téléphoniques.

Si le ou les auteurs des menaces sont encore inconnus, le lien avec l’activité politique de l’intéressé ne fait à ses yeux aucun doute. Valentin Narbonnais est maire adjoint PS chargé de la jeunesse. Son groupe de cinq élus est entré en dissidence et les velléités d’émancipation se font de plus en plus pressantes.

« Depuis des mois, quatre membres de notre groupe de cinq élus et élues sont la cible de cyberharcèlement. Ce n’était pas encore mon cas. Au final, notre groupe a déposé une dizaine de plaintes », résume-t-il. Ces quatre élus ont alors bénéficié de la protection fonctionnelle accordée par la ville.

« Ces dérives sont indignes »

En septembre, la pression serait montée d’un cran. « On a commencé à recevoir des appels ou des messages téléphoniques masqués avec une voix brouillée. Les messages étaient du style stoppez votre campagne ou vous finirez entre quatre planches. À titre personnel, j’avoue avoir pris la chose à la légère et donné peu de crédit à tout cela, jusqu’au moment où les menaces ont commencé à concerner mes proches », ajoute Valentin Narbonnais. Il rassemble alors captures d’écrans et autres publications sur les réseaux et dépose plainte en bonne et due forme.

S’il n’accuse personne nommément faute de preuves, l’élu met en cause le climat local préélectoral. Vendredi, il s’est fendu d’un très long message sur X. « Je tiens à préciser que ce harcèlement ne vient pas seulement de l’extérieur. Au sein même de la gouvernance politique locale, un climat délétère s’installe. Ces dérives sont indignes du débat démocratique » , écrit-il.

« S’il y a des coups, ils ne viennent pas de chez nous »

« J’espère que tout cela n’est pas une manœuvre électorale. Il ne cite personne, son message est donc à la limite de la diffamation, réagit Patrick Chaimovitch, le maire écologiste de Colombes. A-t-il des preuves ? Si c’est le cas, alors cela mérite des sanctions bien sûr. En tout cas, s’il y a eu des coups, ils ne viennent pas de chez nous… »

Les deux hommes ne semblent désormais plus s’accorder que sur le caractère « malsain » du climat actuel mais… se renvoient la balle sur son origine !

Ces plaintes sont loin d’être des cas isolés. Ces dernières semaines, ce type de procédure s’est multiplié dans la région. Ce même vendredi, la maire de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, et son directeur de la police municipale ont déposé plainte après la mise en ligne sur Facebook d’une vidéo accusant deux agents de la PM de se livrer à « des contrôles au faciès et à des passages à tabac gratuits et sans motif ».

À Saint-Ouen, un homme a été interpellé et placé sous contrôle judiciaire pour avoir insulté et menacé de mort le maire PS Karim Bouamrane en marge d’une inauguration. Il devrait être jugé le 14 avril au tribunal de Bobigny. Ce phénomène n’épargne aucune zone de petite ou de grande couronne. Ainsi, en 2024, la Seine-et-Marne avait totalisé 60 faits de ce type, des outrages, des menaces et une minorité d’agressions physiques.