Deux ans après son Pinocchio en stop motion, Guillermo del Toro poursuit sa collaboration avec Netflix pour une adaptation toute personnelle de l’illustre roman de Mary Shelley, disponible à partir du 7 novembre sur la plateforme de streaming.

Un projet que le cinéaste mexicain porte en lui depuis près de 20 ans et qui explose aujourd’hui à l’écran dans une fresque étourdissante de beauté, mais aussi inégale. Voici notre critique de Frankenstein, garantie sans spoilers.

L’histoire du film

Europe de l’Est au XIXe siècle. Le scientifique brillant, mais tourmenté Victor Frankenstein se lance dans la quête égocentrique de créer la vie. Celle-ci aboutit à l’avènement d’une expérience monstrueuse et d’une créature dont l’existence même soulève des questions sur ce que signifie être humain.

Jacob Elordi est la créature de Frankenstein.

Jacob Elordi est la créature de Frankenstein.

© Netflix

Notre critique

Frankenstein ou le Prométhée moderne est sans doute l’un des livres les plus adaptés au cinéma, et sa créature une véritable icône de la culture pop. Outre la version emblématique de James Whale de 1931, l’œuvre de Mary Shelley publiée en 1818 a connu notamment les relectures célèbres de Mel Brooks (Frankenstein Junior, 1974) ou de Kenneth Branagh (1994). Mais la version de Guillermo del Toro qui nous arrive aujourd’hui apparaît sans doute la plus évidente de toutes.

Depuis le début sa carrière dans les années 1980, le réalisateur a su imposer son univers empreint de contes, de monstres et de merveilles, et a redessiné les contours du genre fantastique avec des films magnifiques tels que Cronos, L’Échine du diable, Le Labyrinthe de Pan et La Forme de l’eau. Il n’était donc pas étonnant de voir le cinéaste s’attaquer à sa propre version de Frankenstein.

Car cette nouvelle adaptation est à la fois très proche de l’esprit du roman épistolaire de Mary Shelley et un film de del Toro à part entière, à la croisée de ses références et obsessions. Le résultat est une proposition unique, un Frankenstein qu’on n’aura jamais vu comme cela auparavant.

Frankenstein est un projet de longue date de Guillermo del Toro.

Frankenstein est un projet de longue date de Guillermo del Toro.

© Netflix

Il faut commencer par l’évidence : le film est d’une beauté folle. Dès les premières secondes, la direction artistique est un véritable festin pour les sens et semble avoir optimisé chacun des 120 millions de dollars du budget. Des riches décors aux costumes détaillés, en passant par l’iconographie délicieusement macabre et la musique d’Alexandre Desplat, ce Frankenstein est d’une richesse étourdissante.

Tout en romanesque, del Toro mêle son univers de conte savoureusement gothique tantôt au travail de l’illustrateur Bernie Wrightson (à qui il emprunte des images telles quelles), tantôt au romantisme du poète John Milton (Le Paradis perdu). Les spectateurs fans du monsieur seront donc aux anges, même si ceux fatigués par son emphase habituelle s’épuiseront sans doute plus vite.

D’autant que le cinéaste, comme s’il avait envie de rentabiliser ses longues années de gestation, met beaucoup de choses dans son film, quitte à le boursoufler par endroits, surtout en termes de narration. Il donne notamment un (trop) long développement au personnage de Victor Frankenstein incarné par Oscar Isaac, et au tissage de ses traumas et obsessions.

Mia Goth et Felix Kammerer dans Frankenstein.

Mia Goth et Felix Kammerer dans Frankenstein.

© Netflix

En voulant coller au plus près du matériel original, en y rajoutant ses propres (et nombreuses) interrogations sur la paternité, la filiation, l’orgueil humain et son amour des montres, del Toro livre ainsi une œuvre certes cohérente, mais aussi parfois inégale.

Frankenstein souffre ainsi de cette première heure laborieuse avec Victor Frankenstein, qui pourra refroidir plus d’un spectateur, avant même qu’arrive la création du monstre. Heureusement, le film s’ouvre en grand dès qu’il change de point de vue et emprunte celui de la créature incarnée par Jacob Elordi.

Le long-métrage bascule ainsi dans une fable plus philosophique et existentielle, allant au cœur du roman de Mary Shelley et convoquant également le Candide de Voltaire. Frankenstein prend alors toute sa puissance et nous emporte dans sa poésie jusqu’à une fin superbe qui laisse les larmes aux yeux. Dans le rôle de la créature, Jacob Elordi (Euphoria, Priscilla, Saltburn) impressionne de nuances et de physicalité, et trouve ici l’un des grands rôles de sa jeune carrière.

Les décors du film sont étourdissants de beauté.

Les décors du film sont étourdissants de beauté.

© Netflix

Malgré ses défauts, ce Frankenstein est donc une magnifique réussite, l’un des grands films de cette fin d’année 2025. Guillermo del Toro donne enfin vie à son rêve et Netflix peut ajouter un nouveau joyau à sa couronne d’œuvres de qualité, signées par d’immenses cinéastes.

Frankenstein est disponible sur la plateforme de streaming Netflix, le vendredi 7 novembre 2025.

  • Regardez la bande-annonce du film :

Conclusion

Note globale

Note de la rédaction: 4 sur 5

Comment fonctionne la notation ?

Ce Frankenstein est bien la grande adaptation attendue de l’œuvre de Mary Shelley. Guillermo del Toro livre un long-métrage d’une richesse inouïe, et offre un cœur battant avec puissance à une histoire pourtant bien connue, notamment grâce à un bouleversant Jacob Elordi. Si le film pâtit de vouloir être trop de choses à la fois et manque par moment d’équilibre, il est une aventure superbement gothique d’amour, de poésie, d’humains et de monstres qui conquiert au final notre âme de spectateur.