Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a appelé lundi les belligérants à cesser le feu au Soudan, Paris dénoncant le caractère ethnique des exactions attribuées aux paramilitaires du FSR.

« Depuis quelques jours, la situation s’aggrave au Soudan avec la chute de la ville d’El-Facher au Darfour et avec la crainte, alimentée par un certain nombre de faits qui semblent établis, d’exactions majeures touchant des dizaines de milliers d’innocents », a déclaré le chef de la diplomatie française au cours d’un déplacement dans le Loiret, à Boigny-sur-Bionne.

« La France condamne avec fermeté les atrocités à caractère ethnique perpétrées par les forces de soutien rapide (FSR) à El-Facher, comprenant des exécutions sommaires, des massacres, des viols, des attaques contre des travailleurs humanitaires, des pillages, des enlèvements et des déplacement forcés » a par ailleurs déclaré un porte-parole du ministère.

« Elle exhorte les FSR à mettre fin à cette offensive au Nord-Darfour et, en particulier, à ne pas étendre leurs opérations dans les territoires où se sont réfugiées les populations civiles fuyant leurs crimes. Leurs auteurs doivent rendre des comptes et être poursuivis en justice », a-t-il ajouté.

« La médiation que les Etats-Unis ont conduite, qui a permis de mettre d’accord un certain nombre de pays qui sont en prise directe avec ce conflit, est une première étape importante », a relevé M. Barrot. « Il faut maintenant que les deux belligérants cessent le feu, qu’ils se conforment au droit international humanitaire pour mettre fin définitivement à cette tragédie », a-t-il insisté.

Les pourparlers en vue d’une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l’Egypte, les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, ont jusque là toujours échoué, et sont actuellement dans l’impasse, selon un responsable proche des négociations.

La ville d’El-Facher a été prise voici un peu plus d’une semaine par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). L’armée soudanaise y a ainsi perdu son dernier grand bastion dans la région.

Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a exprimé lundi sa « grave inquiétude » sur les exactions et atrocités commises dans la ville d’El-Facher, et averti que de tels actes « peuvent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».

Les FSR, issues des milices Janjawid accusées par la Cour pénale internationales de génocide il y a vingt ans au Darfour, et l’armée font toutes deux face à des accusations de crimes de guerre.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU.

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