Par

Brian Le Goff

Publié le

3 nov. 2025 à 18h07

Ils sont arrivés avec les collectifs de soutien en fin de matinée, mercredi 29 octobre. 85 migrants ont pris place au sein de l’espace social commun Simone Iff, bâtiment du Département d’Ille-et-Vilaine, dans le quartier des Gayeulles à Rennes.

Des personnes non prises en charge et d’autres que pour quelques jours

Il s’agit de celles et ceux restés sans solution ou qui n’ont eu qu’une solution provisoire après l’évacuation du campement, installé dans le parc de Maurepas depuis le printemps. À l’issue de cette opération, la préfecture d’Ille-et-Vilaine indiquait que 196 personnes avaient été mises à l’abri.

Dès le soir même, une trentaine de personnes n’avait pas eu de proposition d’hébergement et avait investi pour la nuit le 4bis (lieu d’information et d’expression pour les jeunes), avant de rejoindre le campus de Villejean de l’université Rennes 2, avec l’accord de la présidence, jusqu’au mercredi 29 octobre.

Ces dernières avaient été rejointes en début de semaine dernière par une cinquantaine de personnes dont les solutions proposées par les autorités n’étaient pas pérennes. Aujourd’hui, tous et toutes se retrouvent à l’espace social commun, faute d’autre solution.

« Le lundi, on a appelé le 115 et ils ont dit que nous ne pouvions pas rester à l’hôtel »

À l’image de cette famille venue d’Albanie, rencontrée sur place, mercredi dernier. Celle-ci a obtenu une solution d’hébergement dans un hôtel à Quimper. « On nous avait dit au début jusqu’à mardi. On n’a rien fait sur place, juste essayé de rester calme », explique la jeune fille, avec son petit frère, qui fait la traduction pour sa maman.

Auprès d’actu Rennes, elle revient sur ces derniers jours. « On a appelé Utopia 56 lundi pour savoir ce qu’il fallait faire et ils nous ont dit de revenir à Rennes jusqu’à mercredi, donc on est revenu. On pensait avoir un toit sur la tête pour longtemps, ça n’a duré que quatre jours. »

Ma mère espère que quelqu’un peut nous aider parce qu’elle ne veut pas que nous, ses enfants, retournions en Albanie. Elle dit que c’est mieux ici pour nous.

Jeune fille d’une famille albanaise sans solution d’hébergement

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De leur côté, cette adolescente de 14 ans et sa mère, originaires du Congo, en France depuis cinq ans, expliquent ne pas avoir eu de proposition d’hébergement après l’évacuation le 23 octobre. « Il y a d’autres familles à qui on a donné des places. Nous, nous n’avons rien eu. On a dormi là où les étudiants mangent habituellement. Et maintenant, on est ici. Mais on ne sait pas comment ce sera demain, surtout pour nous les enfants qui devons aller à l’école. Si on n’a pas un endroit, ce sera compliqué d’y retourner. »

L’espace social commun fermé jusqu’à nouvel ordre

Face à la situation, le Département a pris la décision de fermer jusqu’à nouvel ordre le bâtiment. « Cette occupation des locaux […] est incompatible avec l’accueil des publics en situation de fragilité […] ainsi qu’avec le fonctionnement des autres services publics présents » au sein de la structure.

La collectivité considère également intenable l’occupation « pour les personnes présentes dans les locaux [en raison de] l’absence de sanitaires et de vestiaires… »

Ces personnes présentes sur site, et dont nous imaginons le parcours de vie difficile,
doivent impérativement retrouver des conditions d’existence correctes ; ce qui commence par une mise à l’abri.

Département

Ainsi, le Département « demande à l’État d’assumer ses responsabilités et de trouver, très rapidement, des solutions d’accueil pérennes pour les occupants ». Il estime assumer pleinement ses compétences en matière de protection de l’enfance « mais, à ce stade, aucun élément ne permet de penser que des personnes présentes sur site relèvent de la responsabilité de la collectivité. Elle n’a donc pas vocation à intervenir au-delà du cadre légal, qui détermine strictement les compétences respectives de l’État et des collectivités. »

Dès que ce sera possible, c’est-à-dire dès que l’occupation prendra fin d’une manière ou d’une autre, le Département compte mettre tout en œuvre pour rouvrir l’espace social commun.

« L’entrave n’est pas réelle »

« L’entrave au fonctionnement de l’espace social commun n’est pas réelle. Le jour où nous sommes arrivés, le lieu a continué à fonctionner toute la journée. C’est plutôt une façon de maintenir la pression. Les seuls échanges que nous avons eus avec la collectivité consistent à dire qu’il faut que les personnes quittent les lieux », retrace Suzanne Mamet, coordinatrice de l’antenne rennaise d’Utopia 56, qui explique que, sur les 85 personnes sur place, 35 sont mineures. Aucune réponse n’est donnée du côté de la préfecture aux demandes de solutions d’hébergements, assure-t-elle.

Dans le même temps, l’association continue de recevoir des demandes. « Faute d’autre réponse à leur apporter, on propose aux personnes en très grande vulnérabilité de rejoindre l’occupation. »

En résumé, la mairie et la préfecture sont aux abonnés absents et le Département souhaite qu’un nouveau campement s’installe.

Suzanne Mamet
Coordinatrice d’Utopia 56

Sollicitée par la rédaction d’actu Rennes, la préfecture précise que l’examen de toutes les situations prend du temps. « On cherche des solutions en lien avec les différents partenaires. » Au sujet de la présence de mineurs, celle-ci répond : « Le Département a estimé que les personnes qui sont présentes ne sont pas mineures. Les discussions se poursuivent. »

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