Contrairement à ce que certains espéraient, la carte bancaire ne détrônera pas le titre emblématique des transports franciliens, du moins pas pour l’instant.
L’information a créé une vague d’excitation sur les réseaux sociaux ce lundi 3 novembre. Plusieurs associations, internautes et médias dédiés aux transports ont annoncé sur X la possibilité de payer son titre de transport par carte bancaire sans contact dans certains bus d’Île-de-France.
Beaucoup y ont vu le prélude à un déploiement de l’Open Payment, cette technologie qui permet de valider son trajet directement avec sa carte bancaire, à l’image de ce qui existe déjà à Londres ou dans plusieurs villes françaises comme Lyon ou Dijon. Une perspective qui a fait réagir, mais qu’Île-de-France Mobilités (IDFM) dément catégoriquement : il ne s’agit là que d’une solution de secours, et non d’un substitut au passe Navigo.
« Tickets de dépannage » moins flexibles
L’initiative d’IDFM s’inscrit dans un contexte bien précis : la fin, depuis le 1er novembre, de la vente des tickets cartonnés par les chauffeurs de bus. Face à cette évolution, et consciente des oublis potentiels des usagers, la région a sollicité les opérateurs pour mettre en place un nouveau service.
L’objectif est clair : offrir une alternative de dernière minute aux voyageurs dépourvus de titre de transport ou du titre adéquat pour le bus. « Avec la fin de la vente des tickets carton, nous avons demandé aux opérateurs de déployer un nouveau service par carte bancaire pour les voyageurs qui n’ont de titre de transport ou le bon titre pour les bus. Ce service vient en lieu et place de la vente faite par les conducteurs. Ce sont donc uniquement des tickets de dépannage à bord des bus », explique-t-on du côté d’Île-de-France Mobilités.
Concrètement, ces « tickets de dépannage » acquis par carte bancaire permettent uniquement l’achat de titres « d’accès à bord » en urgence. Leur tarif, fixé à 2,50 €, est identique à celui des anciens tickets vendus par les conducteurs. Il est important de noter que « ces titres ne donnent droit à aucune correspondance et ne sont valables que le temps du trajet ».
Il ne s’agit donc pas d’une solution offrant les mêmes avantages tarifaires ou la flexibilité que le passe Navigo ou le système Navigo Liberté +. « Cela permet uniquement d’acheter des titres « d’accès à bord » en urgence, afin d’être en règle pendant son trajet », précise IDFM.
Cette borne d’achat express sera progressivement installée à côté des nouveaux valideurs dans tous les bus, débutant par Paris et la petite couronne avant de s’étendre à l’ensemble de l’Île-de-France. La solution du « SMS ticketing » reste par ailleurs disponible comme autre moyen de dépannage.
Un système à 100 millions d’euros
Malgré cette nouveauté, Île-de-France Mobilités maintient sa stratégie de promotion des solutions de billettique dématérialisée. L’accent est mis sur l’anticipation, encourageant les voyageurs à acheter ou recharger leurs titres de transport via les applications pour smartphones (Île-de-France Mobilités, SNCF Connect, Bonjour RATP, Apple et Samsung Wallet) ou sur la carte Easy.
Une approche qui a déjà fait ses preuves estime IDFM, puisque plus de 90 % des usagers occasionnels ont adopté ces solutions précise le groupe. « Nous incitons toujours plus les voyageurs à anticiper en achetant ou en rechargeant leurs titres de transport sur leurs smartphones via les applications », indique IDFM.
Cette position d’Île-de-France Mobilités contraste avec l’adoption de l’Open Payment dans de nombreuses autres métropoles. L’Île-de-France fait encore figure d’exception, le système étant pour l’heure limité au seul RoissyBus. Un tel déploiement à l’échelle du réseau francilien représenterait un investissement conséquent, estimé à 100 millions d’euros pour adapter les valideurs, sans compter une commission bancaire de 10 % par transaction.
Si une étude de faisabilité a été lancée seulement cet été, IDFM ne peut pour le moment communiquer aucun résultat. L’heure n’est donc pas encore à la généralisation du paiement par carte bancaire.