«On a sorti les bonnets rouges pour moins que ça. » La phrase est lancée sur le ton de la boutade par Nicolas Dayot, président de l’Union bretonne de l’hôtellerie de plein air. Elle témoigne pourtant de la colère qui anime actuellement les professionnels du tourisme breton. En cause, un projet de taxe de séjour additionnelle que la région aimerait bien instaurer pour financer ses transports en lieu et place du versement mobilité régional et rural, auquel devront s’acquitter les entreprises bretonnes de plus de onze salariés à partir du 1er janvier.

Autrement dit, faire payer les touristes plutôt que les entreprises locales et « fiscaliser les loisirs plutôt que le travail », comme l’annonce le président de région Loïg Chesnais-Girard dans une interview accordée à l’agence Api News. Dans le cadre du projet de budget 2026, la région souhaite en effet pouvoir relever la taxe de séjour qu’elle prélève sur chaque nuitée touristique jusqu’à 200 %, soit le triple de la taxe actuelle. « Cela conduirait à une taxe moyenne d’environ 2 euros par nuitée et par personne, avec un impact variable selon le type d’hébergement », indique la région, arguant que l’Île-de-France bénéficie de cette taxe de séjour additionnelle depuis l’an dernier.

Un séjour qui coûtera plus cher pour les touristes

Rien n’est pour l’heure acté et un premier amendement en ce sens a déjà été rejeté par la commission des finances il y a quelques jours. Mais d’autres pourraient suivre prochainement à l’Assemblée nationale. De quoi faire bondir les acteurs du tourisme breton qui mettent déjà en garde contre « cette taxe exorbitante et qui n’a pas lieu d’être ». Si elle venait à être instaurée, cette taxe viendrait « déstabiliser tout un secteur qui pèse plus de 80.000 emplois et environ 8 % du PIB régional », assure Jean-Luc Eveno, président de l’association des gîtes de France du Morbihan.

Avec une hausse pouvant aller jusqu’à 2 euros par personne et par jour, cela viendrait surtout alourdir le coût du séjour des touristes se rendant en Bretagne. « Et pour des familles modestes qui vont en camping, cette hausse n’est pas neutre », souligne Nicolas Dayot, craignant que cette mesure « affaiblisse l’attractivité de la Bretagne » face à d’autres destinations, proches ou lointaines.

Pas aux touristes de « financer la mobilité régionale »

« On tient à préserver cette image de tourisme accessible et familial en Bretagne donc cette nouvelle taxe est incompréhensible », abonde Anthony Rambaud, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) en Bretagne, estimant que « les touristes ne doivent pas financer la mobilité régionale ».

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D’autant, selon lui, que ce seront les locaux qui paieront en majorité la facture puisque près de 40 % des touristes fréquentant la Bretagne viennent du Grand Ouest. « On aimerait mieux que la région s’attache à taxer les GAFAM comme Airbnb ou Booking plutôt que de nous faire les poches et celles des touristes », dénonce le gérant de la crêperie La Duchesse Anne à Saint-Malo.

Sollicité par plusieurs médias dont 20 Minutes, le président de région indique « comprendre l’inquiétude qui peut naître autour de ce sujet » mais il assure que « rien n’est décidé » pour l’heure. « Il ne s’agit pas d’une décision prise, mais d’un débat sur un possible outil, qui ne pourrait exister qu’après un feu vert du législateur dans l’actuel projet de loi de Finances de notre pays », souligne Loïg Chesnais-Girard, promettant « une discussion collective » si « la Bretagne obtenait ce droit ».