Face à la tempête, Frédéric Merlin sort à nouveau du silence et garde son sens de la provoc’. Vingt-quatre heures après une manifestation houleuse devant son magasin parisien, le patron du BHV Marais et de la Samaritaine Groupe Multimarques (SGM) était l’invité de RTL ce mardi matin pour s’expliquer sur l’installation controversée de Shein dans son enseigne emblématique de la rue de Rivoli.
Une mise au point qui intervient seulement quelques jours après la découverte de poupées à caractère pédopornographique vendues sur le site de Shein, dénoncée par l’association Innocence en danger.
« C’est ignoble »
D’entrée de jeu, le patron est évidemment revenu sur le scandale. « Quand nous avons appris la dénonciation de la vente de ces poupées, nous avons pensé à arrêter (notre collaboration avec Shein, NDLR). C’est ignoble, abject, et je suis écœuré que nous puissions vendre librement ce type d’objet sur Internet », a-t-il déclaré.
C’est finalement le président de la plateforme chinoise qui a réussi à convaincre l’homme d’affaires de ne pas abandonner leur projet, explique-t-il. « Lui le premier était extrêmement choqué de l’apprendre car il n’était pas au courant », a-t-il précisé. Selon lui, ce sont les engagements du dirigeant chinois qui ont terminé de le décider : « Ils ont arrêté la vente de tous les objets pour adultes. Ils ont fait savoir qu’ils allaient donner le nom des personnes qui ont acheté ces poupées », liste Frédéric Merlin. « Jamais ce ne serait arrivé dans une boutique physique, a-t-il martelé. Shein est une marketplace qui héberge des milliers de plus petits commerçants, et ils ont commis une erreur. »
Face aux accusations de complicité, le patron du BHV a haussé le ton : « Je ne crois pas être complice de pédopornographie, il faut savoir raison garder. Le BHV n’exploite pas des travailleurs ou des enfants. Je crois à la liberté d’entreprendre. »
Interrogé sur son goût pour la polémique, Frédéric Merlin a assumé sans détour : « C’est une forme de commerce, la polémique. Donc oui, je le reconnais. » Avant de mettre les pieds dans le plat : « J’aimerais relever l’hypocrisie générale : on parle d’une marque qui est achetée par 25 millions de Français. »
« Je crois que ça marchera »
Malgré la controverse, Frédéric Merlin se dit confiant pour l’ouverture de l’espace Shein, ce mercredi 5 novembre. « On attend beaucoup de monde. J’espère que cette ouverture se fera dans le calme et que ce sera un grand succès populaire », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter, pragmatique : « Je crois que ça marchera et j’arrêterai si ça ne marche pas. Il faut se laisser le temps. » Une porte de sortie qu’il s’accorde tout en affichant son optimisme.
L’homme d’affaires a aussi dégainé un argument choc pour défendre sa stratégie commerciale : « Quand j’ouvre un Primark dans un centre commercial, avec des prix équivalents à ceux de Shein et avec des produits fabriqués dans les mêmes usines, ce qui fonctionne autour c’est le premium. » Une manière de justifier l’implantation de l’enseigne chinoise au BHV en affirmant qu’elle boosterait les ventes des marques haut de gamme environnantes.
Questionné sur le fait que la venue de clients pour Shein profiterait aussi aux boutiques alentour, le patron du BHV a confirmé vouloir observer ce phénomène avec les clients Shein dans son magasin. Un pari commercial assumé qu’il compte tester dès l’ouverture avec une opération commerciale qui permet aux clients de convertir 100 % de leurs dépenses en bons d’achat valables dans tout le magasin parisien.
Sur la question de la qualité et de la traçabilité des produits, Frédéric Merlin s’est voulu rassurant : « On a un cabinet d’audit français qui signe nos étiquettes donc on est certains de la qualité de nos produits. » Une garantie brandie pour répondre aux critiques sur les conditions de fabrication.