Quelques heures avant l’ouverture officielle de son corner au BHV, Shein organise ce mardi un grand raout destiné aux influenceurs. L’occasion pour les élus parisiens de rappeler leur indignation de voir arriver la marque controversée dans le célèbre grand magasin.
La colère gronde au pied du BHV Marais, alors que le célèbre grand magasin parisien s’apprête à accueillir en son sein l’«ogre chinois». «Concurrence déloyale», «patron voyou», «inacceptable»… Les mots n’ont jamais été aussi forts pour dénoncer l’arrivée de Shein ici, en plein cœur de Paris. Très mobilisés sur le sujet ces dernières semaines, les élus parisiens se sont à nouveau donné rendez-vous ce mardi 4 novembre pour manifester et partager leur indignation, alors que le géant asiatique organise ce soir un grand raout pour faire découvrir son installation aux influenceurs. Une soirée privée, réservée à quelques “happy few” qui ne manqueront de faire l’éloge de la marque chinoise pourtant controversée.
«Nous sommes face à deux portraits de criminels, qui détruisent l’emploi, qui détruisent la planète et qui mettent en doute la dignité des enfants en France et dans le monde. Pour toutes ces raisons, la Ville de Paris réaffirme que Shein est contraire à ses valeurs», s’est ainsi exprimé l’adjoint à la mairie de Paris chargé du commerce, Nicolas Bonnet-Ouladj, pointant du doigt l’immense photographie des deux dirigeants du BHV et de Shein installés sur la devanture du grand magasin. S’adressant directement au nouveau patron du BHV François Merlin, l’élu a réclamé que ce dernier renonce à son partenariat avec Shein. Il a également demandé au ministre de l’Économie Roland Lescure d’aller «plus loin que les menaces» et «d’interdire la plateforme Shein en France».
«Le BHV est la maison commune des Parisiens qui participe à l’attractivité commerciale de la capitale, nous vivons ça comme une provocation», a déploré à son tour le premier adjoint à la mairie de Paris Patrick Bloche, qui a assisté impuissant à la «dérive totale» de ce qu’est devenu «sous ses fenêtres» le BHV «ces derniers mois». «Cette affiche provocatrice rappelle ce que représente Shein dans le monde : un désastre écologique mondial et la mort du petit commerce », a-t-il poursuivi, évoquant «l’insulte qui nous est faite». Pour le premier adjoint, la présence de Shein «traduit sans doute une situation financière très certainement compliquée pour le BHV», mais pas de quoi justifier de mettre à mal «les valeurs éthiques et morales» portées par la Ville de Paris.
Déployer «tous les moyens parlementaires» possibles
À leurs côtés, le directeur de l’entrepreneuriat et de l’innovation à la Fédération française du prêt-à-porter féminin, Thibaut Ledunois, a évoqué un «jour noir pour la mode française», et un symbole «extrêmement problématique» pour Paris et la France. «François Merlin devrait être conscient de la responsabilité qu’il a sur le futur impact commercial de Shein, qui vendait jusqu’à présent plus de 80% de ses productions sur Internet». «Aujourd’hui, il s’achète le nom des Galeries Lafayette en dépit des droits humains des consommateurs», a-t-il conclu.
En outre, les élus parisiens ont assuré être prêts à déployer «tous les moyens parlementaires» possibles «pour contrer Shein». Et à son échelle, la Ville de Paris a déjà annoncé qu’elle refuserait la demande d’autorisation de l’utilisation de l’espace public en vue de l’installation des vitrines de Noël du BHV, si le partenariat avec Shein n’était pas rompu. Les services juridiques ont également envoyé «dès aujourd’hui» un procès-verbal à la direction du grand magasin pour dénoncer l’affichage sans autorisation de la publicité spécialement pensée pour l’arrivée de la plateforme chinoise au BHV. En outre, les élus affirment avoir saisi le gouvernement et fait des propositions pour aller plus loin dans la lutte contre l’ultra fast-fashion.