Ils veulent mettre le sujet sur la table. Ce mardi 4 novembre, à Rennes, une douzaine d’acteurs de la filière bio en Ille-et-Vilaine ont officiellement lancé une « coalition » en vue des élections municipales de mars 2026. Inédite, l’initiative réunit aussi bien des producteurs que des transformateurs, des grossistes et des distributeurs*. Leur objectif: sensibiliser les candidats aux atouts de la bio (environnement, emploi, santé, climat, souveraineté, biodiversité…) et «leur proposer des objectifs à inclure dans leur programme», explique Virginie Roussel, maraîchère à Guipry-Messac (35) et administratrice du groupement d’agriculteurs Agrobio 35.

Pour la coalition, l’enjeu est de taille : développer un secteur, qui, en Ille-et-Vilaine, représente 15 % des fermes (soit un peu plus de 1 000) et environ 14 000 emplois, pour un chiffre d’affaires de 650 M€ en 2024. « Ce n’est pas négligeable mais nous pouvons faire augmenter ces chiffres », estime Virginie Roussel. Il en va de la santé économique de la filière, confrontée à un recul de la consommation des ménages entre 2021 et 2023 (elle a connu une légère hausse en 2024) et à une baisse des surfaces exploitées (11 à 12 % de l’ensemble des surfaces en Ille-et-Vilaine).

Des progrès à faire dans les cantines

Pour soutenir la bio, la coalition demande aux candidats aux municipales de s’engager sur plusieurs points. Notamment sur un objectif de 21 % de la surface agricole communale en bio d’ici 2032, dont 100 % pour le foncier public. « Il faut être ambitieux, ce sont des objectifs tout à fait atteignables », estime Virginie Roussel.

Autre proposition : « tendre » vers le 100 % de produits bio dans les cantines. Selon Quentin Vazeille, chargé de plaidoyer chez Agrobio 35, seule une commune d’Ille-et-Vilaine sur cinq atteint l’objectif d’au moins 20 % de produits bio dans les cantines fixé par la loi Egalim. « Il y a en revanche des communes et des intercommunalités qui tirent les chiffres vers le haut », nuance Guerric Baranovsky, directeur du fournisseur de produits bio Manger bio 35. Parmi elles : Rennes Métropole (50 % de bio dans les cantines en moyenne) mais aussi Bruz, Montgermont, Langouët et La Noë-Blanche (70 % ou plus).

« Pas une histoire de droite ou de gauche »

Pour faire entendre ses propositions, la coalition a prévu plusieurs leviers : webinaire régional à destination des candidats, rencontres de sensibilisation avec les différentes listes, pétition citoyenne, carte publique des communes respectant les objectifs de produits bio dans les cantines… Une démarche qui se veut transpartisane. « La bio, ce n’est pas une histoire de droite ou de gauche, lance Virginie Roussel. C’est l’histoire de tous. » Même du Rassemblement national ? « On ne ferme pas la porte aux gens qui viennent nous voir », répond la maraîchère. La coalition n’initiera pas de rencontre avec des candidats étiquetés RN, précise Quentin Vazeille. Mais « nos positions sont publiques, nous ne sommes pas contre le fait qu’ils les reprennent. »

*Agrobio 35, Alma & Margo, Biocoop, Fagots et froment, Agribio conseil, Manger bio 35, La Coop bio, Minoterie Prunault, Approbio, Terra libra, Lobodis et Sainte-Colombe