Deux ans. C’est le temps qu’il a fallu à Loïc Sénan pour élaborer « Blazenn », sa bande dessinée documentaire qu’il dédicacera ce week-end des 26 et 27 avril 2025, au Salon du livre du Conquet. Plusieurs mois pendant lesquels l’auteur et illustrateur breton est parti à la rencontre de chefs cuisiniers, la plupart étoilés, mais aussi de producteurs, d’historiens, etc, pour répondre à une question : « Existe-t-il une gastronomie bretonne ? ». Et on vous prévient : tout ne tourne pas autour des crêpes et du kouign amann. Mais on ne va pas tout vous raconter non plus.

Deux à trois demi-journées par chef

Au fil des pages, où il se met en scène, on suit Loïc Sénan dans son enquête très sérieuse mais clairement déglacée à l’humour. On pousse la porte des cuisines et on s’invite aux premières loges de ses conversations avec les cuisiniers. Sans s’imaginer que pour chaque rencontre retranscrite en quelques pages, deux à trois demi-journées avec chaque chef ont été nécessaires. « Je trouve que le temps long est important si on veut avoir des infos intéressantes et pas qu’on nous serve la soupe ».

« C’est parce que j’ai une paire de seins que je suis compétente ? »

En pays de Brest, il a notamment fait la rencontre de Nolwenn Corre, cheffe étoilée de Plougonvelin. Elle l’a d’ailleurs rembarré au moment de la question sur « la place des femmes en cuisine » : « C’est parce que j’ai une paire de seins que je suis compétente ? ». Elle, la fille de l’Iroise, « très exigeante avec un immense talent », selon l’auteur, lui a même permis de s’essayer au dressage des entrées froides : « Elle m’a fait un super cadeau en me mettant en cuisine, c’était génial ». Des rencontres qui permettent de mieux saisir l’envers du décor, l’importance des équipes, des parcours, la difficulté du métier et « la passion et la générosité avec lesquelles les femmes et les hommes chefs le font ».

« La grande majorité des chefs sont des gens très simples »

Mais la gastronomie est-elle quelque chose de réservé aux élites ? « C’est une histoire de « à quoi on se sent légitime ? » », estime l’auteur. Le même sentiment de légitimité « qui peut amener quelqu’un à pousser la porte d’un musée et un autre à prendre un billet pour un match de foot. Tout ça, c’est culturel. Est-ce qu’on y a été initié, ou pas ? » Il donne l’exemple de son ami Guillaume Meurice, qu’on aperçoit dans le livre, pas intéressé par la gastronomie car il n’y a pas été éduqué. « Lui, avec une barquette de frites, c’est l’homme le plus heureux du monde », rigole Loïc Sénan. L’occasion, pour l’auteur, de rappeler que « la grande majorité des chefs sont des gens très simples, qui ont fait, pour la plupart, des études courtes » et « n’ont pas eu forcément un parcours scolaire brillant. On n’est pas dans quelque chose d’élitiste, c’est vraiment une fausse image pour le coup ».

Pratique

« Blazenn », aux éditions La Nouvelle bleue, 192 pages, 25 €. Site internet : lanouvellebleue.fr. Salon « La mer en livres », samedi de 14 h à 18 h et dimanche de 10 h à 18 h, au Conquet, espace Tissier (sous la mairie), dans le hall et la salle du conseil en mairie. Conférences, exposition, projection et salon. Entrée libre. Contact : marcel.quellec@orange.fr ; programme complet sur https://www.leconquet.bzh/la-mer-en-livres/