Par

Julien Sournies

Publié le

4 nov. 2025 à 13h37

Shein est plus que jamais dans l’œil du cyclone. Alors que la célèbre marque de fast fashion en ligne défraye la chronique depuis la fin du week-end avec l’affaire des poupées à caractère pédocriminel, l’enseigne chinoise ne fait également pas l’unanimité à l’échelle locale. Début octobre, la Société des grands magasins (SGM) a annoncé en grande pompe l’arrivée de Shein au sein des Galeries Lafayette de Grenoble (Isère).
Tandis que l’ouverture est prévue fin novembre dans la capitale des Alpes, le sujet a engendré de vifs échanges lors du conseil municipal de ce lundi 3 novembre.

« Une véritable provocation pour les acteurs locaux »

Dans le but d’interpeller le gouvernement face aux « dérives » de l’ultra fast-fashion, un vœu a d’abord été formulé par l’intergroupe d’opposition « Socialistes et apparentés » et « Grenoble Démocratie Écologie et Solidarité ».

« À Grenoble, ville engagée depuis de nombreuses années dans la transition écologique, la consommation responsable et la relocalisation des activités économiques, ne peuvent rester indifférentes à l’arrivée d’un tel acteur qui incarne le contraire de ces valeurs. Cette implantation représente une véritable provocation pour les acteurs locaux », a lu Pascal Clouaire, adjoint à la mairie de Grenoble et vice-président de Grenoble Alpes Métropole.

Cela est d’autant plus vrai que cette annonce intervient à un moment où le commerce de proximité grenoblois est fragilisé.

Pascal Clouaire
Adjoint à la mairie de Grenoble

Et l’adjoint de poursuivre : « La lutte contre les dérives de l’ultra fast fashion nécessite une volonté politique forte, un encadrement national clair et une mobilisation collective de l’État, des collectivités et des citoyens. Elle nécessite la mise en place de mesures ambitieuses pour réguler le secteur de l’ultra fast fashion et protéger le commerce responsable. »

Alain Carignon tacle la majorité écologiste

Au sein du conseil, ce vœu a, sans surprise, accouché d’un débat tendu entre les différents élus municipaux.

« Monsieur Clouaire, vous faites également partie d’une majorité métropolitaine qui a laissé Shein faire sa pub sur les bus M’Tag. A minima, si vous voulez lutter contre ces marques, utilisez déjà les moyens que vous avez vous avant de réclamer aux autres de les mettre en œuvre », a pointé du doigt Alain Carignon, candidat aux prochaines élections municipales.

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« La lutte contre l’hyper consommation commence par la limitation des centres commerciaux dans notre Métropole. C’est sous votre majorité qu’on a agrandi Grand’Place et crée Neyrpic. La question qui se pose, c’est pourquoi les Galeries Lafayette se tournent vers l’ultra fashion dans un centre-ville où les rideaux baissés sont si nombreux », a poursuivi l’ex-premier édile, avant de conclure : « La Ville doit s’interroger sur ce qu’elle devient. »

« Vos responsabilités, elles sont là ! »

Une intervention qui n’a pas manqué de faire réagir l’adjoint LFI au commerce Alan Confesson. « Quand on écoute Alain Carignon, on a l’impression que nous portons une responsabilité dans les effets du capitalisme mondialisé. Concernant le vœu, le phénomène n’est pas nouveau, notamment dans l’alimentaire avec la prolifération des enseignes de hard discount », a-t-il lancé.

Mais pourquoi ces enseignes low cost viennent s’installer à Grenoble ? C’est parce que le pouvoir d’achat des consommateurs s’est considérablement dégradé. Et quels sont les gouvernements et les partis politiques qui mettent en œuvre les politiques économiques et sociales qui conduisent à la situation qu’on connaît aujourd’hui ? Ce sont les Républicains, Renaissance, Le MoDem et compagnie. Vos responsabilités, elles sont là !

Alan Confesson
Adjoint LFI à la mairie de Grenoble

Si le vœu a tout de même été voté à l’unanimité, les tensions sont de plus en plus palpables entre les élus de gauche et de droite, à un peu plus de quatre mois des élections municipales.

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