Après le Faron, le Coudon ou encore le Caume, la métropole de Toulon compte une montagne de plus depuis quelques jours. Elle se nomme Giorgi Javakhia, arrive tout droit des sommets de l’Isère et, sur la rade, a presque tout pour plaire.

C’est bien connu : au RCT, on aime les guerriers. En cela, le coach Pierre Mignoni ne s’est pas trompé. L’ancien deuxième ligne de Grenoble (1,94 m pour 124 kg) s’inscrit dans la plus pure tradition des avants géorgiens. Puissant, féroce, dur au mal… L’enfant du Caucase s’est déjà taillé une solide réputation dans l’antichambre du Top 14.

« Mamuka junior » ?

Car, bien que poli, gentil et accessible au premier abord, une fois sur le pré, Javakhia se transforme : « J’aime faire mal. Quand je suis arrivé en France, on avait encore le droit de taper fort. Maintenant, ça a changé… Mais, moi, j’aime viser les mecs directement. » Voici là quelques mots qui suffisent presque à cerner le golgoth.

En même temps, devinez qui est son idole… « Je pense que j’ai regardé toutes les vidéos de Mamuka Gorgodze ! Je voulais l’observer, apprendre des choses pour améliorer mon jeu. J’essaye de jouer un peu dans son style, sur la manière de casser les lignes, etc. Mais bon, c’est dur d’être comme lui ! (sourire) ».

Soyons en effet indulgent. Malgré ses 21 sélections avec la Géorgie et ses belles performances en Pro D2, Giorgi Javakhia n’a pas encore le pedigree de son illustre aîné. À 29 ans, celui qui cumule plus de 130 matchs de deuxième division s’apprête à peine à découvrir le plus haut niveau national. Et à toucher du doigt son rêve : jouer en Top 14. « Quand Toulon m’a appelé, je me suis dit “Non, ce n’est pas possible.” Je pensais que d’autres clubs pouvaient être intéressés, mais pas le RCT. »

L’appel n’avait pourtant rien d’un canular. Avec, entre autres, la longue indisponibilité de Matthias Halagahu au poste de deuxième latte, le club frappé du muguet souhaitait ardemment se renforcer. Quelques jours plus tard, fin octobre, le golgoth passé par Lyon (2015-2018), Aurillac (2018-2023) et Grenoble (2023-2025) débarquait, pour une saison au minimum : « J’étais sous contrat donc, au début, Grenoble ne voulait pas me laisser partir. Mais, avec le président, tout s’est arrangé et ça s’est passé magnifiquement bien. »

De quoi faire mentir un peu plus ses parents qui, il y a encore quelques années, ne l’imaginaient même pas faire carrière : « Ils ne pensaient pas que j’arriverais à quelque chose dans le rugby. Ça a été ma première source de motivation. »

Pierre Mignoni, comme on se retrouve

Après quelques années de lutte et de kickboxing, traditions sportives du pays obligent, Javakhia a découvert le rectangle vert à l’âge de 9 ans, dans le club de sa petite ville, Senaki : « Il n’y avait pas beaucoup d’autres choses à faire, avoue-t-il. En plus, j’étais toujours hyperactif. Ça me défoulait et m’évitait de faire n’importe quoi à la maison. »

Le temps filant, il poursuivait l’apprentissage à Poti, au bord de la mer Noire, avant de rejoindre un club plus ambitieux, Koutaïssi. La suite s’écrivait dans la capitale des Gaules, sous les ordres d’un certain… Pierre Mignoni : « C’est lui qui m’a lancé en Pro D2. J’avais 19 ans et jouais troisième ligne. Mais j’ai beaucoup changé depuis. »

Désormais fixé au poste de numéro 5, Javakhia sait qu’il doit encore élargir sa palette. Mais, s’il s’adapte aux exigences de l’élite, les qualités qui sont déjà les siennes pourraient bien enchanter le staff et les supporters. « J’adore porter le ballon et pousser en mêlée. Je ne fais peut-être pas 2 mètres, mais je pense que les piliers droits sentent quand je joue derrière. […] Après, tout le monde est fort en Top 14. Je dois donc monter mon niveau pour y rester. » Et prolonger le rêve, le plus longtemps possible.

Un complice nommé Beka

Pour son intégration « express », Giorgi Javakhia a pu compter sur la présence au sein de l’effectif de son compatriote et ami, le pilier droit Beka Gigashvili. Une aide bienvenue pour un garçon se définissant comme « foufou » lorsqu’il est en confiance, mais qui arrive ici au cœur d’un effectif déjà construit, dans une saison bien entamée : « On est très proches avec Beka. Il m’a beaucoup aidé lors de mon arrivée. Tous les autres coéquipiers sont aussi très gentils avec moi. C’est magnifique d’être ici. En plus, à Aurillac et Grenoble, c’était toujours la montagne, toujours le froid. Ça me fait du bien de voir le soleil ! (sourire) ».

BIentôt de retour avec la sélection géorgienne

S’il était convenu que le deuxième ligne reste au club pour préparer la rencontre du week-end face à La Rochelle, il devrait néanmoins être convoqué par la sélection géorgienne après ce match en retard de la 3e journée, afin de disputer le reste de la tournée d’automne 2025. Des tests face au Canada et au Japon attendent en effet les Lelos, les 15 et 22 novembre.

Javakhia serait alors indisponible pour le déplacement à Paris, le dimanche 23 novembre, avant de faire son retour lors de la réception de Montauban, le samedi suivant.

Un redoutable marqueur d’essais

Deuxième ligne est loin d’être le poste où l’on marque le plus. Pourtant, le natif de Senaki a bel et bien cet atout dans sa manche XXL. En à peine plus de deux saisons passées à Grenoble (47 matchs, dont 27 titularisations), le colosse a inscrit seize essais sous les couleurs iséroises. Une statistique qui met en exergue sa dangerosité ballon en mains, près de la ligne d’en-but adverse.