Parmi le flot des violences intrafamiliales, celles qui touchent les enfants passent-elles trop souvent inaperçues ? Sont-elles mal appréciées dans les décisions de justice ? L’éducation associée à des formes de violence perdure-t-elle malgré le bannissement du droit de correction ? Toutes ces questions, le collectif Enfantiste44 les pose en constatant que depuis la loi de 2019 interdisant toute forme de violence dans l’éducation, « les choses n’ont pas bougé. Aucune campagne de sensibilisation , exposent Anna Gougeon et Claire Berthaut-Gerentes. Les responsables politiques n’en parlent pas ».

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La thérapeute, spécialisée dans le psychotraumatisme, et l’infirmière scolaire ont voulu aller au-delà de leurs professions qui les confrontent aux maltraitances d’enfants et d’adolescents. Dans une « démarche citoyenne », elles ont rejoint le groupe composé d’une cinquantaine de personnes dans le département. Objectifs : alerter, sensibiliser en faisant connaître par exemple les travaux d’Alice Miller, psychologue qui a fait évoluer la prise en compte des mécanismes de domination parentale violente, qui peuvent détruire un enfant.

Se mettre à hauteur d’enfant

La notion d’enfantisme, que l’on peut mettre en parallèle avec le féminisme, sans qu’elle soit aussi connue, dénonce ces violences physiques et morales. « Froncer les sourcils, parler fort, est-ce que c’est normal ? Est-ce qu’un adulte ferait ça à un autre adulte dans un cadre naturel ? Non », pose d’emblée Anna Gougeon.

« Le problème vient de cette position de toute puissance de l’adulte, au lieu de se mettre à hauteur d’enfant, insiste Claire Berthaut-Gerentes. Écouter, décider avec les enfants n’est pas en faire des rois. La démocratie familiale, c’est aussi maintenir des cadres. »

Le collectif voudrait que la France s’inspire du modèle développé en Suède depuis la fin des années 1970. Avec des campagnes chocs sur l’antiviolence. « Le nombre d’inceste est très faible en Suède, souligne Claire Berthaut-Gerentes. En France, on estime qu’un enfant sur dix en est victime. »

Syndrome d’aliénation parentale

Parmi les combats de la structure, celui de la prise en compte trop systématique dans la justice du syndrome d’aliénation parentale. « On considère qu’un enfant qui dénonce un acte de son père est manipulé par sa mère. Cette thèse est toujours appliquée majoritairement alors qu’elle n’est plus reconnue scientifiquement », expliquent-elles. Ce sera l’un des thèmes d’un des événements organisés par le collectif en ce début novembre.

Jeudi 6 novembre, à 19 h 45, salle Bonnaire, à Nantes, ciné-débat avec le film Ré-inventer l’enfance, en partenariat avec l’association Cinétik, 2 € ; mercredi 12 novembre, à 20 h 30, au cinéma Concorde, discussion et projection du film On vous croit, avec le Planning familial et l’association Solidarité Femmes ; samedi 15 novembre, à 14 h, place Bretagne, manifestation contre les violences faites aux enfants et aux adolescents.