Le constructeur automobile marocain Neo Motors prévoit de commercialiser dès 2026 sur le marché local sa première voiture électrique dénommée « Dial-E ». Le véhicule présenté en marge de la 3ème édition de la Journée nationale de l’Industrie, organisée les 3 et 4 novembre à Rabat, offre une autonomie de 150 km et peut atteindre une vitesse maximale d’environ 85 km/h. Il s’agit d’une nouvelle étape pour la compagnie qui avait dévoilé en mai 2023, le tout premier véhicule 100 % marocain après avoir obtenu trois mois plus tôt l’homologation définitive de l’Agence nationale de la Sécurité routière.

Cette démarche devrait lui permettre d’accélérer son développement industriel dans le Royaume qui veut aller au-delà de l’étape du simple assemblage pour devenir un hub pour l’industrie de l’automobile sur le continent, à l’image de l’Afrique du Sud. D’après des propos de Nassim Belkhayat, directeur général de la compagnie, relayés dans plusieurs médias, le « Dial-E » sera accessible au prix d’environ 100 000 dirhams (soit 9 340 euros) avec une garantie de trois ans rendant le véhicule « accessible à tous les Marocains ». Au-delà du marché intérieur, l’entreprise qui projette une production annuelle de 10 000 unités ambitionne également d’exporter son véhicule urbain à l’étranger dès l’année prochaine.

Se faire une place dans le paysage automobile européen

Dans le cadre de sa stratégie d’expansion à l’international, Neo Motors vise d’abord le Vieux Continent. Pour la compagnie, le marché européen est une destination privilégiée en raison de son potentiel. En effet, avec la volonté des autorités de la zone de décarboner le secteur des transports, la mobilité électrique y affiche un bon dynamisme depuis quelques années.

Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Europe était en 2023, le second marché d’importance au monde pour les véhicules électriques derrière la Chine. Durant ladite année, les ventes sur ce segment ont atteint 2,4 millions d’unités dans l’UE, soit 17% du total mondial (14 millions d’unités).

Sur le premier semestre 2025, les voitures 100 % électriques représentaient 15,6 % de part de marché dans la zone communautaire, en hausse par rapport au niveau enregistré au premier semestre 2024 (12,5%), d’après les statistiques de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Sur l’ensemble de l’année 2019, cette part n’était que de 3%.

Un tel contexte offre un terreau favorable pour l’entreprise marocaine, dont la citadine électrique a déjà reçu une autorisation réglementaire pour être commercialisée sur le sol européen.

« Nous sommes la première entreprise marocaine et africaine à obtenir une homologation européenne complète auprès d’IDIADA [entreprise d’ingénierie offrant des services de conception, de tests et d’homologation dans l’industrie automobile, NDLR] en Espagne », indique M. Belkhayat.

Concrètement, cela signifie que le véhicule respecte les normes techniques et de sécurité exigées par le bloc européen et qu’il peut y être exporté dans plus d’une dizaine de pays sans restriction. Si ce feu vert ouvre des opportunités commerciales, Neo Motors doit composer avec une concurrence forte sur le marché communautaire. L’entreprise qui côtoie déjà sur ses terres les acteurs comme Stellantis (Peugeot) et Renault sera ainsi exposée à une compétition plus frontale, notamment en France.

Elle sera aussi confrontée à BYD, leader chinois de la voiture électrique, qui depuis quelques mois fait la promotion de son système de recharge ultra-rapide en Europe. Dans un tel contexte, le rapport qualité-prix sera un des facteurs importants pouvant permettre au seul constructeur marocain de véhicules de se démarquer sur le marché européen.