«Si je ne porte pas plainte, qu’adviendra-t-il des autres Mexicaines ? Si c’est ce qui arrive à la Présidente, qu’adviendra-t-il de toutes les femmes de notre pays ?» Victime d’une agression sexuelle en pleine rue, la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a annoncé ce mercredi 5 novembre sa décision de porter plainte contre son agresseur, et surtout de remettre à plat la législation sur les violences sexuelles à l’échelle du pays.
Les faits se sont produits mardi à Mexico, la capitale, alors que la Présidente se rendait à un événement public près du palais présidentiel, serrant des mains et prenant des photos. En l’absence de tout agent de sécurité pour l’en empêcher, un homme s’est approché de la cheffe de l’Etat. Il a passé son bras autour de son épaule et, de l’autre main, l’a touchée à la hanche et à la poitrine, tout en tentant de l’embrasser dans le cou, avant qu’un membre du service de sécurité présidentiel n’intervienne finalement.
L’ancienne maire de Mexico, première femme à diriger le Mexique, est restée polie avec l’homme et a accepté de prendre une photo avec lui. «Cet homme m’a abordé en état d’ébriété avancé, je ne sais pas s’il était sous l’emprise de stupéfiants… Ce n’est qu’après avoir visionné les vidéos que j’ai compris ce qui s’était réellement passé», a-t-elle ensuite déclaré, ajoutant que son agresseur avait continué à s’en prendre à d’autres femmes dans les heures suivantes. La plainte a été déposée auprès du bureau du procureur général de Mexico, où le harcèlement sexuel est un délit.
Le gouvernement va désormais «examiner si ce comportement constitue une infraction pénale dans tous les États, car il devrait l’être, et nous allons lancer une campagne», a annoncé la présidente à l’occasion d’une conférence de presse, ce mercredi, reconnaissant avoir elle-même subi des agressions similaires dans sa jeunesse. Le Mexique est un État fédéral : les 32 États qui le composent ont leurs propres codes pénaux et tous ne punissent pas ce type de comportement.
De son côté, la ministre chargée des Femmes, Citlali Hernández, a publié un communiqué condamnant l’agression. «Nous condamnons l’acte dont notre présidente a été victime aujourd’hui», a-t-elle écrit sur le réseau social X, où elle a dénoncé la «vision machiste» et la banalisation, par certains hommes, des intrusions dans l’espace personnel et le corps des femmes.
Le harcèlement dont est victime Claudia Sheinbaum, dont le gouvernement défend les femmes contre la discrimination et la violence, met en lumière un problème latent au Mexique : selon ONU, 70 % des Mexicaines de plus de 15 ans ont subi une forme de violence au moins une fois dans leur vie. Si l’on additionne les féminicides et les homicides volontaires, on dénombre en moyenne 10 meurtres de filles et de femmes par jour dans le pays, toujours selon l’ONU.