Démissions et arrêts maladie en cascade, repas insuffisants, absence de téléphone fixe, terrasse dangereuse… Ce sont les parents des enfants accueillis dans les crèches situées rocade des Playes, à Six-Fours, qui ont donné l’alerte. Des plaintes, confirmées par des contrôles du service départemental de la Protection maternelle et infantile (PMI), qui ont conduit à la fermeture temporaire de Sucre d’orge et à la réduction de la capacité d’accueil de Frimousse et Petit matin, le 31 mars dernier.
La confiance de la Ville « entachée »
« Une trentaine de familles s’était retrouvée sans mode de garde pour leurs enfants », a rappelé le maire Jean-Sébastien Vialatte lors du conseil municipal de mercredi, réuni pour – entre autres – résilier la convention de délégation de service public (DSP) pour la gestion et l’exploitation des trois multi-accueils. Car si, depuis, « tous les parents ont été accompagnés par la municipalité et ont trouvé des solutions de remplacement », la confiance placée par la Ville envers le délégataire s’est vue « entachée par son incapacité avérée à assurer la gestion des trois établissements », a expliqué Guy Margueritte, adjoint au maire en charge de la petite enfance et de la jeunesse.
C’est en juin 2024 que le conseil municipal avait attribué la DSP à la société privée La Maison Bleue, pour une durée de huit ans (le contrat avait pris effet le 1er août). Un groupe qui se présente comme « spécialisé dans la création et la gestion de crèches depuis plus de quinze ans » et revendique « un réseau de 1.500 crèches et micro-crèches partout en France et à l’étranger ».
Multiples dysfonctionnements
Dès novembre et décembre 2024, la PMI avait été interpellée par des parents et grands-parents qui exprimaient leur mécontentement face à plusieurs dysfonctionnements au sein de l’établissement Petit matin. Sept nouvelles plaintes de parents et d’agents lui ont été transmises par la suite, concernant les trois structures, la conduisant à réaliser des visites de contrôle et à alerter la municipalité en février dernier.
« Les points suivants avaient été spécifiquement relevés, a détaillé Guy Margueritte: manque de communication relative à l’organisation du personnel auprès de la PMI, nombreux retards et dysfonctionnements dans la gestion quotidienne, retard dans la réalisation de travaux de mise en conformité des terrasses, taux d’encadrement insuffisant et non respect des normes légales. »
La Ville a alors sommé le délégataire de s’expliquer et les services de l’enfance de la commune ont travaillé avec ceux de la PMI afin de trouver des solutions pour l’accueil des enfants de la crèche Sucre d’orge. « Nous nous sommes rendus quotidiennement sur place et avons rencontré l’ensemble des familles », a complété Jean-Sébastien Vialatte. En début de conseil, le maire avait d’ailleurs invité les agents du service municipal de la petite enfance (une était absente) afin de leur rendre hommage. Ils ont été applaudis par l’assemblée.
Désormais, en attendant la désignation d’un nouveau délégataire, un marché public va être signé prochainement afin d’assurer la période transitoire allant du 1er juin 2025 au 31 juillet 2026. La procédure de DSP lancée en parallèle prévoit en effet qu’un nouveau contrat commence à compter du 1er août 2026.
Un délégataire pourtant choisi par un cabinet spécialisé
À l’issue de la présentation de la délibération par l’adjoint Guy Margueritte, les élus du groupe Rassemblement national ont rappelé: « De mémoire, vous aviez fait appel à un cabinet de conseil spécialisé », soulignant que la commune avait donc « payé » pour ce choix au final regrettable.
Ce qu’a confirmé le maire, tout en tempérant: « A aucun moment les enfants n’ont été en danger. Le fond du problème est que la Maison Bleue ne parvient pas à recruter suffisamment de personnels qualifiés, comme la plupart des crèches collectives. Et la PMI n’a fermé qu’une structure sur trois. »
« Pourquoi avoir payé un cabinet? », ont questionné les opposants? « Aujourd’hui, quelles que soient les décisions des municipalités, elles font toujours l’objet de suspicions, de recours, a expliqué Jean-Sébastien Vialatte. Nous avions fait ce choix pour assurer la sécurité juridique de la commune. Mais, je suis d’accord avec vous, on peut se poser des questions. » Le groupe RN a également demandé à quelle date la commune avait été informée des dysfonctionnements au sein des crèches. Guy Margueritte a répété que l’alerte avait été donnée en février par la PMI.
Mais opposants insistant, le maire a rapidement haussé le ton: « On vous l’a déjà dit! À partir de février le service de la petite enfance y est allé tous les jours! Dans cette affaire, que ça vous plaise ou non, la Ville a été particulièrement réactive et efficace et les familles sont satisfaites ! Arrêtez un peu votre cinéma! »