Par

Julia Gualtieri

Publié le

6 nov. 2025 à 6h46

Le lycée Samuel Paty de Montévrain (Seine-et-Marne) verra-t-il le jour en temps et en heure ? Au sein du conseil régional d’Ile-de-France, en charge de la réalisation de ce grand projet, le groupe d’opposition de Céline Malaisé (La gauche communiste, écologiste et citoyenne), en doute et alerte sur les conséquences d’un chantier mis sous pression. La majorité, présidée par Valérie Pécresse (Les Républicains), maintient mordicus son calendrier : elle a promis une ouverture à la rentrée 2027 et elle tiendra cette promesse, assure-t-elle.

Des informations contradictoires

« Avec des mois de retard, le chantier du nouveau lycée a enfin démarré, mais toujours pas une seule grue à l’horizon… », pointait l’opposition dans un message posté sur X le 21 octobre 2025.

Un retard à l’allumage ? Pas vraiment. En décembre 2024, lors d’une réunion publique, le début des travaux avait été annoncé pour octobre. Le travail de terrassement a commencé début octobre entre la rue de Londres et de la rue de Rome, mais effectivement, pas de grues encore en vue.

Malgré tout, d’après le groupe de gauche, il y a de quoi douter de la date de livraison annoncée. Notamment en regardant des informations totalement publiques et accessibles affichées… sur le site internet de l’architecte, AIA Life Designers et partagées dans un post, toujours sur le réseau social X. La date de livraison y est indiquée pour le « printemps 2028 » et « en 2028 ».

Dans un tweet, le cabinet d'architecte annonce une date de livraison pour 2028.
Dans un tweet, le cabinet d’architecte annonce une date de livraison pour 2028. ©X

« Cela ne suffit pas à prouver que le calendrier annoncé est mensonger, explique Céline Malaisé. Mais nous avons pu nous faire confirmer ces informations. On espère de tout cœur être détrompés, mais en l’état, c’est difficile d’y croire. »

On ne comprend pas cette obstination à affirmer des dates erronées à Villeparisis, à Gonesse ou encore ici…

Céline Malaisé, conseillère régionale

Avant modification, le site du cabinet indiquait une livraison au printemps 2028.
Avant modification, le site du cabinet indiquait une livraison au printemps 2028. ©DR

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Un chantier mis sous pression ?

En réalité, l’opposition tient son explication : il s’agirait d’un calcul électoraliste en vue des élections 2027 qui permettront de renouveler le conseil régional. « Elle veut absolument livrer avant la fin du mandat. C’est le cas à Montévrain, mais aussi à Villeparisis. Mais un chantier pressurisé pour des raisons politiques, c’est dangereux », croit l’élue de gauche.

Or, aller vite, c’est risquer de « s’exposer à de nombreuses malfaçons », poursuit Céline Malaisé. Pour un lycée qui a prévu de proposer une filière post-bac sur les métiers de la construction, ce serait un comble.

Vue aérienne du lycée Samuel Paty à Montévrain.
Vue aérienne d’architecte du lycée Samuel Paty à Montévrain. ©AIA Life DesignersUn décalage in extremis peu souhaitable

Autre crainte du groupe communiste, écologiste et citoyen : une pression exercée sur l’Éducation nationale : « L’Académie n’ouvrira pas en cours d’année. Le risque, c’est qu’on presse pour une ouverture à la rentrée 2027 et que finalement, le bâtiment ne soit pas achevé. Dans ce cas, il faudra redispatcher tous les élèves et tous les enseignants en urgence », tance encore Céline Malaisé en évoquant le cas du nouveau lycée de Vincennes dont l’ouverture a dû être décalée d’une semaine en dernière minute : des études menées avaient relevé une pollution des sols trop importante.

Les parents d’élèves, les jeunes et le personnel de l’Éducation nationale n’ont pas à subir cela.

Céline Malaisé

Une faute de frappe ?

Contactés, la région et le constructeur Île-de-France Constructions Durables persistent : « Le calendrier acté prévoit une livraison et une ouverture du lycée pour la rentrée scolaire 2027 ». D’où vient la mention de 2028 de l’architecte ? Une faute de frappe ? La majorité n’a pas directement répondu, mais depuis nos questions, le site d’AIA Lifestyle Designers indique désormais comme horizon de livraison le « printemps 2027 ».

Il faudra en tous les cas aller vite. Pour ouvrir comme promis, le chantier devra être terminé en moins de deux ans. On parle tout de même d’un lycée de 8 500 m2 avec 6 641 m2 d’extérieur, incluant à la fois un parvis, la cour de récréation, le préau et un parking réservé aux enseignants qui comptera entre 100 et 150 places.

Deux ans pour tout construire

Un délai « suffisant » selon James Cheron (UDI), vice-président chargé des lycées et de la réussite éducative. Il précise : « Le calendrier a été établi en collaboration étroite avec le groupement titulaire du marché global de performance (MGP). Cette procédure a été retenue afin de garantir la maîtrise des délais » mais aussi « la qualité et la pérennité des ouvrages » en associant le commanditaire et l’entreprise bien en amont du chantier.

Les marchés globaux visent en effet, d’après la législation, « à atteindre des objectifs chiffrés de performance en termes de niveau d’activité, de qualité de service, d’efficacité énergétique ou d’incidence écologique ».

Par ailleurs, souligne la Région Île-de-France « certains procédés utilisés dans le cadre d’une démarche vertueuse, notamment les FOB (façades à ossature bois) ou encore le réemploi des terres sur place, permet effectivement de réduire les délais de construction ». Elle assure que « toutes les phases du chantier garantissant la qualité de l’ouvrage et des finitions seront respectées ». Dont acte.

La gauche mettait huit ans à construire un lycée, nous en mettons quatre dont deux pour la construction.

James Cheron,vice-président en charge des lycées

Quant à l’accusation de volonté électoraliste, James Cheron balaie en déplorant une « vaine polémique » : « Nous sommes deux fois plus efficaces et cela se voit : depuis 2016 nous avons construit ou mis en chantier 95 % des 30 000 places que nous nous étions engagés à construire d’ici 2028, c’est un succès qui les dérange ». Des chiffres eux aussi contestés par la gauche communiste, écologiste et citoyenne.

Si l’on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut, il n’en va pas de même pour un chantier : soit il sera achevé pour septembre 2027… soit non.

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