Un arsenal de mesures

Ce tournant est lié à deux mouvements contraires. Tout d’abord, le nombre de fumeurs a largement diminué au cours des trois dernières décennies. En 1996, 28 % des plus de 16 ans fumaient. Le lancement du rapport « Fumer tue » en décembre 1998 par le gouvernement travailliste s’est révélé être « un moment clé : à partir de là, se sont multipliées les mesures pour réduire l’attrait et la disponibilité des cigarettes », nous indique Nicholas Hopkinson, professeur de médecine respiratoire à l’Imperial College, et président d’ASH.

Chronologiquement, il y eut la hausse des taxes sur les cigarettes en 1998 et en 2012 ; l’interdiction de publicité en faveur du tabac en 2003 ; l’interdiction de fumer dans des espaces publics clos et le passage de 16 à 18 ans de l’âge légal de vente des cigarettes en 2007 ; l’interdiction des distributeurs automatiques en 2011 ; l’interdiction d’exposer les cigarettes en magasin en 2012 ; l’obligation d’emballage des paquets de cigarettes neutres et l’interdiction de fumer en voiture avec un mineur en 2015.

Nouveau changement en vue pour les fumeurs: les cigarettes avec filtre pourraient disparaître

En parallèle, la consommation de cigarette électronique a fortement progressé. Le nombre de ses utilisateurs a progressé de 5,9 % de la population en 2023 à 6,7 % l’an dernier. Cette hausse est portée par deux catégories d’âge, les 25-34 ans et les 35-49 ans, alors que les autres ont légèrement diminué leur consommation. La moitié des vapoteurs sont des fumeurs ou d’anciens fumeurs. Ce report a en grande partie été provoqué par les autorités, qui ont promu l’usage du vapotage auprès des fumeurs pour « diminuer de manière substantielle les risques pour leur santé », indique le médecin.

Il ne fait guère de doute que cette tendance se poursuivra. À partir du 1er janvier 2026, il deviendra en effet « illégal de vendre des produits du tabac à toute personne née le 1er janvier 2009 ou après cette date », comme l’indiqueront bientôt tous les points de vente de cigarettes. Ces personnes ne pourront dès lors jamais acheter de tabac sur le sol britannique.

Le commerce illégal du tabac : excuse ou réalité ?La fin des jetables

Si la nature du risque des cigarettes électroniques pour la santé n’est pas clairement établie, le gouvernement se montre suffisamment inquiet pour avoir interdit, depuis le mois de juin, la vente des cigarettes électroniques jetables. Il cherchait ainsi à réduire les déchets, en raison des milliers de ces objets mis à la poubelle chaque jour, et à réduire le nombre de mineurs et de jeunes majeurs attirés par ce nouveau produit à la mode.

Mais il semble que sa mesure ne soit concrètement pas respectée. Les compagnies de cigarettes électroniques ont en effet lancé sur le marché des cigarettes réutilisables à un prix tellement faible qu’elles sont aujourd’hui jetées comme les précédentes par les utilisateurs, a indiqué l’entreprise Biffa, en charge de la collecte de 20 % des déchets britanniques. « L’innovation est devenue folle pour essayer de contourner l’interdiction, ce qui rend notre travail de recyclage beaucoup plus difficile », a fait savoir à la BBC Roger Wright, l’un de ses responsables. Avant l’interdiction, Biffa avait collecté en moyenne 200 000 cigarettes jetables dans les poubelles par mois. Depuis le mois de juin, l’organisme en a trouvé 3 % de plus.