France 2
Noémie Kohler et Anne-Laure Paris sur le plateau du « 20 Heures » de France 2, le 5 novembre 2025.
IRAN – Cécile Kohler et Jacques Paris vivent, depuis mardi 4 novembre, leurs premières heures de semi-liberté à l’ambassade de France à Téhéran. Le couple français sorti de prison attend désormais de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l’Iran semble vouloir lier au sort d’une de ses ressortissantes poursuivie par la justice française.
Depuis cette libération de prison, des membres des familles des deux ex-otages se sont exprimés dans les médias, racontant des conditions de détention terribles, pendant 1 277 jours.
« Mon père était à l’isolement, ils ne pouvaient pas se voir [avec Cécile Kohler]. En 24 heures, ils nous a parlé plus qu’en trois ans et demi », a ainsi confié sa fille Anne-Laure, au 20 Heures de France 2 mercredi 5 novembre.
Chacun des deux otages était enfermé dans une petite cellule de 9 m2 avec plusieurs autres détenus, où il n’y avait pas de lumière du jour. Juste une petite ampoule qui restait allumée en permanence. À l’intérieur, pas de lit, de table ni de chaise.
Dans ce contexte, « mon père a trouvé des ressources pour tenir », cherchant à s’épuiser pour trouver le sommeil. « Ce n’est pas par plaisir mais par nécessité qu’il faisait six heures de sport par jour pour se fatiguer et réussir à dormir. Il courait sur place, car il n’y avait pas la place de courir », raconte Anne-Laure Paris.
L’Odyssée d’Homère
Cécile Kohler avait trois livres pour tenir, dont L’Odyssée d’Homère. Elle l’apprenait « par cœur progressivement tous les jours », témoigne sa sœur Noémie face à Léa Salamé. « Elle était vraiment toujours dans une recherche de ressources pour pouvoir tenir. Elle n’a jamais eu de quoi écrire […]. Elle écrivait des poèmes dans sa tête », glisse-t-elle encore.
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En prison, le couple a eu le droit à 30 minutes de sortie seulement trois fois par semaine, note Le Parisien. Pour tout contact avec l’extérieur, ils n’ont eu droit qu’à de brèves visites consulaires, et de rares échanges surveillés lors de brefs appels téléphoniques de mauvaise qualité avec leur famille.
« Jacques Paris est sans doute celui sur lequel s’abat l’acharnement le plus dur. Il a 71 ans, dort sur des couvertures, n’a reçu que huit livres depuis le début de sa détention », avait déjà témoigné Noémie Kohler le 5 mars dernier devant la commission des Affaires étrangères du Sénat.
« De la torture »
« Ce qu’ils ont vécu est insoutenable […], c’était de la torture », a dénoncé sur franceinfo Me Martin Pradel, l’un de leurs avocats. « Quand vous mettez une personne à l’isolement, c’est difficile. Quand ça se prolonge, ça devient insoutenable. Comme […] ça a duré, avec des incertitudes et une insécurité telle, oui, ça s’assimile à la torture. »
Professeure de lettres de 41 ans et enseignant retraité de 72 ans, Cécile Kohler et Jacques Paris ont été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d’un voyage touristique en Iran. Considérés comme des « otages d’État » par la France qui, à l’instar d’autres pays occidentaux, accuse Téhéran de capturer des étrangers sur son sol pour négocier ensuite leur libération, ils étaient les deux derniers Français détenus sur le sol iranien.
Lourdement sanctionné par de nombreux membres de la communauté internationale, notamment pour ses activités nucléaires, l’Iran détiendrait selon des sources diplomatiques au moins une vingtaine d’Occidentaux qu’il pourrait utiliser comme levier pour obtenir la libération de certains de ses ressortissants à l’étranger ou obtenir des gages politiques.