Par
Rédaction Rennes
Publié le
25 avr. 2025 à 11h31
Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce jeudi 24 avril 2025 un jeune de Scrignac (Finistère) pour avoir participé à un « groupement » délinquant pour « taguer des vitrines » lors d’une manifestation en marge de la réforme des retraites en avril 2023 à Rennes (Ille-et-Vilaine), sa ville d’origine.
Les gendarmes mobiles intervenaient en cette fin d’après-midi le 14 avril 2023 pour une « opération de sécurisation » entre la place Sainte-Anne et la rue de Saint-Malo lorsqu’ils avaient repéré « une dizaine d’individus » en train de « taguer des vitrines » et de mettre « le feu à des poubelles ».
Bombes de peinture, talkie-walkie…
Ils avaient alors utilisé des « bombes lacrymogènes » pour « disperser » les manifestants et avaient procédé à des « charges » pour « dégager les vitrines », a relaté la présidente du tribunal correctionnel de Rennes à la lecture des pièces du dossier.
Grégoire X., âgé à l’époque de 23 ans, s’était à ce moment-là « détaché du groupe » et avait « renvoyé les bombes lacrymogènes » avec une « raquette de tennis ». Pierre X., l’un des gendarmes, s’estimant visé par ces jets de projectiles, avait donc interpellé le manifestant, qui portait un « masque FFP2 ».
Le jeune de Scrignac avait été « fouillé » : un « talkie-walkie », un « marqueur », « trois bombes de peinture », un « briquet chalumeau », des « autocollants de propagande » et des « cannettes de bières » avaient entre autres été retrouvés sur lui.
Couper du bois
Placé en garde-à-vue, il avait fait valoir son « droit au silence ». « Cette journée-là, je suis venu sur Rennes pour aider un ami à couper du bois », s’est-il en revanche expliqué ce jeudi 24 avril 2025 lors de l’audience publique au tribunal correctionnel de Rennes.
S’il avait un « marqueur » sur lui, c’était pour « marquer le bois avant la coupe » car « c’est une peinture jaune très spéciale ».
Il aurait ensuite tenté de rejoindre des « amis » qui l’hébergeaient dans le quartier de Villejean, toujours à Rennes. Mais ceux-ci n’étaient « pas chez eux » et Grégoire X. s’était alors dit qu’ils « devaient être » à cette manifestation.
Il serait « tombé sur les gendarmes »
Place Sainte-Anne, il était arrivé dans une « ambiance calme malgré le monde » jusqu’aux « sommations » des forces de l’ordre, qui auraient « poussé les gens vers la rue de Saint-Malo ». Il aurait alors « essayé de partir derrière l’église » au milieu de « gaz » et serait « tombé » sur les gendarmes.
Le manifestant aurait alors « trouvé la raquette par terre » et n’aurait « pas visé » les militaires. « J’ai juste essayé de sortir de cette place » a-t-il affirmé. Quant au masque FFP2, il lui aurait été « donné pour éviter des maux de ventres ». Le talkie-walkie lui aurait enfin été utile dans sa mission de « marquage de bois » pour communiquer. Et le « briquet chalumeau » lui aurait servi à « allumer des cigarettes en forêt ».
Des « coïncidences étranges »
Grégoire X. – qui n’a apporté « aucune attestation » pour appuyer son récit – avait pourtant bien eu un « rôle actif » selon les gendarmes, a rappelé la présidente du tribunal.
Sur un plan pénal, il avait déjà été condamné à deux reprises, pour « usage de stupéfiants » en 2019 et pour des « tags » en 2021. « Ses explications ne sont pas très claires » a résumé, « perplexe », la procureure de la République. Celle-ci a fait état de « coïncidences étranges », comme l’utilisation de la « raquette de tennis », un « élément d’identification pas anodin ».
Elle a donc estimé que les violences étaient caractérisées et requis six mois de prison avec sursis simple et une interdiction de participer à une manifestation pendant un an.
Interdit de manifester durant un an
Me Nicolas Prigent, l’avocat du prévenu, avait pour sa part critiqué les lacunes de l’enquête. « Où sont tombées les bombes lacrymogènes ? À combien de mètres du gendarme ? », s’est-il par exemple demandé. Selon lui, la déclaration de la seule partie civile est « insuffisante » pour condamner son client.
Le tribunal a finalement relaxé le manifestant des violences, mais l’a en revanche condamné à un stage de citoyenneté pour avoir participé à un « groupement » pour dégrader du matériel.
Il aura interdiction de participer à une manifestation sur Rennes pendant un an. Le gendarme, qui avait réclamé 1 000 euros en indemnisation de son « préjudice moral » pour les « violences », ne touchera rien du fait de la relaxe.
ED – PressPepper
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.