Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé mercredi que ses services allaient préparer des plans pour de possibles essais d’armes nucléaires, en réaction à l’annonce du président américain Donald Trump la semaine dernière.
Poutine est ainsi apparu à la télévision pour annoncer que Moscou envisage de reprendre les essais, une première depuis la chute de l’Union soviétique en 1991, qui avait marqué la fin de la guerre froide.
La semaine dernière, Trump a annoncé la reprise du programme d’essais américain, signalant une escalade des tensions géopolitiques depuis le début de la guerre Russie–Ukraine.
« J’ordonne au ministère des Affaires étrangères, au ministère de la Défense, aux services spéciaux et aux agences civiles concernées de tout mettre en œuvre pour réunir des informations supplémentaires, les analyser au Conseil de sécurité et formuler des propositions concertées pour préparer d’éventuels essais nucléaires », a déclaré Poutine.
Les relations entre Washington et Moscou se sont nettement détériorées ces dernières semaines, après l’échec des pourparlers prévus à Budapest entre Américains et Russes pour tenter un accord de paix en Ukraine.
Trump, qui s’est montré frustré envers Poutine, a imposé des sanctions à Moscou pour la première fois de son second mandat, avant d’annoncer la reprise d’essais nucléaires aux États-Unis, une première depuis 33 ans.
Lors d’un Conseil de sécurité russe, le président de la Douma Vyacheslav Volodin a demandé comment Moscou allait réagir, ce qui a poussé Poutine à prendre la parole en direct.

Le général américain HP Storke et d’autres militaires, qui ont émergé de leurs abris pour observer l’explosion atomique sur le site d’essais du Nevada Proving Grounds, près de Camp Desert Rock, Nevada, le 15 mai 1952. (United States Army/FPG/Archive Photos/Getty Images)
« Nécessité de se préparer »
Le ministre russe de la Défense, Andrei Belousov, a affirmé à Poutine que l’annonce américaine rendait « nécessaire de se préparer à des essais nucléaires à grande échelle » sans attendre.
Selon M. Belousov, le site arctique de Novaïa Zemlya pourrait accueillir ces tests dans un délai très court.
Le premier vice-ministre de la Défense, le général Valeri Guerassimov, a averti Poutine : « Si nous ne prenons pas de mesures appropriées maintenant, le temps et la possibilité de répondre à temps aux actes des États-Unis seront perdus, car le délai de préparation d’essais, selon leur nature, varie de plusieurs mois à plusieurs années. »
Aucun pays n’a effectué d’essais nucléaires explosifs ce siècle, à l’exception de la Corée du Nord – la dernière fois en 2017.
Des analystes de la sécurité préviennent qu’une reprise des essais par l’une des puissances nucléaires mondiales serait déstabilisante et pourrait entraîner un effet domino parmi les autres.
« Cycle action‑réaction »Andrey Baklitskiy, expert principal à l’Institut de recherche sur le désarmement des Nations unies, a déclaré sur X : « C’est le cycle action–réaction dans toute sa splendeur. On n’en a pas besoin, mais on risque d’y venir malgré tout. »La Russie et les États-Unis sont, de loin, les principales puissances nucléaire en nombre de têtes armées, selon la Federation of American Scientists.
Suivent, dans l’ordre, la Chine, la France, le Royaume‑Uni, l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord. Selon ce rapport, « à eux deux, les États-Unis et la Russie détiennent environ 87 % des stocks mondiaux d’armes nucléaires et 83 % des engins stockés utilisables par leurs armées. »
Aucune date butoir n’a été fixée pour la rédaction des propositions, a précisé le porte‑parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
« Je tiens à souligner que le président n’a pas ordonné de lancer la préparation d’essais. Il a demandé d’évaluer la nécessité d’engager de tels préparatifs », a déclaré M. Peskov, repris par l’agence russe TASS.« Explosions non critiques »
Trump n’a pas précisé si les essais qu’il a ordonnés impliqueront des explosions nucléaires ou simplement la vérification des capacités de vol des missiles. Mais le secrétaire américain à l’Énergie, Chris Wright, a indiqué dimanche que ces plans n’incluront pas d’explosions.
« Ce dont il s’agit aujourd’hui, ce sont des tests de systèmes », a-t-il expliqué sur Fox News. « Ce ne sont pas des explosions nucléaires, ce sont ce que nous appelons des explosions non critiques. »
Sur Truth Social, Trump a assuré la semaine dernière que la reprise des essais est indispensable pour suivre l’évolution des capacités russe et chinoise, expliquant qu’il « déteste avoir à le faire » mais qu’il « n’a pas le choix ».
En octobre, la Russie a testé une super‑torpille nucléaire Poseidon et son nouveau missile de croisière Burevestnik, conçu pour porter une charge nucléaire.
Pendant des décennies, les grandes puissances ont procédé, tout au long de la guerre froide, à des explosions nucléaires régulières, avec des conséquences environnementales graves que dénoncent aujourd’hui les opposants à la reprise des essais explosifs.
Les essais des vecteurs d’armes nucléaires n’impliquent pas d’explosion nucléaire.
Début novembre, lors d’une intervention en Malaisie, le secrétaire américain à la Guerre, Pete Hegseth, a déclaré que les essais nucléaires constituent la meilleure garantie pour maintenir « l’arsenal le plus puissant et le plus performant, afin de préserver la paix par la force ».
Avec Reuters et l’Associated Press